Environ
140 Millions
de femmes dans le monde sont "disparues" en raison de la préférence pour les garçons
On estime que plus de
460 000
filles disparaissent chaque année en Inde
Les informations sur les données sont basées sur des enquêtes réalisées auprès des ménages basées sur la population représentative aux niveaux national et/ou infranational.
“Je savais bien que j’attendais plusieurs enfants, car mon ventre était énorme. Ce que j’ignorais, c’est que ce seraient toutes des filles. ” témoigne Jasbeer Kaur, en souriant à ses triplées de 23 ans, Mandeep, Sandeep et Pardeep.
“Souvent, les gens de mon village me plaignent et disent que j’aurais dû avoir au moins un fils, plutôt que trois filles. Moi, je leur réponds Épargnez-moi vos sottises !” explique-t-elle
Les trois sœurs rient en écoutant leur mère raconter cette histoire. Elles ont tout à fait conscience que leur existence même est considérée comme une anomalie à bien des égards, une chose pour laquelle Jasbeer a dû se battre
“Lors de l’échographie”, se souvient Jasbeer, “le médecin m’a proposé de me faire avorter, car selon elle, élever trois filles serait difficile pour moi. Sur le moment, j’ai eu peur, mais Dieu m’a donné la force de refuser, et j’ai dit non”, se remémore-t-elle. “Lorsque j’ai appris la nouvelle à ma mère, elle m’a répondu que si elle avait réussi à élever des filles, j’en serais capable moi aussi.”
Je suis une femme et je suis fière d’avoir élevé ces filles. …Lorsque les personnes regardent mes filles, et quand ils voient qu’elles n’ont peur de rien, ils disent qu’elles sont le portrait craché de leur mère’!
Son mari et sa belle-famille, en revanche, n’ont pas été aussi compréhensifs. « Pour eux, il était inacceptable que je donne naissance à trois filles en même temps. Ils m’ont donné un ultimatum : avorter ou partir », raconte-t-elle.
Elle a choisi de partir, et d’élever ses filles toute seule.
En Inde, la préférence pour les enfants de sexe masculin reste profondément ancrée dans les mœurs. « Ici, les gens pensent encore qu’il faut absolument avoir un fils pour pouvoir transmettre son nom de famille. », explique Rajveer Kaur, une voisine de Jasbeer dans son village au Rajasthan.
La préférence pour les garçons est répandue dans de nombreuses sociétés à travers le monde. Il s’agit d’une forme de discrimination systématique à l’égard des filles. Elle est ancrée dans les normes sociales et de genre qui confèrent aux filles et aux femmes un statut inférieur à celui des garçons et des hommes.
La préférence pour les garçons peut se manifester sous la forme d’une sélection prénatale du sexe sa manifestation la plus extrême, qui fait pencher le ratio des sexes d’une population en faveur des garçons. Lorsque la fécondité est en baisse dans un contexte d’inégalité entre les sexes, il peut arriver que les familles veuillent choisir le sexe de leur progéniture. La disponibilité croissante des technologies de santé reproductive peut exacerber l’occurrence des cas de sélection prénatale du sexe. Il est difficile d’en mesurer la prévalence, mais si le nombre de garçons qui naissent est supérieur à 102-106 pour 100 filles, il est probable que cela soit la résultante d’une sélection prénatale du sexe.
La préférence pour les garçons peut également se manifester par une certaine discrimination après la naissance, lorsque les fournisseurs de soins négligent les besoins des filles pendant les premières années de leur vie. Il en résulte un taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans plus élevé chez les filles que chez les garçons, ainsi que des problèmes de malnutrition, de santé et d’éducation, de même qu’une vulnérabilité générale accrue.
Depuis les années 1990, certaines régions du monde ont vu naître jusqu’à 25 % de garçons de plus que de filles. Ces déséquilibres entre les sexes ont un impact démographique néfaste et entraînent des conséquences individuelles sur la vie des filles et des femmes. La sélection prénatale du sexe entraîne une augmentation des violences conjugales, de la coercition en matière de procréation, du trafic des femmes et de la masculinisation de la société.
Certains pays ont cherché à endiguer cette pratique en limitant l’utilisation des technologies modernes de sélection prénatale du sexe, comme l’a fait l’Inde en 1994. Toutefois, les interdictions ont souvent pour effet de favoriser les pratiques clandestines et de restreindre les droits sexuels et reproductifs au sens large.
Environ
de femmes dans le monde sont "disparues" en raison de la préférence pour les garçons
On estime que plus de
filles disparaissent chaque année en Inde
Les approches efficaces s’attaquent à la cause profonde du phénomène de préférence pour les garçons et de sélection prénatale du sexe : l’inégalité entre les sexes. Les stratégies clés sont les suivantes :
Je pense que mes filles m’ont donné de la force. Je suis convaincue que nos filles peuvent également faire notre force.
Le Programme mondial soutient les interventions menées au niveau mondial, régional et national afin de renforcer la sensibilisation et les connaissances générales en matière de préférence pour les garçons et de sélection prénatale du sexe ; il renforce la capacité des pays à faire évoluer les normes sociales et de genre qui discriminent les femmes et les filles et, en fin de compte, à atteindre les objectifs de transformation de l’UNFPA, à savoir mettre un terme aux violences basées sur le genre et à toutes les pratiques néfastes.
En Inde, avec le soutien du ministère norvégien des Affaires étrangères, l’UNFPA collabore avec le gouvernement, la société civile et d’autres acteurs pour lutter contre le phénomène de préférence pour les garçons, en travaillant avec le système judiciaire, le secteur de la santé, les forces de l’ordre, les médias, les chercheurs et les organisations religieuses.
Les parents jouent également un rôle capital dans la façon dont les filles sont valorisées et traitées. Élever ses enfants seule n’a pas été aisé, mais Jasbeer a subvenu aux besoins de ses filles, s’est assurée qu’elles soient instruites et les a élevées de manière à leur faire connaître leur propre valeur.
“Personne ne demande l’avis des filles,” explique Sandeep “Mais notre mère nous consulte en priorité et nous demande notre avis. Cela fait vraiment du bien.”
Pour les femmes de sa communauté, Jasbeer est une source d’inspiration. “Et si Jasbeer a pu élever trois filles toute seule,” a déclaré Rajveer, elle-même mère de deux filles, “pourquoi ne serions-nous pas capables d’élever des filles alors que nous avons le soutien de notre famille ?”