Le problème des discours sur la « surpopulation »

Selon certains commentateurs et commentatrices, notre monde serait « submergé », au bord de l’explosion. Des responsables politiques, des expert(e)s des médias et même certain(e)s universitaires affirment que les problèmes internationaux comme l’instabilité économique, le changement climatique et les guerres liées aux ressources sont imputables à la surpopulation, laquelle créerait un excès de demande pour une offre insuffisante.

Leurs discours brossent le tableau d’une natalité irrépressible et hors de contrôle, pointant généralement du doigt les communautés pauvres et marginalisées, depuis longtemps accusées de procréer à outrance alors que ce sont les moins responsables de problèmes tels que la destruction de l’environnement.

Ces discours, qui simplifient à l’extrême des questions complexes, sont réellement néfastes.

Important:
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Ils présentent la survie de l’humanité comme un problème plutôt qu’une réussite.

Important:
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Ils détournent l’attention des vrais enjeux urgents auxquels nous sommes confrontés et nous empêchent de demander des comptes aux personnes responsables.

Important:
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Ils laissent entendre qu’il faudrait neutraliser la liberté de choix des femmes en matière de procréation pour résoudre le problème de la « surpopulation ».

DE QUELLES DONNÉES DISPOSE-T-ON ?

>>:DONNÉE/1 Espérance de vie

2019 72,8 ans

L’espérance de vie à l’échelle mondiale a atteint 72,8 ans en 2019, soit presque 9 ans de plus qu’en 1990.

Elle devrait s’élever à 77,2 ans d’ici 2050.

>> Réjouissons-nous.

2050 77,2 ans

>>:DONNÉE/2 Croissance démographique

L’augmentation attendue de la population mondiale d’ici 2050 sera due en majorité à la dynamique de la croissance passée.

Autrement dit, les nouvelles mesures que pourraient prendre les gouvernements pour réduire la fécondité ne parviendraient guère à ralentir cette évolution d’ici là.

Sur la base des projections actuelles

Avec des efforts de contrôle de la fécondité et de réduction de la population

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2023 2046 2050

Croissance démographique

>>:DONNÉE/3 ÉMISSIONS

La moitié des émissions de carbone sont produites par les 10 % d’individus les plus riches du monde. On aurait donc tort de confondre l’augmentation des émissions avec la croissance démographique.

La conséquence la plus préoccupante des discours sur la « surpopulation » est sans doute que rejeter la responsabilité des problèmes mondiaux sur la croissance d’une population donnée revient à insinuer que la vie de certains individus serait plus importante que celle d’autres ; que certaines personnes mériteraient de survivre et de procréer, mais pas d’autres.

L’histoire nous enseigne que ce raisonnement peut nous conduire sur une pente dangereuse.

Il décourage en outre l’action politique, puisqu’il invite les citoyen(ne)s à déplorer une surpopulation perçue comme « inévitable » et à abandonner l’optimisme nécessaire au changement.

Le point de vue sur la crainte de la « surpopulation »

Le point de vue sur la crainte de la « surpopulation »

Selon une enquête YouGov à laquelle ont participé près de 8 000 personnes dans huit pays (le Brésil, l’Égypte, les États-Unis, la France, la Hongrie, l’Inde, le Japon et le Nigéria), l’opinion prédominante considère que la population mondiale est aujourd’hui trop importante.

Au Brésil, en Égypte, en Inde et au Nigéria, les répondant(e)s estiment que le taux de fécondité national est trop élevé, alors que le Brésil et l’Inde enregistrent un taux de fécondité inférieur au « seuil de renouvellement de la population », établi par les spécialistes à 2,1 enfants par femme.

Dans cinq des huit pays étudiés (le Brésil, les États-Unis, la France, la Hongrie et le Japon), les personnes interrogées s’inquiètent davantage de la taille de la population mondiale que de celle de leur propre pays.

Changeons de discours

La croissance démographique menace la planète : sommes-nous condamnés ?

Quand les moins responsables de la crise sont les plus touché(e)s : comment le changement climatique affecte les populations les plus vulnérables de la planète

L’identité nationale menacée par l’arrivée de migrant(e)s

Des sociétés inclusives pour renforcer la résilience démographique

Pour endiguer le changement climatique, il faut faire moins d’enfants

Pour endiguer la crise climatique, il est urgent que les entreprises réduisent leurs émissions

contexte contexte

Rien ne nous oblige à adhérer aux discours selon lesquels le corps des femmes et leur liberté de choix en matière de procréation seraient à la fois la cause de la « surpopulation » et la solution à ce problème.

Au contraire, nous pouvons insister sur l’importance de nos choix individuels et aborder la question sous l’angle de la justice sexuelle et reproductive en favorisant toutes les formes de progrès humains.

Pour ce faire, il convient d’investir dans l’éducation, la santé, les énergies propres et abordables et l’égalité des genres plutôt que de s’efforcer de réduire le nombre d’habitant(e)s de la planète.

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