23 Mai 2024

Toutes les 11 minutes, une femme ou une fille est tuée par un partenaire intime ou par un membre de sa famille. Malheureusement, ce type de violence basée sur le genre se produit dans chaque région du monde.

Le Salvador est un pays particulièrement dangereux pour les femmes. Entre 2019 et 2022, 23 398 cas de violence basée sur le genre ont été signalés en moyenne par an. Il y a eu 565 condamnations pour des meurtres violents de femmes, dont 319 ont été qualifiés de féminicide, un homicide volontaire lié au genre, motivé par des facteurs tels que la discrimination envers les femmes et les filles et les rapports de force inégaux entre les femmes et les hommes.

L’UNFPA œuvre au Salvador et à travers le monde dans le cadre de l’Initiative Spotlight pour prévenir la violence basée sur le genre et soutenir les survivantes. Le programme Women at the Centre est l’une des initiatives majeures au Salvador. Lancé en avril 2023, avec le soutien de Takeda Pharmaceutical Company Limited, le programme forme les assistant·e·s sociaux·ales à repérer les femmes et les filles exposées à la violence et à leur fournir une assistance immédiate. Il également mis en œuvre en Azerbaïdjan, en Indonésie, à Madagascar et au Zimbabwe.

Ce genre d’initiative est plus crucial que jamais, comme le montrent les portraits suivants de familles dont les sœurs, les filles et les mères sont mortes par féminicide au Salvador. Ici, elles partagent leurs histoires, aux côtés d’une survivante courageuse dont la vie ne sera plus jamais comme avant.

« Aucune femme ne devrait mourir parce qu’elle est une femme. »
– Amina J. Mohammed, Vice-secrétaire générale des Nations Unies

Rosa : « Source d’inspiration »

Dr Rosa María Bonilla Vega a été tuée par son mari le 23 janvier 2018. Elle avait toujours été proche de sa famille, mais ne s’était jamais confiée au sujet de la violence de son époux. Sa famille ne l’a appris qu’à sa mort.

Lorsqu’elle a été tuée, Rosa, 45 ans, était médecin. Dans le cadre de son travail, elle s’occupait de filles victimes de violences.

Les membres de sa famille la décrivent comme une femme intelligente, créative, joviale et charismatique. « C’était une personne positive, qui était aimée et appréciée », déclare sa mère, María. Le meurtrier de Rosa a été condamné à 50 ans de prison.

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Pour María, sa fille est source d’inspiration. « Elle nous inspire, nous sa famille, et nous pousse à ne pas nous laisser abattre par la douleur, mais à faire le bien pour honorer sa mémoire. »
Le fils de Rosa se bat pour obtenir justice en mémoire de sa mère.
Des fleurs sur la tombe de Rosa.
Rosa adorait passer du temps en famille et se balader dans la nature.
Tu as comblé notre foyer de rires et de joie,
Tu seras à jamais dans nos cœurs, ma fille chérie.
Ma vie n’est plus la même sans toi.
Extrait d’un poème écrit par María pour sa fille Rosa

Cenia : « Elle était toujours joyeuse »

Cenia Edelmira Rodas Ventura, commerçante, avait 31 ans lorsque son mari est suspecté de l’avoir tuée, devant sa fille de 7 ans, dans la ville de San Vicente, le 26 décembre 2013. 

Le mari de Cenia a échappé à la justice. Après avoir mortellement tiré sur sa femme, il a retourné l’arme contre lui et a été hospitalisé dans un état critique. Il aurait dû être détenu à l’issue de son hospitalisation, mais est parvenu à prendre la fuite vers les États-Unis.

 

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« Cenia a toujours été sûre d’elle, bavarde et joyeuse, » témoigne sa tante Elena. « Je suis couturière, et Cenia venait me voir pour me demander “Tata, fais-moi ci ou ça, parce que j’en ai besoin pour telle ou telle chose.” »
Les discussions que son grand-père avait avec Cenia lui manquent.
Tante Elena s’occupe tendrement de la tombe de Cenia.

Lorena : « Le cœur de la famille »

Lorena Beatriz Hernández Quintanilla, officière de la police nationale civile (PNC), avait 25 ans lorsque son corps a été retrouvé dans un commissariat à Mejicanos, le 31 décembre 2017. La PNC a tout d’abord qualifié sa mort de suicide, mais une enquête a fait éclater la vérité : un camarade officier avec qui elle entretenait une relation l’avait tuée.

Le meurtrier de Lorena a été condamné à 50 ans de prison. Au Salvador, grâce à une loi majeure promulguée en 2012, les condamnations pour féminicide sont frappées d’une plus longue peine que celles pour meurtre, les durées d’incarcération allant de 20 à 50 ans. 

L’UNFPA a apporté son soutien aux organisations de femmes dans le cadre de la promotion et de la mise en œuvre de la loi. En vertu de celle-ci, les procureurs doivent prouver que le meurtre d’une femme a été motivé par la haine ou le mépris en raison de son genre.

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« Tous les biens de la maison [familiale] ont été achetés par Lorena, et tout est resté tel qu’elle l’a laissé », témoigne la mère de Lorena, Orbelina. « Pendant ses jours de congé, elle m’aidait à la maison et préparait le dîner. »
Un coussin est posé sur le lit de Lorena.
Orbelina apporte des fleurs sur la tombe de sa fille.

Le petit frère de Lorena, Carlos, dit de sa sœur qu’elle était « le cœur de la famille » et « le pilier de notre foyer, tant financier qu’émotionnel ». Se souvenant affectueusement de sa sœur, il ajoute « Ce que l’on aimait le plus faire ensemble ma sœur et moi, c’était manger ! »

Melvi : « Elle était toujours souriante »

Le 31 janvier 2019, Melvi Fernanda Nájera Quezada, 23 ans, est partie pour la journée, emmenant son fils voir son père, son ancien partenaire. Elle n’est jamais rentrée.

Melvi a été retrouvée morte le jour suivant. Quatre jours plus tard, son fils a été retrouvé abandonné et déshydraté. Son ex-partenaire a pris la fuite et n’a toujours pas été interpellé. La famille garde espoir que justice soit rendue.

 

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Melvi, ou « Ferchi », pour sa famille et ses ami·e·s, était la plus jeune d’une fratrie de quatre. « C’était une ado très sociable et une jeune femme avec plein d’ami·e·s », déclare sa mère, María. « Elle aimait danser et jouer au softball et au foot. »
Melvi était en formation pour devenir cheffe et voulait le meilleur pour son fils Mateo.
Les grands-parents s’occupent désormais de Mateo. Ils ont donné son nom à leur supérette.

« Les policiers qui ont retrouvé mon petit-fils Mateo, lorsqu’il a été abandonné, continuent de lui rendre visite. La dernière fois qu’ils sont passés, ils lui ont offert un jouet », explique María, la mère de Melvi, qui constate que de nombreuses autres personnes ont également aidé à subvenir aux besoins de l’enfant. « Ma fille voulait toujours de jolies choses pour son fils. Elle a payé un lourd tribut pour les lui offrir maintenant. »

Jocelyn : « Les femmes ne sont pas des objets »

Jocelyn Milena Abarca Juárez avait 26 ans lorsque son partenaire depuis 10 ans l’a tuée à leur domicile, le 5 juillet 2018. Il purge actuellement une peine maximale de 50 ans pour féminicide.

Jocelyn, diplômée de psychologie, aimait aider les autres grâce à son travail. « Elle était toujours enjouée et souriante, c’était une personne très charismatique », témoigne sa sœur Elizabeth.

 

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« J’aimerais que la prévention [de la VBG] soit au programme scolaire, pour que filles et garçons apprennent au plus tôt à respecter les hommes et les femmes et comprennent que les femmes ne sont pas des objets », déclare la mère de Jocelyn, Yesenia.
« Jocelyn faisait tout avec ferveur, » témoigne sa mère
« Partout où elle allait, elle rayonnait », déclare sa sœur Elizabeth.
« Ma petite-fille était très affectueuse et attentionnée envers moi », affirme la grand-mère de Joce

Katherine : « Il a abrégé tes rêves »

Katherine Lisbeth Cárcamo Chávez, 27 ans, a été tuée par son mari à leur domicile, le 22 avril 2018. 

Diplômée d’une licence en sciences infirmières, Katherine avait une vie et une carrière prometteuses devant elle. « C’était une fille drôle, espiègle et rêveuse », décrit sa mère, Claudia. 

Le meurtrier de Katherine a tenté de fuir le pays pour se soustraire à la justice, mais il a été interpellé à la frontière, puis condamné à 35 ans de prison pour féminicide.

 

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Claudia tient une photo la représentant aux côtés de Katherine le jour des 15 ans de sa fille.
La mère de Katherine parcourt un album photo de souvenirs.
Le grand-père de Katherine se rend sur sa tombe.
Une violence sans pitié a éteint ta flamme,
Et a infligé à mon âme douleur et agonie,
Il a abrégé ta vie, abrégé tes rêves.
Jamais je n’oublierai la magie de ton essence
Extrait d’un poème écrit par Claudia pour sa fille Katherine

María, survivante : « Je me souviens que j’étais enjouée »

 

Des années durant, María Ana Galdámez a été victime de violence de la part de son mari, qui purge actuellement une peine de 26 ans de réclusion. Il a été reconnu coupable de tentative de féminicide après une violente attaque.

María, qui avait alors 52 ans, a été soignée pendant un an en raison de ses blessures physiques. Elle bénéficie encore aujourd’hui d’une aide pour surmonter l’impact psychologique. L’UNFPA lui a fourni un soutien psychosocial et la parraine pour lui offrir protection et soutien financier.

 

« Je me souviens que j’étais enjouée, très joviale.
Maintenant j’ai peur de sortir, je passe tout mon temps au travail et chez moi. »
– María, survivante d’une tentative de féminicide
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Depuis son attaque, María a repris le travail, où elle fait quelques tâches ménagères simples. « Ma main a été endommagée, il m’est donc difficile de faire certaines des tâches que je faisais auparavant, comme coudre, broder et cuisiner », déclare-t-elle.
María n’a pas complètement récupéré l’usage de sa main gauche.
« Il est difficile de retrouver la joie et l’assurance que j’ai perdues », témoigne-t-elle.
María adore son rôle de grand-mère.

Grâce à l’initiative Women at the Centre mentionnée précédemment, des avancées seront réalisées. Le programme contribuera au changement par le biais d’initiatives, dont la mise en place de cinq systèmes nationaux d’agrément dédiés à la gestion des cas de violence basée sur le genre ; 344 assistant·e·s sociaux·ales aggréé·e·s à la gestion des cas de violence basée sur le genre ; 18 lieux dans lesquels la gestion des cas est soutenue par des procédures opérationnelles alignées sur les normes internationales ; et 202 événements communautaires de sensibilisation.

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