Lutter contre deux pandémies

Le refuge La Esperanza a vu sa demande d’accueil augmenter pendant la pandémie de COVID-19. Au Nicaragua, comme ailleurs, les impacts de la crise (interruptions de services, pressions économiques, distanciation/exclusion sociale) ont exacerbé les inégalités, les vulnérabilités et les risques préexistants, et ont entraîné une recrudescence des actes de violence basée sur le genre.

“Nous devons reconnaître que la violence est aussi une pandémie”, déclare Lídice Chávez de la Voces Caribeñas, une organisation de femmes qui se mobilise pour lutter contre l’inégalité entre les genres et le racisme.

Ces deux pandémies ont un impact disproportionné sur les populations les plus vulnérables du Nicaragua, notamment les femmes et les filles des communautés autochtones et d’ascendance africaine, en particulier celles issues des zones rurales et reculées, ainsi que les personnes LGBTQI.

Les partenariats avec les organisations de la société civile au niveau local sont essentiels pour lutter contre les actes de violence basée sur le genre de manière à proposer des services qui sont adaptés auxdites communautés et à veiller à la protection de leurs droits humains. Au Nicaragua, en plus de Voces Caribeñas et de l’Association des femmes Nidia White, l’UNFPA travaille en étroite collaboration avec le Trans Network of Nicaragua et le Réseau des femmes d’ascendance africaine d’Amérique latine, des Caraïbes et de la diaspora.

Ces organisations de la société civile mettent en œuvre des programmes soutenus par l’UNFPA, lesquels intègrent l’hébergement et la prise en charge des survivantes, à La Esperanza et dans d’autres refuges ; veillent à ce que les enfants et les adolescents survivantes poursuivent leur scolarité ; fournissent des soins de santé mentale ; facilitent l’accès à la justice en offrant un soutien juridique ; et partagent des informations relatives à la COVID-19 et à la violence basée sur le genre.

© UNFPA Nicaragua

7,5%

des filles et des femmes âgées de 15 à 49 ans au Nicaragua ont subi des violences physiques et/ou sexuelles entre partenaires intimes en 2012

Le Nicaragua se classe au 128e rang de l’indice d’inégalité de genres,

instrument de mesure de l’inégalité entre les femmes et les hommes dans trois domaines : la santé reproductive, l’autonomisation et la participation au marché du travail

Soins personnels, intégrité physique et espoir

Le refuge La Esperanza met l’accent sur le rétablissement, en offrant un abri où les survivantes peuvent se sentir en sécurité et accompagnées.

“Les gens qui ont perdu tout espoir viennent ici,” commente Rin Leondra Mayorga, membre de l’Association Nidia White “Il est important qu’elles sachent qu’il existe des gens qui se soucient d’elles et les soutiennent, afin qu’elles ne se sentent pas seules.”

L’approche du refuge met l’accent sur l’auto-prise en charge, la sécurité personnelle et la reconstruction de l’estime de soi et du sens de l’intégrité physique des survivantes. Grâce à des ateliers et à des échanges, les survivantes apprennent à connaître leurs droits fondamentaux et à les faire valoir, notamment en signalant les abus. Le refuge propose également des activités artistiques et de fabrication de bijoux, et dispose d’une école pour permettre aux enfants et aux adolescents de poursuivre leurs études pendant leur rétablissement.

Certes toutes les occupantes de La Esperanza sont des victimes de violences sexuelles, physiques ou psychologiques, mais leurs expériences personnelles varient énormément d’une personne à l’autre. Le traitement qu’elles reçoivent pour les aider à se rétablir sur les plans physique et psychologique est donc adapté à leurs besoins.

Shira explique que les efforts déployés par le refuge pour aider les survivantes à regagner leur estime de soi - et à renforcer leur capacité à se défendre - constituent une sorte de prévention. Elle souhaite que toutes les survivantes sachent que, en dépit des abus dont elles ont été victimes, « leur humanité n’en est pas moins affectée, et leur corps reste intact. Alors ce corps intact ne peut se permettre d’être à nouveau maltraité ».

La personne qui franchit le seuil de notre refuge doit en sortir. avec l’espoir qu’elle peut se reconstruire
— SHIRA MIGUEL

Aissa Doumara Ngatansou

Doter les survivantes d’outils visant à assurer leur propre autonomisation.

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