La crise climatique est la plus grande menace pour la santé de l’humanité, déclare l’Organisation mondiale de la santé, qui établit à plus de 13 millions le nombre de décès attribuables chaque année à des causes environnementales. Cette année, le thème de la Journée mondiale de la santé est « Notre planète. Notre santé. »
Dans son dernier rapport, le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC) montre que 3,3 à 3,6 milliards de personnes « vivent dans des zones particulièrement vulnérables aux changements climatiques ». Les conséquences climatiques ont déjà précipité des millions de personnes dans une vie où règne l’insécurité en matière d’alimentation et d’eau.
Cette situation est très préoccupante aux yeux de l’UNFPA, qui vise zéro décès maternel évitable d’ici 2030, un objectif sérieusement menacé par les changements climatiques. À chacun des extrêmes, inondations comme sécheresse, les femmes enceintes et allaitantes doivent faire face à la malnutrition et à la famine. Le risque de mortinatalité augmente avec la température, et des études montrent qu’il existe une corrélation entre les taux de mortinatalité et de mortalité maternelle. Les catastrophes naturelles provoquées par les activités humaines frappent les communautés et réduisent drastiquement l’accès à des soins pré et postnatals essentiels. Le réchauffement climatique contribue également à la propagation de maladies à transmission vectorielle comme le paludisme et la dengue, qui ont aussi un lien avec la mortalité maternelle.
Il est incontestable que notre destin est lié à celui de notre planète, qui est en souffrance, et il est plus que temps que le monde agisse. L’indifférence à ce sujet est un symbole de mépris pour la santé humaine.
Dans son livre Réparons la Terre, la militante écologiste et lauréate du prix Nobel de la Paix Wangari Maathai écrivait : « Je me suis rendu compte que la destruction physique de la terre s’étendait aussi à l’humanité. Si nous vivons dans un environnement abîmé, où l’eau est polluée, l’air saturé de suie et d’émanations, la nourriture contaminée aux métaux lourds et aux résidus de plastique, où la terre n’est que poussière, cela nous fait du mal, cela fait s’étioler notre santé et crée des blessures physiques, psychologiques et spirituelles. Ainsi, en dégradant l’environnement, nous nous dégradons nous-mêmes et toute l’humanité. »
Bien que les rapports crient de plus en plus haut et fort que notre fenêtre pour renverser la tendance climatique se réduit, cette fenêtre existe encore.
« L’inverse est vrai aussi », poursuivait Mme Maathai. « En aidant la terre à guérir, nous nous aidons nous-mêmes. Si nous constatons que la terre saigne de la perte de couche arable, de biodiversité, ou de la sécheresse et de la désertification, et si nous aidons à récupérer ou sauver ce qui a été perdu… la planète nous aidera à guérir nous aussi, et même à survivre. »