Qui a été laissé pour compte ?

Qui a été laissé pour compte ?

Bien que, de manière générale, nous n’ayons jamais vécu aussi vieilles et vieux et en aussi bonne santé, des millions d’individus ne jouissent toujours pas de ces avancées.

SWOP 2024

Prises au piège par de multiples formes de marginalisation et de discrimination qui se recoupent, nombreuses sont les personnes pour qui le quotidien se résume à la lutte perpétuelle pour l’exercice de leurs droits. Les individus les plus privilégiés de notre société mondialisée, de leur côté, ont été les premiers bénéficiaires des progrès réalisés.

Dans un monde doté de richesses considérables et de solutions éprouvées dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive, ces disparités laissent supposer un manque de volonté, et non une carence d’idées ou de ressources.

Où est-ce que le bât blesse ?

Les inégalités continuent de se répandre dans toutes les sociétés, empêchant des millions d’êtres humains d’accéder à des services essentiels de santé sexuelle et reproductive et d’exercer leurs droits fondamentaux en la matière. Beaucoup se heurtent à des formes croisées de marginalisation, telles que les inégalités et la discrimination basées sur le genre.

SWOP 2024

Environ

800 femmes

meurent chaque jour en couches, la majorité d’entre elles dans des pays en développement. Pourtant, ces décès sont presque toujours évitables.

SWOP 2024

Dans 69 pays

une femme sur quatre n’est toujours pas en mesure de prendre elle-même les décisions qui concernent sa santé.

SWOP 2024

Près

d’une femme sur dix

n’a pas son mot à dire en matière de contraception.

SWOP 2024

Entre 2016 et 2020, le taux annuel de réduction des décès maternels à l’échelle mondiale

était de zéro.

SWOP 2024

Les femmes en situation de handicap sont

jusqu’à 10 fois plus

susceptibles de subir des violences basées sur le genre, y compris des violences sexuelles.

SWOP 2024

De récentes études réalisées dans

25 pays

montrent que les obstacles aux soins de santé ont diminué plus rapidement pour les femmes d’un statut socio-économique plus élevé et pour celles appartenant à des groupes ethniques qui étaient déjà mieux lotis.

SWOP 2024

Un quart des femmes

n’ont pas la possibilité de refuser une relation sexuelle avec leur mari ou partenaire.

SWOP 2024

Les données conjoncturelles les plus récentes sur l’autonomie corporelle des femmes montrent que, sur 32 pays, si 19 ont effectivement enregistré des progrès,

13 ont pour leur part régressé.

Facteurs de marginalisation

En 30 ans, nous avons beaucoup appris sur les mécanismes de production des inégalités.

Les personnes les plus défavorisées font souvent face à de multiples injustices qui s’exacerbent mutuellement et sont source de difficultés extrêmes, voire d’exclusion. Les circonstances qui conduisent à ces inégalités dépendent du contexte et découlent de facteurs sociaux, politiques et culturels plus généraux qui peuvent considérablement varier d’un pays à un autre.

Intersectionnalité des facteurs de marginalisation

Le genre d’un individu, lorsqu’il est combiné à d’autres aspects de son identité, peut donner lieu à des discriminations multiples et aggravées. Sélectionnez un exemple sur la gauche pour découvrir la manière dont les facteurs tels que l’origine ethnique, le handicap ou le niveau de revenus viennent se superposer à l’identité de genre pour générer des formes singulières de marginalisation ou d’oppression.

Sélectionnez un carré pour voir les intersections

Intersectionnalité des facteurs de marginalisation

Le genre d’un individu, lorsqu’il est combiné à d’autres aspects de son identité, peut donner lieu à des discriminations multiples et aggravées. Sélectionnez un exemple sur la gauche pour découvrir la manière dont les facteurs tels que l’origine ethnique, le handicap ou le niveau de revenus viennent se superposer à l’identité de genre pour générer des formes singulières de marginalisation ou d’oppression.

Sélectionnez un carré pour voir les intersections

Handicap:

déficience visuelle ou auditive, handicap moteur, trouble de la santé mentale

Âge:

enfants (de moins de 18 ans) ; adolescent·e·s (de 10 à 19 ans) ; jeunes adultes (de 18 à 25 ans) ; personnes âgées (de plus de 60 ans)

Statut migratoire:

réfugié·e·s, migrant·e·s, travailleurs et travailleuses domestiques, personnes déplacées

Emplacement:

zones reculées, zones d’installation informelles, territoires contesté

Revenus:

Quintile le plus pauvre

Culture, origine ethnique, appartenance ethnique, langue, religion:

peuples autochtones, personnes afrodescendantes, minorités religieuses, castes défavorisées

Identité sexuelle et de genre:

orientation sexuelle, identité de genre, caractères sexuels

Statut sérologique :

hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, travailleurs et travailleuses du sexe, consommateurs et consommatrices de drogues injectables, personnes en détention

Facteurs de marginalisation Facteurs de marginalisation

Handicap:

déficience visuelle ou auditive, handicap moteur, trouble de la santé mentale

Âge:

enfants (de moins de 18 ans) ; adolescent·e·s (de 10 à 19 ans) ; jeunes adultes (de 18 à 25 ans) ; personnes âgées (de plus de 60 ans)

Statut migratoire:

réfugié·e·s, migrant·e·s, travailleurs et travailleuses domestiques, personnes déplacées

Emplacement:

zones reculées, zones d’installation informelles, territoires contesté

Revenus:

Quintile le plus pauvre

Culture, origine ethnique, appartenance ethnique, langue, religion:

peuples autochtones, personnes afrodescendantes, minorités religieuses, castes défavorisées

Identité sexuelle et de genre:

orientation sexuelle, identité de genre, caractères sexuels

Statut sérologique :

hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, travailleurs et travailleuses du sexe, consommateurs et consommatrices de drogues injectables, personnes en détention

Des activistes locaux dénoncent l’inertie autour des meurtres et disparitions de femmes autochtones

Nous devrions pouvoir juger les crimes commis sur nos terres. Les tribus ont le statut de nations, des nations dont la souveraineté est reconnue. Malgré tout, nous n’avons aucun moyen de protéger notre peuple.

Carolyn DeFord, États-Unis d'Amérique Lire l'article

Qu’est-ce que cela fait, d’être laissé·e pour compte ?

Qu’est-ce que cela fait, d’être laissé·e pour compte ?

« J’ai besoin de trouver un lieu où je me sens enfin chez moi. Là, c’est trop difficile. J’ai l’impression de me perdre, que ma vie est en pause. Je ne suis à ma place nulle part, je me sens apatride, oublié. »

Brian*, 37 ans

« J’ai besoin de trouver un lieu où je me sens enfin chez moi. Là, c’est trop difficile. J’ai l’impression de me perdre, que ma vie est en pause. Je ne suis à ma place nulle part, je me sens apatride, oublié. »

« Il y aura toujours de la discrimination. C’est omniprésent. Une discrimination à l’encontre des Blancs, des Noirs, des Autochtones… mais aussi liée à l’alimentation, aux vêtements, à la langue… personne n’est épargné. »

Gertrudis

« Il y aura toujours de la discrimination. C’est omniprésent. Une discrimination à l’encontre des Blancs, des Noirs, des Autochtones… mais aussi liée à l’alimentation, aux vêtements, à la langue… personne n’est épargné. »

« Je n’ai pas de couverture santé. Sans couverture, pas de médicaments, et sans traitement contre le VIH, tu meurs, c’est fini pour toi. Donc même si j’ai de très grosses difficultés, je dois au moins essayer de sauver ma peau. Mais je ne sais pas quoi faire. Je ne peux ni retourner dans mon pays ni vivre dans celui-ci. Je ne suis en sécurité nulle part. »

Ibrahim*, 28 ans

« Je n’ai pas de couverture santé. Sans couverture, pas de médicaments, et sans traitement contre le VIH, tu meurs, c’est fini pour toi. Donc même si j’ai de très grosses difficultés, je dois au moins essayer de sauver ma peau. Mais je ne sais pas quoi faire. Je ne peux ni retourner dans mon pays ni vivre dans celui-ci. Je ne suis en sécurité nulle part. »

« Je n’ai pas de papiers, donc je vis cachée. Je ne peux ni me déplacer librement ni travailler. Je ne jouis même pas des droits humains les plus élémentaires, comme le droit à une vie décente ou le droit à la santé. »

Azin*, 45 ans

« Je n’ai pas de papiers, donc je vis cachée. Je ne peux ni me déplacer librement ni travailler. Je ne jouis même pas des droits humains les plus élémentaires, comme le droit à une vie décente ou le droit à la santé. »

« En raison de ma surdité, lorsque j’étais enceinte, les médecins ont mis en doute ma capacité à mettre au monde et élever correctement mon bébé. Pourtant, je suis aujourd’hui mère de deux enfants, que j’ai élevés moi-même. »

Ayjahan, 35 ans

« En raison de ma surdité, lorsque j’étais enceinte, les médecins ont mis en doute ma capacité à mettre au monde et élever correctement mon bébé. Pourtant, je suis aujourd’hui mère de deux enfants, que j’ai élevés moi-même. »

« Je vis actuellement avec ma famille – ma mère et mon frère. Je ne peux dire à personne que je suis gay, pas même à eux, car la stigmatisation est trop forte. Ici, l’homosexualité est jugée socialement inacceptable. La révéler pourrait même m’attirer des ennuis avec les pouvoirs publics. Les personnes comme moi ne bénéficient d’aucune reconnaissance, d’aucun droit. »

Efram*, 30 ans

« Je vis actuellement avec ma famille – ma mère et mon frère. Je ne peux dire à personne que je suis gay, pas même à eux, car la stigmatisation est trop forte. Ici, l’homosexualité est jugée socialement inacceptable. La révéler pourrait même m’attirer des ennuis avec les pouvoirs publics. Les personnes comme moi ne bénéficient d’aucune reconnaissance, d’aucun droit. »

« Le pays a enregistré une recrudescence des violences à l’encontre des personnes atteintes d’albinisme. Certaines ont même été tuées. »

Isaac

« Le pays a enregistré une recrudescence des violences à l’encontre des personnes atteintes d’albinisme. Certaines ont même été tuées. »

« Ma vie, c’est aux médecins de ce centre que je la dois. Sans eux, je serais morte à l’heure qu’il est. C’est grâce à eux qu’aujourd’hui, je peux être là pour ma fille de 8 ans. Je suis séropositive et ils m’ont aidée à accéder à un traitement. »

Sheri*, 48 ans

« Ma vie, c’est aux médecins de ce centre que je la dois. Sans eux, je serais morte à l’heure qu’il est. C’est grâce à eux qu’aujourd’hui, je peux être là pour ma fille de 8 ans. Je suis séropositive et ils m’ont aidée à accéder à un traitement. »
*Prénoms modifiés par souci de confidentialité

Une histoire ponctuée par les inégalités

Malgré 30 ans de consensus sur le pouvoir d’émancipation qu’offre la santé sexuelle et reproductive, les systèmes qui assurent la fourniture de ces soins demeurent contaminés par les inégalités de genre, la discrimination raciale et la désinformation ancrées de longue date. Afin que les agent·e·s de santé puissent contribuer à la réalisation des droits fondamentaux, il est donc essentiel que les systèmes de santé reconnaissent et corrigent les erreurs du passé. De tout temps, les femmes ont été mises à la marge des systèmes de santé, dominés par le patriarcat. Le traitement réservé aux sages-femmes continue malheureusement à refléter cette inégalité.

Les études montrent en effet que le personnel obstétrique, majoritairement féminin, est confronté à une forte ségrégation professionnelle, à des écarts de rémunération liés au genre, à un manque de perspectives pour exercer des fonctions de leadership et à de multiples formes de discrimination et de harcèlement, notamment sexuel.

SWOP 2024

Le salaire des femmes travaillant dans le secteur de la santé est en moyenne 28 % inférieur à celui des hommes, et un écart de rémunération de 11 % persiste entre les hommes et les femmes au sein du personnel infirmier et obstétrical, même une fois la ségrégation des métiers prise en compte.

SWOP 2024

Le domaine de la santé reproductive porte les stigmates enracinés d’un passé colonial marqué par la discrimination raciale. Les femmes noires et autochtones sont ainsi régulièrement victimes de violences obstétricales, d’exploitation, voire soumises à des expérimentations médicales.

Aujourd’hui, les spécialistes internationaux des droits fondamentaux et les expert·e·s de la santé continuent à alerter sur la discrimination persistante, l’inégalité dans l’accès aux soins et les piètres résultats de santé, notamment en matière de mortalité maternelle, touchant les groupes ethniques marginalisés.

Pour faire valoir les droits de tous·tes les citoyen·ne·s, il faut impérativement combattre l’idée selon laquelle les pays développés seraient les archétypes d’un progrès inévitable tandis que les pays en développement cultiveraient une approche rétrograde.

En effet, au fil des siècles, la présence coloniale a en réalité souvent imposé des normes de genre rigides aux peuples colonisés. Bon nombre de cadres légaux et normes sociales hérités de la colonisation continuent d’ailleurs à entraver la réalisation des droits des femmes et des personnes LGBTQI.

En Afrique, les recensements s’efforcent de compter tout le monde

Pour beaucoup, le simple fait de se déplacer au sein de leur communauté ou de se rendre à l’école est une épreuve ; ces personnes vivent dans la crainte constante d’une agression.

Anastazia Gerald, République Unie de Tanzanie/Malawi Lire l'article

Reportages

Le tissage et la broderie brouillent les frontières entre art et fonctionnalité, entre aspect pratique et dimension esthétique. Par le passé, les mouvements de femmes ont souvent utilisé les textiles pour sensibiliser le public aux questions qui leur tenaient à cœur, comme l’acceptation de son corps, la justice reproductive ou encore la lutte contre le racisme systémique. Les artistes contemporaines et les collectifs textiles dirigés par des femmes perpétuent cette tradition à travers des œuvres reflétant leur environnement et leurs coutumes locales. Depuis des milliers d’années, l’art textile permet ainsi aux femmes du monde entier de créer des passerelles entre les générations passées et futures, au sein des familles et des communautés.

Nous tenons à remercier les artistes dont les créations illustrent ce rapport :

  • Nneka Jones

    Nneka Jones

  • Rosie James

    Rosie James

  • Bayombe Endani, représentée par The Advocacy Project

    Bayombe Endani, représentée par The Advocacy Project

  • Woza Moya

    Woza Moya

  • Le Collectif de femmes Tally Assuit, représenté par l’International Folk Art Market

    Le Collectif de femmes Tally Assuit, représenté par l’International Folk Art Market

  • Pankaja Sethi

    Pankaja Sethi

Nous utilisons des cookies et d'autres identifiants pour améliorer votre expérience en ligne. En utilisant notre site web vous acceptez cette pratique, consultez notre politique en matière de cookies.

X