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Naissance en toute sécurité au milieu de la pire crise humanitaire du monde
- 21 Février 2019
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JARDAN, Yémen – Plus d’un million de femmes enceintes et de jeunes mères ont besoin d’une aide d’urgence au Yémen, qui souffre actuellement de la plus grave crise humanitaire au monde. Mohsina était l’une de ces femmes lorsque son accouchement s’est déclenché, au terme d’une grossesse compliquée et douloureuse. Heureusement, l’histoire s’est bien terminée pour elle, même si elle lui a réservé une surprise.
Âgée de 36 ans, Mohsina était déjà mère de six enfants. Elle attendait son septième pour le mois d’octobre 2018, juste après le déménagement de toute la famille dans le gouvernorat de Chabwa.
« Pendant ma grossesse, je me suis sentie très lourde et j’ai beaucoup souffert », se souvient Mohsina.
Malgré ses symptômes alarmants, elle n’a pas vu de médecin. En effet, durant presque quatre ans de conflit, l’économie du Yémen s’est effondrée. Plus de 80 % de la population vit maintenant sous le seuil de pauvreté.
« Nous ne pouvions pas nous permettre d’aller dans une structure de santé », explique Mohsina.
« Si j’avais dû payer pour l’emmener à l’hôpital, cela m’aurait empêché d’acheter de la nourriture pour mes enfants », ajoute son mari Hadi.
La catastrophe qui se déroule au Yémen a des conséquences dramatiques en matière de vies humaines. Selon le plan d’intervention des Nations Unies, c’est désormais le pays où la proportion de la population se trouvant en danger de mort, ou risquant la famine ou la maladie, est la plus élevée.
Avant le conflit, le Yémen avait déjà l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés de la région arabe. Aujourd’hui, la pauvreté, la famine et la maladie (notamment une épidémie de choléra meurtrière) ont encore accru les risques auxquels sont exposées les femmes et les filles.
Six millions d’entre elles en âge de procréer ont besoin d’aide. Plus d’un million de femmes enceintes et allaitantes souffrent de malnutrition. On estime par ailleurs que 114 000 femmes risquent de développer des complications au moment de l’accouchement.
Le système de santé a été dévasté par la crise. Moins de la moitié des structures de santé du pays sont en mesure de fonctionner correctement. À cause du manque de personnel, de la pénurie de fournitures ainsi que des dégâts matériels, un tiers seulement environ des établissements de santé fonctionnels proposent des soins de santé reproductive.
En s’approchant du terme, Mohsina a eu peur que quelque chose ne soit pas normal. « J’étais très inquiète pour mon bébé », dit-elle.
La chance a alors souri au couple.
Un ami de Hadi lui a parlé de l’hôpital de Jardan, où l’UNFPA finance des services de santé maternelle gratuits.
« J’y ai immédiatement emmené ma femme », raconte-t-il.
Quand l’accouchement de Mohsina a commencé, la sage-femme, Amal, a découvert qu’elle n’attendait pas qu’un seul enfant mais deux : un garçon et une fille.
« J’ai eu des jumeaux », explique Mohsina. « Je ne m’y attendais pas du tout ».
L’accouchement a été éprouvant. La petite fille était en parfaite santé, mais le petit garçon a souffert de complications graves.
« Mon bébé était dans un état critique, et ils l’ont emmené aux urgences », se souvient Mohsina.
Amal et l’équipe en charge de l’accouchement ont pu stabiliser l’enfant, et il a complètement guéri depuis.
« Je ne sais pas comment j’aurais pu donner naissance à des jumeaux ni comment ils auraient survécu si je n’avais pas accouché dans cet hôpital, avec l’aide d’Amal, notre sage-femme », dit Mohsina.
Les besoins du Yémen vont cependant continuer d’augmenter.
En 2018, grâce au soutien financier du Canada, de l’Union européenne, de l’Arabie Saoudite, des Émirats Arabes unis ainsi que du Yemen Humanitarian Pooled Fund, l’UNFPA a pu considérablement élargir ses opérations humanitaires.
Entre 2017 et 2018, le nombre de centres de santé financés par l’UNFPA au Yémen est passé de 133 à 235. L’an dernier, plus de 335 000 personnes ont pu bénéficier de services de santé reproductive.
Cette année, l’UNFPA prévoit d’accroître encore l’ampleur de ses opérations, pour fournir à 5,5 millions de personnes des services de protection et de santé reproductive. L’organisation appelle aux dons à hauteur de 110 millions de dollars pour être en mesure d’apporter cette assistance vitale.