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Aux Maldives, les jeunes s’engagent pour briser les tabous sur la planification familiale
- 12 Novembre 2018
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MALE’, Maldives – Azlifa n’avait que 11 ans, lorsqu’une expérience troublante est arrivée à son amie.
« Elle a arrêté l'école » se souvient Azlifa. « Sa famille était très contrariée. Tout le monde sur l'île - c'était une très petite communauté – la critiquait, mais personne n’évoquait son petit-ami. »
« Le petit-ami », apprit Azlifa, était sur le point de devenir le père de l’enfant de son amie. À cette époque, Azlifa ne savait rien sur le sexe ou la santé reproductive. Elle a dû chercher le mot « règles » sur Google quand elle l'a entendu pour la première fois.
Dans un pays où les relations sexuelles hors mariage sont criminalisées, Azlifa était comme toutes les filles de son âge.
Aux Maldives, le mariage reste une condition d’accès aux services de planification familiale et les informations en matière de sexualité et de santé reproductive destinées aux jeunes sont rares.
Mais Azlifa était déterminée à changer les choses.
« L'histoire de mon amie m'a donné l’envie d’instruire d'autres filles », a-t-elle déclaré à l'UNFPA. « Je ne voulais pas qu'un membre de ma famille passe par là. »
Aujourd'hui âgée de 26 ans, Azlifa travaille en tant qu'éducatrice en matière de santé reproductive pour la Society for Health Education (SHE) soutenue par l’UNFPA - la seule organisation aux Maldives fournissant des informations et des services de santé sexuelle et reproductive aux jeunes.
« Lorsqu'il s’agit de prévenir les grossesses non désirées, l’information est cruciale », a déclaré Azlifa.
Partout dans le monde, les adolescents et les jeunes accusent un retard en ce qui concerne l'accès à la planification familiale et à d'autres informations et services de santé sexuelle et reproductive. Seulement dans les pays en voie de développement, 20 000 jeunes filles de moins de 18 ans accouchent chaque jour, ce qui représente 7,3 millions de naissances par an.
Les grossesses précoces poussent les jeunes filles à abandonner l’école et à renoncer à toute perspective d'emploi. Cela les rend également sujettes à la pauvreté, à l'exclusion et a des conséquences néfastes pour leur santé. Les complications de la grossesse et de l'accouchement sont la principale cause de décès chez les adolescentes dans le monde.
De plus, les grossesses précoces ne résultent généralement pas d'un choix délibéré - trop de jeunes filles dans le monde ont peu à dire sur les décisions qui affectent leur vie. La grossesse chez les adolescentes est plutôt la conséquence du manque d’accès à l’école, à l’information ou aux soins de santé.
« Mon amie ne serait jamais devenue mère adolescente si elle avait eu accès à l’information sur la santé sexuelle et reproductive », a expliqué Azlifa. « Chez SHE, nous fournissons des services tels que la planification familiale, la prévention des IST et du VIH , les soins prénatals et l’éducation complète à la sexualité. »
Les jeunes jouent un rôle essentiel dans l'éducation mutuelle et la mise en place d'environnements sûrs pour les discussions portant sur des sujets tabous, ont affirmé les dirigeants du monde réunis cette semaine pour la Conférence internationale sur la planification familiale de 2018 à Kigali, au Rwanda. En tant que nouvelle génération de professionnels de la planification familiale, les jeunes doivent être associés aux décisions qui les concernent le plus intimement.
Azlifa le sait trop bien. « Je suis très fière de créer et d’organiser des sessions sur les espaces sécurisés pour les jeunes, où ils peuvent venir parler de ces problèmes. »
En collaboration avec l'UNFPA, SHE crée des espaces sûrs pour permettre aux jeunes d’affronter les tabous et d'explorer des questions sensibles concernant le sexe et les relations. À une époque où les problèmes d'inclusion persistent aux Maldives - avec un taux de chômage élevé chez les jeunes et une faible participation des femmes au marché du travail - des espaces sûrs autonomisent également les femmes et les jeunes filles en mettant l'accent sur les solutions fondées sur les droits et l'égalité des sexes.
Rien qu'en 2018, l'UNFPA et SHE ont organisé 6 nouveaux espaces sûrs pour les jeunes. Le partenariat a récemment produit une application mobile visant également à élargir la portée des services de santé sexuelle et reproductive aux jeunes de tout le pays.
Azlifa reste optimiste sur le fait que ces efforts vont faire la différence pour la prochaine génération.
« Je me suis mariée il y a quatre ans, mais ce n'est que maintenant que j'ai décidé d'avoir mon premier enfant », a-t-elle déclaré. « J'espère que la génération de ma fille aura plus de facilité d’accès à ses droits en matière de santé reproductive. »
– Tatiana Almeida