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Nadia, le chant de la résilience : une voix qui s’élève au milieu de la crise et du déplacement

Une jeune femme coud un tissu vert et blanc.
Nadia participe à un cours de couture proposé par un espace sûr pour femmes et filles soutenu par l’UNFPA, dans le nord de la Syrie. © UNFPA Syrie /Massoud Hasen
  • 26 Novembre 2024

NATIONS UNIES, New York – « J’aime chanter depuis que je suis petite », raconte Nadia, 24 ans, à l’UNFPA, l’agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproductive. « C’est ma façon d’exprimer ce que je ressens et ce que je pense. »

La musique est le refuge de Nadia depuis qu’elle a six ans, et elle l’a soutenue au moment du décès prématuré de son père et depuis le début du conflit syrien qui s’éternise.

Depuis près de 14 ans, le pays est prisonnier d’une crise humanitaire dévastatrice : 16,7 millions de personnes ont besoin d’une aide d’urgence. Plus de 6,7 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, et plusieurs millions ont quant à elles fui dans les pays voisins.  

Dans ce contexte, les femmes et les filles sont confrontées à des difficultés toujours plus grandes : malnutrition sévère, grave manque d’accès aux services de santé et forts taux de violence basée sur le genre, notamment de mariage d’enfants.

Nadia a elle-même été mariée à tout juste 14 ans. Elle est devenue mère deux ans plus tard, étant pourtant encore une enfant.  « Ce mariage était la décision de mes grands-parents, pas la mienne », précise-t-elle.

La crise du mariage d’enfants

Avant même que ce conflit éclate en Syrie, le mariage d’enfants était très fréquent, avec plus d’une femme sur dix entre 20 et 24 ans rapportant avoir été mariée avant 18 ans. Des études montrent toutefois que cette pratique néfaste a fortement augmenté au sein de la population syrienne réfugiée dans les pays voisins, comme au sein de celle qui est déplacée dans son propre pays.

« [Cela] a augmenté à cause de la migration et de la pauvreté, pour réduire le nombre de membres d’une famille, surtout dans celles qui comptent beaucoup de filles », explique une mère syrienne à une équipe de recherche. « C’est rare de voir une fille de 13 ans qui n’est pas mariée. »

Le mariage d’enfants constitue une violation des droits humains qui met en danger la santé et l’avenir des filles, car cela les contraint bien souvent à abandonner leur scolarité et à devenir mères avant qu’elles y soient prêtes physiquement et psychologiquement, avec des conséquences terribles. Lorsqu’elles sont aux prises avec une extrême pauvreté, l’insécurité et le déplacement, certaines familles pensent souvent ne pas avoir d’autre choix.

Depuis 2019, Nadia vit dans une zone d’installation tentaculaire dans le nord de la Syrie, avec près de 40 000 autres personnes. Elle y a été confrontée à des difficultés multiples : les conditions rudes de cette région désertique, le manque d’électricité et d’eau potable au sein du camp, les rares possibilités d’emploi et le stress économique.

Pourtant, grâce à des visites dans un espace sûr voisin, dédié aux femmes et filles et soutenu par l’UNFPA, elle a redécouvert quelque chose d’essentiel : l’espoir, sa voix.

La puissance de la confiance en soi

L’UNFPA gère une clinique de santé maternelle et quatre espaces sûrs pour femmes et filles au sein du camp pour personnes déplacées où vit Nadia. Depuis début 2024, on estime que 19 000 personnes sont venues y chercher de l’aide : services de santé reproductive, prise en charge de la violence basée sur le genre et soutien psychosocial.

Grâce à l’UNFPA, Nadia a pu bénéficier d’une aide en matière de santé mentale et a pu suivre des cours d’anglais et de couture.

« L’aide que j’ai reçue m’a aidée à avancer et à reprendre pied », déclare-t-elle. « J’ai redécouvert ma confiance en moi et ma véritable personnalité, ce qui m’a permis de me tourner à nouveau vers les activités que j’aime, comme le chant. »

Aujourd’hui, elle pratique sous sa tente, travaillant à la carrière dont elle rêve, celle d’une chanteuse internationale renommée, ce qui l’a poussée à contacter des stations de radio locales pour s’y produire.

« Après plusieurs refus, j’ai finalement réussi, et j’ai pu partager mes chansons et mes expériences avec les auditeurs et auditrices lors de deux émissions de radio », raconte Nadia.

Écoutez le chant de résilience de Nadia ci-dessous.

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