Le mariage d’enfants est une violation des droits humains. La pratique fait référence à tout mariage formel ou union informelle impliquant un·e enfant de moins de 18 ans et un adulte ou un·e autre enfant. Malgré les lois qui l’interdisent, cette pratique reste courante.

Une fille sur cinq à travers le monde est mariée ou en union avant l’âge de 18 ans. On estime à 640 millions le nombre de femmes et de filles ayant été mariées dans leur enfance ; chaque année, 12 millions d’adolescentes sont mariées avant d’avoir 18 ans ; une adolescente est mariée toutes les trois secondes quelque part dans le monde.

Le mariage de mineures met en danger la vie et la santé de jeunes filles et restreint leurs perspectives d’avenir. Les filles poussées à un mariage précoce tombent souvent enceintes alors qu’elles sont encore adolescentes, ce qui augmente le risque de complications lors de la grossesse ou de l’accouchement. Ces complications sont la principale cause de mortalité chez les adolescentes les plus âgées. Elles sont également plus susceptibles de subir des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire.

L’UNFPA encourage les lois, textes et programmes visant à mettre fin au mariage d’enfants. L’agence soutient les investissements fondés sur les preuves, centrés sur les jeunes filles, et destinés à renforcer leur autonomie à l’aide d’informations, de compétences et de services nécessaires à leur bonne santé, leur éducation et leur sécurité, afin qu’elles vivent sereinement leur passage à l’âge adulte. L’UNFPA accompagne aussi les jeunes femmes mariées, notamment en matière de planification familiale et de santé maternelle.

Topic summary

Une privation de droits

Le mariage d’enfants prive les mineures du droit de choisir avec qui et quand ils ou elles souhaitent se marier. Cette décision d’adulte, l’une des plus importantes de leur vie, doit être prise librement, sans peur ni contrainte.

De nombreux accords internationaux condamnent le mariage d’enfants, notamment la Convention relative aux droits de l’enfant et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. La Conférence internationale sur la population et le développement de 1994 a aussi lancé un appel aux différents pays afin de mettre un terme à cette pratique.

Malgré des engagements quasi universels pour l’élimination du mariage d’enfants, 19 % des filles sont encore mariées avant l’âge de 18 ans, ce qui représente une moyenne de plusieurs milliers de mariages d’enfants chaque jour. 4 % des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans. Les mineures soumises au mariage ou à l’union précoce sont privées de leur droit à l’égalité, à l’éducation, à des conditions de vie décentes garantissant leur santé, ainsi qu’à leur bien-être et à celui de leur famille.

Le mariage d’enfants entrave l’égalité des genres

Le mariage d’enfants est à la fois le symptôme et le résultat de profondes inégalités de genre ainsi que de normes limitantes et de stéréotypes restrictifs sexistes. La pratique affecte principalement les adolescentes issues des ménages les plus pauvres, vivant dans les régions rurales et ne bénéficiant que d’un accès limité à l’éducation, témoignant d’un déséquilibre sociétal plus large : les filles sont considérées comme une propriété ou perçues comme inférieures aux garçons et aux hommes.

Le mariage d’enfants est un obstacle majeur au respect de l’égalité des genres à travers le monde. Il prive les adolescentes de la jouissance de leurs droits humains, bafoue leur autonomie corporelle, les spolie de leur indépendance et de leur bien-être économique, et leur fait courir le risque de grossesses précoces et de violence basées sur le genre.

Les 193 États membres des Nations Unies sont convenus de mettre un terme au mariage d’enfants d’ici 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. La cible 5.3 des objectifs vise à éliminer les pratiques préjudiciables telles que le mariage des enfants, le mariage précoce ou forcé et la mutilation génitale féminine d’ici 2030.

La lutte contre les mariages d’enfants exige des approches transformatrices du genre, comme s’attaquer aux rôles liés aux genres, aux normes sociales, aux stéréotypes sexistes et aux rapports de force néfastes.

Des conséquences sur la santé, l’avenir et la famille des filles

Le mariage de mineures atteint directement leur bien-être et leur santé. Ces mariages précoces sont souvent suivis d’une grossesse, même si les jeunes filles ne sont pas physiquement ou psychologiquement prêtes à porter un enfant. Dans les pays en voie de développement, la grande majorité des accouchements chez les adolescentes se produisent dans le cadre d’une union ou d’un mariage. Dans ces pays, les complications liées à la grossesse et à l’accouchement sont la principale cause de mortalité chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans.

Les jeunes filles mariées précocement sont également plus exposées aux infections sexuellement transmissibles, comme le VIH. Lorsque les filles sont mariées jeunes, elles sont souvent contraintes à abandonner leurs études pour assumer un rôle de femme au foyer. Les jeunes filles déscolarisées ont davantage de problèmes de santé et de moins bonnes perspectives économiques que celles qui poursuivent leurs études, et leurs propres enfants tendent à être plus défavorisés, ce qui perpétue le cycle de pauvreté et d’inégalité de genre.

Les facteurs qui contribuent au mariage d’enfants

Le mariage d’enfants est l’un des effets toxiques des inégalités économiques et de genre. Les filles qui y sont confrontées sont souvent peu scolarisées et plutôt issues de zones rurales. Beaucoup de parents en situation de précarité placent dans le mariage arrangé de leurs filles l’espoir d’un avenir meilleur pour ces dernières, en s’assurant qu’une autre famille sera responsable d’elles. C’est le cas également lors des crises humanitaires, car de nombreux parents craignent alors de ne pas pouvoir protéger leurs filles. Certains croient, à tort, que le mariage les protégera des grossesses hors mariage et des violences sexuelles, accrues en temps de crise.

Certains parents voient leurs filles comme des fardeaux ou des monnaies d’échange, un aspect qui tend à s’accentuer en cas de crise. Dans les régions où la famille de la mariée doit verser une dot à la famille du marié, plus les mariées sont jeunes, moins les dots seront élevées, ce qui incite les parents à marier leurs filles tôt. Inversement, lorsqu’une compensation est versée par la famille du futur époux, certains parents en difficulté peuvent choisir de marier leurs filles pour en tirer un revenu.

Le plus souvent, les mariages de mineures se produisent par manque d’alternatives, résultant de l’inégalité de genres et du non-respect des droits des filles. Quand les jeunes filles ont réellement le choix, elles sont bien plus susceptibles de se marier plus tard.

Comment mettre un terme au mariage d’enfants

Le taux mondial de mariage d’enfants tend à diminuer. De récentes statistiques indiquent que 68 millions de mariages d’enfants ont pu être évités au cours des 25 dernières années. Dans les années 2000, une femme sur trois entre l’âge de 20 et 24 ans avait été mariée étant encore enfant. En 2021, ce chiffre ne se montait plus qu’à une femme sur cinq.Il n’en reste pas moins que les progrès sont inégaux et que le recul du mariage d’enfants reste trop lent. Du fait de la croissance démographique que connaissent les régions où le mariage d’enfants est plus répandu et où les conséquences de la COVID-19 sont plus fortes, le nombre total de mariages d’enfants devrait augmenter d’ici à 2030. Pour inverser la tendance, nous devons absolument accélérer nos initiatives en vue d’éliminer le mariage d’enfants.

Or, il est étonnant de constater que l’objectif de mettre fin au mariage d’enfants n’exige pas de grands moyens financiers. En 2019, l’UNFPA a publié une étude conjointe avec l’Université Johns Hopkins, en collaboration avec l’Université de Victoria, l’Université de Washington et Avenir Health, estimant le coût de l’éradication du mariage d’enfants dans 68 pays où se produisent près de 90 % de ces mariages. Les chercheur·euse·s ont conclu que le coût pour mettre un terme au mariage d’enfants dans ces pays d’ici à 2030 s’élèverait à seulement 35 milliards de dollars, soit environ 600 dollars pour faire annuler le mariage d’une enfant.

Les lois en vigueur s’opposant au mariage d’enfants doivent être appliquées, en particulier lorsque les filles risquant d’être mariées avant l’âge adulte, ou qui le sont déjà, sont en quête de protection et de justice. L’âge légal du mariage doit par ailleurs être relevé à 18 ans dans les pays où ce n’est pas encore le cas. La législation ne constitue cependant qu’un cadre d’application. Tant que ces pratiques seront jugées acceptables par la société, elles ne pourront disparaître totalement. Lutter contre les normes sociales sexistes et profondes qui cautionnent le mariage d’enfants nécessite des mutations sociétales plus larges pour éradiquer complètement la pratique.

Gouvernements, société civile et autres partenaires doivent travailler ensemble afin d’assurer aux jeunes filles l’accès à l’éducation, à l’information et aux services de santé, à une éducation complète à la sexualité, ainsi qu’à la formation aux aptitudes de la vie quotidienne. Les filles qui parviennent à poursuivre leurs études et à rester en bonne santé ont alors plus de choix et sont davantage en mesure de se soustraire au mariage précoce.

Enfin et surtout, il faut soutenir les jeunes filles déjà mariées. Elles ont besoin de services de santé reproductive pour les aider à éviter des grossesses précoces et les infections sexuellement transmissibles comme le VIH. Celles qui tombent enceintes doivent pouvoir bénéficier de soins appropriés tout au long de leur grossesse, de leur accouchement et de la période post-partum. Si elles le souhaitent, un accompagnement dans le retour à l’école, afin de reprendre un cursus traditionnel ou alternatif, est également essentiel. Elles doivent être en outre protégées de toute autre forme de violence et d’oppression.

Toutes ces mesures permettront d’améliorer l’autonomie corporelle des filles, leur contrôle sur leur propre existence, la santé des familles et l’égalité des genres et, en définitive, de renforcer les sociétés et de dynamiser les économies. Aucune société ne peut se permettre les pertes causées par le mariage d’enfants que sont les opportunités manquées, les talents gâchés ou les traumatismes personnels.

Le rôle de l’UNFPA

L’UNFPA s’engage à apporter des solutions fondées et concrètes dans la lutte contre le mariage précoce, en mettant l’accent sur les actions transformatrices en matière d’égalité des genres, pouvant être déployées à grande échelle et de manière durable. L’UNFPA collabore avec les gouvernements et les partenaires de la société civile à tous les niveaux, afin de promouvoir et protéger les droits des filles, notamment en contribuant à l’élaboration de politiques, de programmes et de lois en matière de santé sexuelle et reproductive, d’égalité des genres et de jeunesse, visant à transformer les normes de genre et à endiguer le mariage d’enfants.

Dans plus de 66 pays, l’UNFPA œuvre en faveur de la promotion de programmes axés sur les adolescentes pour les doter des compétences sociales, économiques et de santé pour leur permettre de vivre leur passage à l’âge adulte de manière saine, en toute sécurité. Ces programmes leur donnent les moyens de faire face aux difficultés, de prendre des décisions éclairées et de prendre activement part à leur communauté en tant que jeunes femmes indépendantes.

Le Programme mondial UNFPA-UNICEF visant à accélérer la lutte contre le mariage d’enfants constitue l’initiative multinationale phare des Nations Unies. Elle démontre le pouvoir des partenariats internationaux et des interventions ciblées pour développer les services adaptés aux adolescent-e-s, impliquer les gouvernements et les communautés, transformer les normes et les stéréotypes sexistes néfastes, et donner aux adolescentes les moyens de connaître et de faire valoir leurs droits, notamment leur droit de décider, une fois adultes, si elles souhaitent se marier, quand, et avec qui.

Mise à jour le 13 février 2025

Mariage d’enfants

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