06 Août 2024

Angoissée et apeurée, une mère de famille appelle une assistance téléphonique gérée par un centre pour femmes à Port-au-Prince, à Haïti. « Je ne peux pas dormir la nuit », explique-t-elle à Eleyina, travailleuse sociale prenant son appel. « Je dois veiller sur ma fille pour qu’elle ne soit pas violée. »

À Haïti, la situation est désespérée. La violence des gangs a contraint plus d’un demi-million de personnes à fuir leur foyer à travers le pays. Les coups de feu retentissent jour et nuit dans la capitale, et la violence sexuelle est commise en toute impunité.

L’anarchie et la violence freinent une intervention humanitaire efficace

Dans cette série de portraits intimes, des femmes et des filles partagent l’expérience qu’elles font de la sombre réalité de la vie actuelle à Port-au-Prince, alors que l’UNFPA et ses partenaires travaillent sans relâche pour prévenir et soulager la souffrance.

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Esther, dont le prénom a été modifié pour garantir sa protection, a été violée alors qu’elle était enceinte de quatre mois et qu’elle dormait dans un parc public avec ses six enfants, après avoir été contrainte de quitter sa maison. Elle a reçu une aide psychologique auprès d’un centre de santé de l’UNFPA, mais sa situation reste désespérée. 

Découvrez son témoignage dans cette vidéo.

Bien qu’impuissants pour prévenir la violence des gangs, l’UNFPA et ses partenaires peuvent aider à renforcer la sécurité des personnes telles qu’Esther. L’UNFPA a par exemple fait installer des éclairages dans les camps pour personnes déplacées, tandis que son partenaire local FOSREF fait partie d’une initiative de sécurité qui déploie du personnel pour patrouiller dans les camps pendant la nuit.

Une survivante d’un viol en réunion dormant dehors dans un camp avec ses 5 enfants reste vulnérable.
Miranda Lindor est référente égalité santé et genre pour la FOSREF.
En tant que sage-femme, Miriam Gibbs a constaté une hausse significative des cas de viol.

Au-dessus, au centre, les affiches portent l’inscription : « San vyolans lavi pi bé », « La vie est plus belle sans violence. »

« Depuis la flambée de l’insécurité dans le pays, nous prenons en charge de nombreux cas de viol. »
– Miriam Gibbs, sage-femme, hôpital Eliazar Germain
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Davidson Polyte, coordinateur communautaire, partage des informations au lycée Marie Jeanne, qui a été transformé en camp pour personnes déplacées. Il travaille avec Médecins du Monde Suisse, partenaire de l’UNFPA.

On estime à seulement 25 % le taux de survivantes de viol en mesure d’accéder à une aide médicale dans les 72 heures suivant leur agression, un délai crucial pour bénéficier de la prophylaxie post-exposition, un traitement court de médicaments antiviraux pris au plus tôt après une potentielle exposition.

Avec le soutien de l’UNFPA, des cliniques mobiles ont été déployées dans des sites de déplacement afin d’améliorer l’accès aux services de santé reproductive et de protection et de veiller à ce que les survivantes sachent comment bénéficier d’une aide globale.

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L’UNFPA équipe les établissements de santé et les hôpitaux de fournitures essentielles, comprenant des kits pour la gestion clinique des viols, ainsi que des kits de santé maternelle vitaux contenant des fournitures pour les urgences obstétricales.

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Avec le soutien de sages-femmes formées, Edna accouche à l’hôpital Petite Place Cazau, à Port-au-Prince.

Même avant l’escalade actuelle de violence, accoucher était risqué : Haïti présente le taux de mortalité maternelle le plus élevé de l’hémisphère ouest, avec 950 femmes mourant de complications pendant la grossesse, l’accouchement ou le post-partum chaque année.

Désormais, alors que la violence limite l’accès aux soins de santé maternelle et que les fournitures et le personnel manquent cruellement, les accouchements sont d’autant plus dangereux pour les quelque 84 000 femmes enceintes à travers le pays.

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Les futures mères craignent pour l’avenir de leurs enfants avant même de les mettre au monde. Pour Lovely, 26 ans et photographiée ici, le travail vient de démarrer. Elle est soutenue par les sages-femmes de l’hôpital Eliazar Germain, à Port-au-Prince.

« Même si je souffre énormément, je suis heureuse, car c’est mon premier enfant et j’étais vraiment impatiente à l’idée d’avoir un bébé », témoigne-t-elle. « Mais lorsqu’il y a des coups de feu, j’ai vraiment peur. »

 

À l’hôpital Eliazar Germain, les femmes déplacées ont accès à des services gratuits.
Dr Francito Datus, directeur de l’hôpital, souhaite des services gratuits pour toutes les femmes.
Jolanda, jeune maman de 21 ans, a accouché pendant la crise.
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Jolanda a donné naissance à son enfant, photographié ici, après une césarienne d’urgence.

« Après avoir accouché, j’étais vraiment heureuse. Je ne me sentais pas très bien à cause de la césarienne, mais je suis ravie d’avoir mon premier enfant », déclare-t-elle. « Avec la situation dans le pays, j’ai surtout peur des enlèvements et des gangs armés. Mon vœu le plus cher pour mon bébé est de quitter le pays avec lui, car je ne veux pas qu’il grandisse ici. »

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L’éducation a brusquement pris fin pour de nombreux jeunes grandissant à Haïti.

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Monica, 14 ans, et son amie Bianca, 12 ans.
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Monica et Bianca aimeraient rentrer chez elle. « Des membres de gangs ont attaqué notre maison, et nous avons dû fuir », explique Monica, qui vit désormais dans un camp. « Nous n’avons rien pu sauver. Je ne suis pas allée à l’école depuis huit mois. Un jour, des gangs ont tenté d’attaquer le camp, et nous avons eu très peur. Je pleure parfois, car je ne veux pas vivre dans ces conditions. »

Bianca raconte comment des gangs ont brûlé la maison de sa famille après s’être emparés de ce qui les intéressait chez elle. Elle vit dans le même camp que sa copine Monica. « Je ne me sens pas en sécurité ici parce qu’on entend tout le temps des coups de feu. Des gens sont parfois tués devant la clôture du camp », déclare-t-elle.

« Je suis censée être en CM2, mais je ne vais plus à l’école parce que mon établissement est dans le même quartier que là où je vivais. »

Aujourd’hui, les deux filles ont bénéficié des services d’une clinique mobile. « J’aimerais devenir infirmière et aider les enfants », explique Bianca. « Je souhaiterais qu’il n’y ait plus de gangs. Pour essayer d’oublier la situation, je joue avec mes amies dans le camp. »

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Monica et Bianca passent le temps en jouant aux cartes avec leurs amies.
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Alors que la nuit tombe à Port-au-Prince, les combats s’intensifient et la peur grandit. Les patrouilles de l’UNFPA s’établissent dans les camps, tandis que les notifications de messages retentissent sur le numéro de l’assistance et que les sages-femmes mettent des enfants au monde sur fond de violence.

La vie continue, tout en étant suspendue.

 

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Haïti a besoin de solutions pérennes pour mettre un terme à la violence persistante, et les femmes et les filles ont besoin de paix et de sécurité pour réduire les risques qui pèsent chaque jour sur leur vie.

Les autres missions de l’UNFPA sur le terrain

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Des cliniques mobiles ont été déployées sur huit sites de déplacement afin d’assurer des services de santé reproductive, de prévenir la violence et d’y faire face. Elles sont d’une aide d’autant plus vitale que moins de la moitié des établissements de santé fonctionnent actuellement de façon normale. Lorsqu’elles arrivent dans chaque camp, les équipes de soins de santé sont submergées de demandes.

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Une future maman bénéficie d’un examen prénatal.
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Lucienne, 79 ans, pendant qu’on lui prend sa tension. « Il est vrai que vous et moi allons mourir un jour, mais je prie pour Haïti afin que nos enfants puissent avoir une belle vie », déclare-t-elle.
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FADHRIS, partenaire de l’UNFPA, gère les cliniques mobiles.
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La demande de services de santé est plus forte que l’offre, privant de nombreuses personnes souffrantes de soins essentiels.
Ismène et ses collègues de l’assistance offrent une oreille attentive, de l’aide et une orientation.
L’équipe travaille sans relâche dans chaque clinique.
Mariline bénéficie d’une prise en charge prénatale dans une clinique mobile.
Compte tenu de l’étendue du traumatisme, les services d’aide psychosociale sont essentiels.
« Je ne veux voir aucun enlèvement, aucun homme battre sa femme, aucune victime de violence, aucune violence psychologique. En attendant, nous continuerons de faire ce que nous faisons : nous continuerons de nous battre, de travailler. »
– Ismène Elisma Garçonnet, travailleuse sociale de l’assistance téléphonique au centre pour femmes Kay Fanm

Pour en savoir plus : https://www.unfpa.org/haiti

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