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Des études montrent l’impact terrible de la COVID-19 sur les droits et la santé sexuelle et reproductive dans le monde

La fermeture des écoles a exposé les jeunes à de nombreux risques selon les chercheurs et chercheuses. Sur la photo : un internat soutenu par l’UNFPA au Kenya, en novembre 2020. © UNFPA ESARO
  • 21 Avril 2021

NATIONS UNIES, New York – Chercheurs et chercheuses, défenseur·e·s des droits et dirigeant·e·s se sont réuni·e·s la semaine dernière avant la tenue de la Commission des Nations Unies pour la population et le développement, pour examiner l’impact terrible et toujours plus grand de la pandémie de COVID-19 sur l’égalité des genres et la santé sexuelle et procréative dans le monde.

« La COVID-19 a un effet inégal, cumulatif et dévastateur sur les groupes déjà marginalisés », a déclaré Pascalle Grotenhuis, ambassadrice des Pays-Bas, qui a co-organisé l’événement avec le Canada, le Mexique et l’Afrique du Sud, et le concours de l’UNFPA et de la Rutgers University. « C’est terrible et profondément dérangeant de voir menacés tous les progrès accomplis par notre travail collaboratif et par la mise en commun de nos ressources et de nos actions pendant des décennies. »

Les rapports d’expert·e·s des Nations Unies, du monde de la recherche, de la société civile, de ministères ainsi que de plusieurs autres partenaires montrent des pertes généralisées d’accès à l’information et aux services de santé sexuelle et procréative, ainsi que des situations inquiétantes en matière de violence basée sur le genre.

Des rapports préoccupants

Depuis le début de la pandémie, les projections de l’UNFPA avertissent d’une limitation sévère de l’accès aux services essentiels de santé sexuelle et reproductive, et notamment de la planification familiale. De plus, les estimations avaient prévu que les confinements et les perturbations économiques feraient augmenter la violence basée sur le genre ainsi que la prévalence des pratiques néfastes comme le mariage d’enfants et les mutilations génitales féminines.

Women sit in an outdoor information session about family planning. They wear colourful skirts, headscarfs and facemasks.
Au Malawi, des femmes assistent à une distribution en plein air de produits de planification familiale. La pandémie a privé de nombreuses femmes de leur accès à la contraception et à d’autres services de santé sexuelle et procréative.  © UNFPA ESARO

« À ce stade, les pays ont désormais des preuves irréfutables » de ces perturbations, a insisté le Dr Julitta Onabanjo, directrice régionale de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Est et du Sud, qui a présenté les résultats d’une étude conjointe de l’UNFPA et d’ONU Femmes, montrant d’importantes pertes de revenus dans la région. L’étude souligne que l’insécurité économique grandissante et les vulnérabilités qui en découlent mettent en péril les efforts en faveur de l’égalité des genres.

Aliza Singh, coordinatrice de programme pour Beyond Beijing Committee Nepal, a présenté les résultats d’une enquête menée par Rutgers auprès d’environ 2 700 jeunes du Ghana, d’Indonésie, du Kenya, de l’Ouganda et du Zimbabwe. « Plus d’un tiers des jeunes se sont senti·e·s plus vulnérables qu’avant la COVID-19 au harcèlement, aux violences physiques, sexuelles, psychologiques ou financières. Un tiers n’ont pas pu avoir accès aux services de planification familiale dont ils avaient besoin », a-t-elle expliqué. 

« La fermeture des écoles a limité l’accès à une éducation sexuelle complète », a ajouté Brian Ssekajja, pair-éducateur au sein de Reproductive Health Uganda. « Certains jeunes ont attrapé le VIH, des infections sexuellement transmissibles, des maladies. »

Avec la disponibilité croissante de nouvelles données solides, le Dr Onabanjo a déclaré qu’il était temps « d’adapter les politiques et les programmes en conséquence, et de faire ce qui est nécessaire. »

Health workers in face masks speak with patients at an outdoor table. They are part of a mobile clinic.
Des soignant·e·s proposent leurs services en extérieur pendant la pandémie, dans le cadre de cliniques mobiles, ici au Mozambique. © UNFPA ESARO

Femmes et filles restent les principales victimes

Les intervenant·e·s ont expliqué que les femmes et les filles subissent des conséquences disproportionnées. 

« Aujourd’hui, avec la pandémie, nous avons constaté un pic de mortalité maternelle », a souligné le Dr Karla Berdichevsky, directrice générale du Centre national pour l’égalité des genres et la santé procréative au Mexique. « Nous observons que cette surmortalité maternelle a pour cause un manque d’accès aux services compétents. »

Les filles rapportent également un accès de plus en plus difficile à l’information et aux produits d’hygiène menstruelle, à cause des difficultés économiques, des restrictions de déplacement et de la fermeture des écoles.  Dans certains cas, « les parents ont décidé de priver leurs filles de certains produits de base comme les serviettes hygiéniques pour garder de quoi acheter d’autres produits essentiels comme de la nourriture », a déploré M. Ssekajja, faisant ainsi écho aux données rapportées par Mme Singh au Népal. 

La fermeture des écoles a aussi réduit l’accès à l’information sur la santé sexuelle et procréative. Ainsi, « nous avons constaté une augmentation des grossesses chez les adolescentes ainsi que des grossesses non planifiées et du mariage d’enfants », a noté M. Ssekajja. La fermeture des écoles et l’insécurité économique ont aussi « exposé un grand nombre de filles à une activité et à des violences sexuelles de la part d’opportunistes ».

« Avant la COVID, les statistiques étaient déjà désolantes », a rappelé l’ambassadrice Grotenhuis à l’auditoire. « Il est choquant que seule la moitié des femmes puissent prendre des décisions essentielles concernant leur corps », a-t-elle martelé, s’appuyant sur des données du récent rapport sur l’état de la population mondiale. « Nous étions déjà dans une ère de violent rejet de l’égalité des genres, des droits et de la santé sexuelle et procréative, ainsi que de l’autonomie corporelle… La pandémie de COVID nous a prouvé la nécessité absolue d’agir immédiatement. »

« La COVID est une crise dont le visage est bel et bien féminin », a réaffirmé la directrice de l’UNFPA, le Dr Natalia Kanem, lors de son discours d’ouverture de la Commission. « Nous observons une augmentation de la violence basée sur le genre, du mariage d’enfants, des grossesses précoces, et une limitation des services normaux de santé sexuelle et procréative, qui ont une mission de protection et se trouvent entravés. »

Le Dr Kanem a exhorté les États membres et les partenaires à faire des droits des femmes et des filles une priorité. « Nous devons montrer au monde entier que cette fois-ci, nous parviendrons à nourrir les aspirations des femmes et des filles – et de tous les individus. »

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