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« Il s’agit d’une question brûlante » : en Inde, une sage-femme tire parti de la nouvelle technologie pour venir en aide aux mères et aux nouveau-nés
- 25 Août 2024
LUDHIANA, Inde/NATIONS UNIES, New York – En tant que sage-femme, Lovepreet Saini cherche constamment de nouveaux moyens de venir en aide aux mères.
Lors de ses études d’infirmière, Mme Saini a développé un intérêt particulier pour la santé maternelle et néonatale. « Il s’agit encore aujourd’hui d’une question brûlante pour les gouvernements, car un bébé et une mère en bonne santé sont des éléments fondamentaux pour un pays développé. »
Après plus de dix ans à travailler aux côtés des mères dans les salles d’accouchement, Mme Saini a obtenu son diplôme d’éducatrice sage-femme au début de l’année 2024, au terme d’un parcours d’autant plus difficile que son emploi du temps à l’hôpital était chargé. Heureusement, un outil numérique spécifiquement conçu pour les sages-femmes lui a permis d’atteindre son objectif.
Une nouvelle méthode d’apprentissage
En 2015, l’ONG internationale Maternity Foundation, dont la mission se concentre sur la santé maternelle et néonatale, a lancé l’application Safe Delivery. La plateforme est un outil de formation gratuit dédié aux sages-femmes et à d’autres prestataires de santé disposant de ressources limitées. Elle propose des vidéos animées, des descriptions de procédures pratiques et d’autres fonctionnalités afin d’aider les utilisateur·ice·s à prendre en charge les accouchements et les complications associées.
Pour Mme Saini, qui a difficilement trouvé le temps d’étudier en raison de son emploi du temps chargé, l’application a tout changé. « Les vidéos et les formats courts m’ont énormément aidée pour réussir mon examen », se réjouit-elle. « Elle couvre tous les sujets, depuis la préconception aux soins postnataux, et inclut les moyens de contraception modernes. »
Grâce au soutien de l’UNFPA, l’agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive, et d’autres partenaires clés, l’application touche désormais 435 000 personnes dans plus de 70 pays.
À Ludhiana, une ville animée de l’État du Pendjab située au nord de l’Inde et où travaille Mme Saini, l’accès à des informations fiables sur la santé maternelle est particulièrement important : une forte population migrante signifie que de nombreuses femmes sont confrontées à des obstacles pour accéder aux soins, par manque de ressources ou par méconnaissance du système de santé, tandis que certaines croyances culturelles suscitent souvent la diffusion de fausses informations.
« Elles rencontrent davantage de problèmes liés à la santé maternelle et néonatale », explique Mme Saini. « Et elles n’ont pas les moyens de payer une prise en charge dans les hôpitaux privés. » Des outils comme l’application Safe Delivery permettent aux sages-femmes d’apprendre et de transmettre des faits plus facilement, afin que toutes les femmes, quel que soit leur statut, aient accès à des soins obstétricaux de qualité.
La plateforme offre également une formation sur un aspect de la santé maternelle souvent négligé, la santé mentale périnatale, que Mme Saini estime essentielle à la santé globale de la mère et de l’enfant.
Surmonter les difficultés dans les zones reculées
L’application Safe Delivery s’accompagne d’un autre avantage : elle fonctionne hors ligne, même dans les zones reculées. Mme Saini explique comment cela permet à ses collègues d’assurer des soins de qualité là où ils sont le plus nécessaires : « Je me souviens être allée à Gujarat, dans une zone tribale et reculée. J’ai recommandé l’application à l’agente de santé communautaire qui travaillait là-bas, et elle était stupéfaite que ce genre d’applications existe. Elle était vraiment très heureuse. »
Pour faciliter encore davantage l’accès aux informations en temps réel, NeMa, un nouveau bot intelligent conversationnel alimenté par l’IA et développé par Neuvo Inc. Global, est actuellement en phase d’expérimentation en Inde. Le projet a été facilité par l’UNFPA et financé par Organon, une société mondiale du secteur de la santé dédiée à la santé des femmes.
Alors que près de 300 000 femmes et 2,4 millions de nouveau-nés meurent chaque année de complications obstétricales, il est urgent de trouver des solutions. Lorsque l’on donne aux sages-femmes les moyens d’enrichir leurs connaissances et leurs compétences, elles peuvent assurer la sécurité des accouchements des femmes issues des milieux les plus fragiles au monde.
De tous les moments de joie qu’elle a vécus à la maternité, l’un d’entre eux a particulièrement marqué Mme Saini : un soir, alors qu’elle faisait sa tournée au sein de l’unité de soins collaboratifs, une femme qui avait été admise avec des contractions a été témoin de sa gentillesse envers une autre future mère. Alors qu’elle s’apprêtait à terminer son service, Mme Saini a été approchée par la femme, qui lui a fait une demande particulière : elle souhaitait qu’elle l’assiste pour son propre accouchement.
« Je n’étais plus en service, mais je suis restée toute la nuit pour aider cette maman à accoucher. Par la suite, elle m’a dit que c’était uniquement grâce à moi qu’elle avait pu mettre au monde un bébé en bonne santé », témoigne Mme Saini.
« C’est l’un des moments les plus mémorables de ma profession, et je m’en souviendrai toujours. On portait même le même prénom, je m’appelle Lovepreet et elle aussi s’appelait Lovepreet. »
