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« Des forces d’innovation, d’entrepreneuriat et de transformation » : trois jeunes leaders de l’action climatique défendent les droits sexuels et reproductifs
- 23 Septembre 2024
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NATIONS UNIES, New York – Le Sommet de l’avenir est ouvert : les leaders du monde entier se réunissent à New York, au siège des Nations Unies, pour établir un nouveau consensus international de réponse à la crise climatique mondiale.
Parmi les participant·e·s, on retrouvera des dizaines de jeunes activistes représentant les intérêts de leur génération, qui bien que n’ayant que très peu contribué au changement climatique, sera la plus vulnérable à ses conséquences.
Alors que les températures grimpent dans le monde entier, les inquiétudes des jeunes vis-à-vis de l’avenir se sont accrues. Des enquêtes montrent que les trois quarts des jeunes du monde entier ont peur de l’impact du changement climatique sur leur vie et leurs moyens de subsistance.
Cependant, les leaders de la jeunesse combattent cette anxiété par l’action, notamment en défendant la position centrale des droits et de la santé sexuelle et reproductive dans l’atténuation du changement climatique et dans les efforts pour y répondre. Les recherches montrent clairement que les droits et la santé sexuelle et reproductive sont essentiels pour permettre aux femmes et aux filles de s’adapter aux catastrophes climatiques. On estime que ne pas faire des droits et de la santé sexuelle et reproductive – ainsi que de la protection contre la violence basée sur le genre – une priorité aura des effets catastrophiques pour les femmes et les filles les plus vulnérables.
L’UNFPA, l’agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive, s’est entretenue avec les jeunes activistes pour mettre en lumière leurs priorités pour l’action climatique mondiale.
Imali Ngusale a constaté par elle-même l’impact direct de la crise climatique sur les femmes et les filles dans son pays natal : « au Kenya, les crues ont entravé l’accès aux contraceptifs des jeunes femmes et filles en âge de procréer, ce qui peut provoquer des grossesses non intentionnelles ».
Ces expériences personnelles sont étayées par beaucoup de recherches : il est établi que le changement climatique est un facteur de risque supplémentaire pour les femmes et les filles. « Le changement climatique a bouleversé nos systèmes agricoles et cela crée des pénuries alimentaires au Kenya et dans d’autres pays d’Afrique », ajoute Mme Ngusale. « Ces pénuries ont un effet domino, car elles affectent la santé maternelle et augmentent les risques de complications de grossesse. »
Afin de trouver des solutions durables, Mme Ngusale appelle les leaders du monde entier à faire participer sa génération.
« Aborder les complexités de la crise climatique exige de penser différemment et d’adopter une approche nouvelle, et les jeunes le font naturellement, puisqu’ils et elles s’adaptent facilement à diverses idées », explique-t-elle à l’UNFPA.
Cette année, avec le soutien de l’UNFPA et d’autres jeunes activistes d’Afrique, Mme Ngusale a cofondé l’African Center For Health, Climate and Gender Justice Alliance (ACHCGA), une organisation visant à renforcer l’engagement des jeunes dans l’action climatique.
Isabel Adriana Garcia Gómez se souvient que lorsque l’ouragan Otis a frappé l’État mexicain de Guerrero l’an dernier, elle a craint l’effet de cette catastrophe sur les femmes et les filles de la région. « Dans les situations d’urgence, il est très probable que les cas de violence et d’abus augmentent », déclare-t-elle. « De plus, [les gens] doivent composer avec une pénurie de produits d’hygiène menstruelle et un manque d’accès aux contraceptifs d’urgence et aux traitements antirétroviraux. »
Mme Gómez milite pour la justice climatique depuis qu’elle est très jeune. « Ma vie s’inscrit dans un contexte d’inquiétude et d’action face à la crise climatique, pour défendre notre terre, notre présent et l’avenir de celles et ceux que nous ne connaissons pas encore », précise-t-elle à l’UNFPA.
Elle fait partie d’un groupe consultatif de jeunes de l’UNFPA, grâce auquel elle a soutenu un projet appelé « Voix des jeunes : impacts du changement climatique sur les droits à la santé sexuelle et reproductive », qui a rassemblé les expériences de 800 jeunes issu·e·s de 99 pays. Le projet a été présenté à des leaders mondiaux à l’occasion de la 27e Conférence des parties (COP27) de 2022, et a confirmé ce que pensait Mme Gómez : les perspectives des jeunes en matière d’action climatique doivent être une priorité.
« Nous comprendre comme agent·e·s de changement et participant·e·s à la construction de notre propre pays, c’est nous permettre de contribuer à l’innovation, à la créativité et à la résilience, au sein de nos communautés et de nos contextes locaux et en dehors », indique-t-elle à l’UNFPA.
Tasnia Ahmed vient du Bangladesh, un pays particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique. Son parcours d’activiste a commencé à l’université, où elle « s’est concentrée sur l’éducation des enfants, notamment celles et ceux ayant migré depuis le sud du pays, une zone côtière reconnue comme région exposée au changement climatique ».
Grâce à ce travail, elle s’est rendu compte que le changement climatique limitait l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive, en particulier pour les jeunes contraint·e·s à s’installer dans des bidonvilles et à travailler dans la rue pour survivre. « Dans les zones touchées par les catastrophes climatiques, les adolescentes n’ont aucun accès à des serviettes hygiéniques ni à des vêtements propres pendant leurs règles », explique-t-elle à l’UNFPA.
Les jeunes les plus touché·e·s doivent impérativement faire partie des solutions, affirme-t-elle. « Les jeunes sont des allié·e·s de poids dans la lutte contre le changement climatique. Ce sont des forces d’innovation, d’entrepreneuriat et de transformation. »
Leurs idées constituent non seulement des opportunités d’amélioration des conditions environnementales, mais aussi de développement et de progrès, ajoute-t-elle : « investir dans l’action climatique, les droits et la santé sexuelle et reproductive, c’est une source potentielle d’autonomisation des femmes. »