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« C’est une course contre la mort » au milieu des bombardements incessants à Gaza, racontent les femmes enceintes à l’UNFPA

Des personnes fuient lors d’une frappe aérienne israélienne dans la ville de Gaza. © Mohamed Zaanoun/Middle East Images/AFP via Getty Images
  • 17 Octobre 2023

GAZA, Palestine – « Mon bébé sentait chaque explosion », a indiqué une femme enceinte originaire du nord de Gaza à l’UNFPA, l’agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproductive, depuis l’école où elle s’abrite actuellement. La nuit précédente, elle dit avoir dormi sur un sol froid qui tremblait à chaque impact de bombe.

Une autre femme décrit que son travail d’accouchement a commencé alors que sa famille et elle-même évacuaient leur domicile en plein bombardement. « Je ne savais pas où ni comment j’allais accoucher », a-t-elle indiqué.

Elle est parvenue à rejoindre une ambulance, qui l’a transportée jusqu’au service de maternité de l’hôpital Al Shifa, le plus grand centre médical de Gaza. Cependant, elle en est sortie à peine trois heures après avoir donné naissance à une petite fille pour laisser la place aux nouvelles arrivées.

« Nos équipes médicales sont dépassées et travaillent sans relâche et sans interruption depuis le début de l’escalade des violences », a indiqué le Dr Mohammad Abu Salmiya, directeur de l’hôpital Al Shifa. « Nous disposons d’un approvisionnement en carburant très limité pour maintenir nos activités. Si nous tombons à court de carburant, l’hôpital pourrait bien être reconverti en sépulture collective. »

Aucune échappatoire

La crise humanitaire en cours à Gaza fait suite à une attaque brutale perpétrée par des groupes armés palestiniens le 7 octobre, qui s’est soldée par la mort de plus de 1 300 Israéliens et l’enlèvement de 199 otages, selon les estimations. En réponse, les Forces de défense israéliennes (FDI) ont assiégé la bande de Gaza, un territoire densément peuplé et entièrement enclavé, sans échappatoire.

À ce jour, environ 3 000 Palestiniens ont été tués par les frappes des FDI, qui ont détruit des quartiers tout entiers. Le 13 octobre, Israël a appelé 1,1 million de Gazaouis à évacuer la partie sud du territoire, une zone qui reste la cible de bombardements.

« Il est impossible de faire partir un million de personnes, dont la plupart n’ont absolument aucun moyen de transport et pas de voitures. Et même si elles avaient une voiture, il n’y a plus de carburant à Gaza », a indiqué Lynn Hastings, coordonnatrice résidente des Nations Unies et Coordonnatrice pour les activités humanitaires dans le Territoire palestinien occupé. « Les hôpitaux du nord ont également reçu des messages leur ordonnant d’évacuer. Là encore, c’est impossible. »
 
« Tout comme le Secrétaire général des Nations Unies, nous appelons à révoquer l’ordre d’évacuer le nord de Gaza, qui ne fait qu’aggraver une situation humanitaire déjà désastreuse », a déclaré la Directrice exécutive de l’UNFPA, la Dr Natalia Kanem, dans une déclaration publiée hier. « Pour les milliers de femmes qui sont sur le point d’accoucher, et pour celles qui sont malades et gravement blessées, il est extrêmement dangereux de devoir quitter leur domicile alors qu’elles n’ont aucun endroit sûr où aller, et ni eau ni nourriture. »

Un homme escalade les décombres d’un bâtiment lourdement bombardé.
Un bâtiment réduit à l’état de ruines dans le quartier de Nasr de la bande de Gaza. © UNICEF/UNI448905/Ajjour

« Il faut protéger les civils »

Une femme enceinte âgée de 30 ans a indiqué à l’UNFPA qu’elle s’était cachée dans l’ombre pendant que les bombes tombaient. Elle souffre d’étourdissements, de fatigue et d’une violente migraine depuis qu’elle a fui sa maison.

L’UNFPA estime que 540 000 femmes en âge de procréer vivent à Gaza, dont 50 000 sont actuellement enceintes et 5 500 devraient accoucher au cours du prochain mois. Ces femmes sont confrontées à des difficultés extrêmes pendant ce siège. D’une part, elles n’ont pas accès à des services d’accouchement médicalisé et souffrent des ruptures de stocks de fournitures vitales. D’autre part, comme c’est le cas de toute la population civile à Gaza, elles n’ont aucun refuge contre les bombardements et sont privées d’accès à la nourriture et à l’eau.

L’UNFPA continue de soutenir les services de santé reproductive et, par l’intermédiaire de Sharek, son partenaire, distribue des trousses d’hygiène dans 49 refuges du sud de Gaza, dirigés par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. Des médicaments destinés aux femmes enceintes ont été livrés au ministère de la Santé. Par l’intermédiaire d’un autre partenaire, Shubak il Shabab, l’UNFPA soutient également la fourniture de services de conseil au moyen d’une ligne d’assistance d’urgence.

L’UNFPA positionne aussi des ressources à la frontière, dont des médicaments essentiels, des fournitures médicales et des kits de santé reproductive interinstitutions, afin de fournir une aide d’urgence une fois l’accès rétabli. Toutefois, les efforts visant à négocier la mise en place d’un couloir humanitaire n’ont toujours pas abouti.

« Même les guerres ont des règles », a rappelé Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies. « Le droit humanitaire international et les droits de l’homme doivent être respectés et défendus. Les civils doivent être protégés et ne jamais être utilisés comme boucliers. »

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