Alors que l’accroissement de la population ralentit en Europe, de nombreux pays sont confrontés à des pénuries de main-d’œuvre.
Bien que l’on rende difficile dans beaucoup d’endroits l’accès au marché du travail national, les pays qui accueillent les réfugié·e·s provenant de zones touchées par des conflits – reconnaissant ainsi leur droit à se mettre à l’abri du danger mais aussi à bénéficier d’opportunités – se rendent compte que beaucoup de ces individus ont des compétences précieuses et apportent beaucoup à leurs nouveaux foyers.
La Pologne et l’Allemagne en sont deux exemples.
La Pologne a accueilli plus d’un million de réfugié·e·s venant d’Ukraine depuis l’invasion complète de celle-ci par la Russie en février 2022. Cette politique est guidée par le ferme soutien apporté à la Pologne à sa voisine, et qui s’exprime également par des attitudes positives du grand public envers les Ukrainien·ne·s.
Alors que le taux de chômage est historiquement bas, les réfugié·e·s occupent nombre des postes encore vacants. Un·e grand·e économiste polonais décrit la situation comme « un gros choc positif de la demande » de travail : cela aide l’économie nationale à conserver l’une des croissances les plus rapides de l’Union européenne.
Ludmila Vashkevych est arrivée à Wroclaw depuis Kiev avec sa mère et sa petite fille, peu après le début de la guerre. Son mari est resté au pays.
Ludmila travaille désormais à plein temps au sein d’une ONG locale qui aide les réfugié·e·s ukranien·ne·s en Pologne. « Nous organisons et préparons des paniers alimentaires », explique-t-elle. « Plus la famille est grande, plus le panier est gros ».
Pendant qu’elle travaille et apprend le polonais, Ludmila fait des projets à long terme pour sa famille en Pologne, et se renseigne sur les cours permettant de devenir ostéopathe ou kinésithérapeute.
Nadiia Kuzinksa s’est échappée de Kharkiv (Ukraine) avec ses deux jeunes fils, un mois après l’invasion russe, laissant derrière elle les membres de sa famille – et tout comme Ludmila, son mari.
Dans les deux mois suivant son arrivée à Wroclaw, l’une de ses connaissances lui a proposé un emploi chez un fleuriste local, où elle réalise des compositions florales.
La vie de Nadiia à Kharkiv lui manque terriblement, surtout son mari et sa famille. Elle trouve toutefois beaucoup de satisfaction dans son travail, qui lui permet de subvenir aux besoins de ses enfants.
« Voir les gens sourire lorsqu’ils voient les bouquets que j’ai créés me rend très heureuse et me donne de la force », dit-elle.
L’Allemagne, qui est le pays d’Europe accueillant le plus grand nombre de réfugié·e·s, fait face à des difficultés similaires en matière d’emploi et de travail, et a elle aussi enregistré de vrais avantages économiques apportés par sa population réfugiée et demandeuse d’asile.
Souaad Alsamra, originaire de Latakia (Syrie), a surmonté d’extraordinaires obstacles pour arriver jusqu’en Allemagne en 2015. Depuis, elle a obtenu son titre de séjour, appris l’allemand et entamé un stage pour réaliser son rêve de devenir infirmière.
« Ma mère était agente de santé en Syrie pendant la guerre, mais elle n’avait pas de formation et était bénévole », explique-t-elle. « C’est de là que vient ma passion d’apprendre les mêmes compétences et de faire le même travail, ici, en Allemagne. »
Avec son mari, arrivé récemment sur le territoire, et leur fille encore toute jeune, Souaad continue à faire de son mieux pour s’intégrer, ce qui profite tout à la fois à sa famille et à son pays d’adoption.
Après avoir déjà vécu trois ans à Berlin, Salma Al Armachi, une cheffe originaire de Damas (Syrie), a ouvert son propre service de traiteur avec son fils Fadi.
Son entreprise apporte les saveurs syriennes à ses nouveaux voisins et voisines d’Allemagne. Salma adapte également sa cuisine à leurs besoins. « Nous trouvons des façons de rendre des plats traditionnels végétariens ou végans, car c’est aujourd’hui une façon très appréciée et très saine de cuisiner », dit-elle.
Alors que dans un grand nombre de pays, le déclin de la population fait émerger des inquiétudes au sujet de la réduction de la main-d’œuvre, ils ont l’opportunité de reconnaître le potentiel encore inutilisé des réfugié·e·s – et particulièrement des femmes.
Éliminer les obstacles souvent conséquents qui limitent leurs possibilités d’emploi, notamment grâce à des politiques favorables aux familles, qui facilitent la participation des femmes au marché du travail, peut permettre aux sociétés de s’épanouir malgré les changements démographiques.
Nous utilisons des cookies et d'autres identifiants pour améliorer votre expérience en ligne. En utilisant notre site web vous acceptez cette pratique, consultez notre politique en matière de cookies.