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« La population syrienne est détruite par la guerre » : un appel à la paix après des violences dans la région côtière

Une femme à contrejour devant une fenêtre, par laquelle on voit des bâtiments détruits
Une jeune femme debout devant une fenêtre dans un centre soutenu par l’UNFPA à Homs, qui aide les jeunes en matière de bien-être psychologique et social, d’éducation et de formation professionnelle, et qui propose aussi des initiatives d’autonomisation. © UNFPA Syrie / Alaa Ghorra
  • 14 Mars 2025

HOMS, République arabe syrienne – « La population syrienne est détruite par la guerre. Aucune année ne nous a épargné·e·s. Ma génération a énormément souffert », explique Maryam*, une femme de 21 ans originaire de Homs, dans l’ouest de la Syrie.

Depuis le 6 mars 2025, les gouvernorats côtiers de Hama, Homs, Lattaquié et Tartous connaissent une recrudescence d’attaques violentes, qui sèment la mort, la désolation et le déplacement forcé. Six des principaux hôpitaux et plusieurs ambulances ont subi des dommages, et on estime que plus de 1 000 personnes civiles ont été tuées, dont beaucoup de femmes et d’enfants.

« L’un des jeunes hommes tués était mon ami. C’est très dur de voir des femmes et des hommes d’une vingtaine d’années se faire tuer sans raison. Certain·e·s étaient à la faculté de médecine », raconte Maryam à l’UNFPA, l’agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproductive. « Toute leur vie était devant eux, ils et elles étudiaient pour aider les autres, et ne sont plus là aujourd’hui. »

Des rapports très préoccupants nous parviennent de familles entières tuées, ainsi que de professionnel·le·s de santé et de patient·e·s attaqué·e·s dans les hôpitaux.

« Je suis terrifiée. Il y a tous les jours des menaces proférées contre ma famille. À Homs, les forces de sécurité forment une barrière humaine tous les soirs pour que nous, minorités, ne soyons pas tué·e·s. Nous sommes épuisé·e·s, et nous voulons seulement vivre en paix », poursuit Maryam.

Aux côtés d’autres agences des Nations Unies, l’UNFPA appelle à désamorcer les hostilités pour éviter toute continuation des violences, protéger la population civile et permettre l’accès humanitaire afin d’assurer une aide vitale. Ces violences ont provoqué de graves traumatismes et une forte détresse au sein des communautés touchées, qui ont urgemment besoin d’une aide médicale et psychologique.

« L’histoire de la Syrie est insupportable. Nous vivons sans cesse de nouvelles crises », déplore Maryam. « Il existe une expression en arabe, “Tamsahna”, qui signifie que nous sommes comme des crocodiles [nous avons la peau dure]. Après toutes ces années de guerre, nous nous habituons à toutes les horreurs qui nous arrivent – nous sommes comme anesthésié·e·s, nous ne ressentons plus rien. »

 Des peintures colorées suspendues à un mur blanc]
Des œuvres créées par des jeunes dans un centre soutenu par l’UNFPA à Homs. Elles montrent leur état émotionnel et psychologique après avoir vécu des années de conflit. © UNFPA Syrie / Verity Kowal

Soutenir les générations futures

Les jeunes ont un rôle essentiel à jouer dans la reconstruction de la Syrie et dans l’élaboration d’un avenir stable, équitable et meilleur pour le pays. L’UNFPA travaille avec ses partenaires à Homs, dont le GOPA, qui gère un centre pour jeunes doté de programmes d’aide au bien-être psychologique et social, d’éducation et de formation professionnelle, et qui propose aussi des initiatives d’autonomisation.

« Je viens depuis deux ans au centre pour jeunes. C’est un endroit où je trouve beaucoup de soutien, c’est comme ma deuxième maison. Les formatrices et les enseignants nous font entrevoir la possibilité que les choses s’améliorent », affirme Maryam.

« Avec mes ami·e·s du centre pour jeunes, nous avons énormément étudié et travaillé sur nous-mêmes pour aider la jeune génération. Il y a un·e médecin, un·e ingénieur·e, un·e enseignant·e… Nous avons toutes et tous le même sentiment : nous portons la génération suivante dans notre cœur. Nous ne voulons pas qu’elle ressente ce que nous avons ressenti ni qu’elle doive endurer les mêmes choses que nous. »

L’UNFPA et le GOPA s’efforcent également de faire en sorte que les jeunes de Syrie aient de meilleures opportunités économiques, soient engagé·e·s dans la société civile et fassent partie du processus de construction de la paix.

« Nous rêvons d’un avenir où nous serions en sécurité. J’espère voir des couleurs et des arbres partout. J’espère voir une Syrie libérée de la guerre. Et j’espère que vous ne nous abandonnerez pas avant que notre Syrie redevienne bonne et sûre », déclare Maryam.

Après 14 ans de conflit, les femmes, les filles et les jeunes de Syrie méritent de connaître la paix et la guérison, et d’avoir une chance de se reconstruire.

« Mon histoire fait partie de milliers d’autres en Syrie. C’est important que nos voix vous parviennent et que vous nous entendiez », ajoute Maryam. « Nous sommes une génération qui a grandi en ne connaissant que la guerre. Nous avons de multiples talents, des rêves, et nous en avons assez que notre avenir soit incertain. »

*Le prénom a été changé pour garantir la protection et l’anonymat des personnes.

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