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En Afghanistan, une hotline pour sages-femmes offre un soutien d’urgence
- 02 Août 2017
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SAYED KHEL, Afghanistan – « Il était sept heures du matin, et je n’avais pas encore commencé ma journée de travail lorsqu’on a amené Hafsa* à la clinique pour des contractions normales », témoigne Mahmooda, une sage-femme de 27 ans qui gère la clinique de Aqtash dans le district rural de Sayed Khel en Afghanistan.
Au bout de quelques heures, Hafsa a donné naissance sans problème à un bébé en bonne santé. Tout allait bien jusqu’à ce que la jeune mère se mette à saigner abondamment et entre en état de choc.
Mahmooda était paralysée par la peur. Elle savait que la vie de Hafsa était en danger, mais ne savait pas comment arrêter l’hémorragie.
Dans cette région d’Afghanistan, le taux de mortalité maternelle est le plus élevé du pays. Selon un rapport conjoint des Nations Unies, les femmes d’Afghanistan ont une chance sur 52 de mourir des suites de leur grossesse. D’autres estimations montrent que les risques sont encore plus élevés : un sondage de 2015 indique qu’une femme sur 14 meurt des suites de sa grossesse en Afghanistan.
Ce qui est arrivé à Hafsa (une hémorragie obstétricale) est l’une des causes les plus répandues de mortalité maternelle dans le monde.
Heureusement, Mahmooda s’est souvenue que l’UNFPA avait mis en place en 2016 la Midwifery Helpline, une hotline (numéro gratuit) qui s’adresse aux sages-femmes.
L’Afghanistan est en grande demande de sages-femmes qualifiées. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le pays ne compte en moyenne que 3,2 infirmières ou sages-femmes pour 10 000 personnes.
Ce n’est que très récemment que l’université de médecine de Kaboul, soutenue par l’UNFPA, a commencé à proposer une licence de sage-femme. Avant cela, les sages-femmes du pays suivaient des formations beaucoup moins rigoureuses.
La situation est compliquée par le fait que les sages-femmes sont nombreuses à travailler dans des cliniques isolées, avec peu de personnel pour les aider, et parfois même totalement seules.
La Midwifery Helpline propose une assistance essentielle. Le Dr. Rona Abidi Shayan, gynécologue, gère cette hotline avec trois sages-femmes expertes. Elles se relaient toutes les quatre pour offrir une assistance 24h/24 et 7j/7.
« Les sages-femmes nous appellent en désespoir de cause, et nous nous assurons qu’elles fassent le nécessaire », explique Tahira Nazari, l’une des sages-femmes qui travaillent pour la hotline.
Parfois, cela implique de donner des conseils médicaux qui peuvent sauver des vies, et dans d’autres situations, il s’agit de voir si la patiente peut être redirigée vers une structure équipée pour gérer les complications d’une grossesse.
« Les personnes qui nous appellent sont d’horizons divers, explique le Dr. Shayan. Parfois, je réponds à une sage-femme expérimentée, mais qui panique. »
Au village, Mahmooda a pu appeler le Dr. Shayan, qui s’est aperçue que Hafsa souffrait d’atonie utérine, une affection qui provoque de dangereux saignements post-partum.
Elle a guidé Mahmooda au téléphone étape par étape pour soigner la patiente. Mahmooda lui a administré de l’ocytocine et a mis en place d’autres mesures d’urgence.
Après une conversation particulièrement difficile, Hafsa était sauvée.
« C’est un sentiment merveilleux de savoir qu’avec la Midwifery Helpline, on peut éviter des blessures liées à l’accouchement, et la mort de mères et d’enfants », déclare Mme Nazari à l’UNFPA.
La hotline reçoit entre 8 et 25 appels par jour, majoritairement de la part de sages-femmes et de médecins qui doivent gérer des complications de grossesse.
« Généralement, je rappelle plusieurs fois, ou bien eux me recontactent pour des conseils supplémentaires. Je continue mon suivi jusqu’à ce que je sois sûre que les patients soient complètement rétablis », explique le Dr. Shayan.
Hafsa fait partie de ces patientes qui ont eu de la chance. Aujourd’hui, elle va bien. « Grâce à la sage-femme et à celles qui l’ont aidée par téléphone, je suis rétablie », déclare-t-elle.
* Le prénom a été changé pour des raisons d’anonymat
Traduit de l'anglais par Marie Marchandeau