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En plein conflit, les équipes de santé mobiles sont vitales en Cisjordanie

Une femme portant un voile rose câline son petit garçon dans la salle d’attente d’une clinique.
Duaa Adwa a amené son fils consulter l’équipe de santé mobile lors de sa tournée au village Al Uqban de Bethléem. Lors de ses tournées précédentes, l’équipe avait été dans l’impossibilité de délivrer des médicaments contre la fièvre au fils de Mme Adwa, en raison d’un approvisionnement insuffisant. © UNFPA/Lisa Sabella
  • 04 Novembre 2024

CISJORDANIE, État de Palestine – Dans le petit village de Al Uqban de Bethléem, Mariam Al Zeer, 55 ans, faisait la queue lorsqu’une équipe de soins de santé mobile est arrivée à la clinique. La clinique existante est délabrée et ne possède ni son propre personnel, ni ses propres fournitures, et les autorités israéliennes interdisent l’installation d’établissements de santé plus permanents.

 Les équipes de santé mobiles comblent les lacunes comme elles le peuvent, mais les pénuries de personnel et de fournitures sont conséquentes.

 « C’est super qu’elles soient là, mais une fois par semaine, ce n’est pas assez », a déclaré Mme Al Zeer. « Certains jours, il y a cinquante femmes ici : trente obtiennent des médicaments, mais les vingt autres non, car il n’y en a plus. »

 Les équipes assurent des tournées dans des villages de 2 000 à 3 000 personnes environ une fois par semaine, et couvrent généralement trois à quatre villages par jour, à raison de deux heures par village.

 Lorsqu’elles manquent de temps ou de fournitures, la deuxième clinique la plus proche est accessible à pied en une heure trente à deux heures, si tant est qu’il soit possible de s’y rendre. Depuis le début du conflit, les portes du village sont fermées.

 « J’ai amené mon fils lorsqu’il était fiévreux à deux reprises à la clinique mobile, mais l’équipe n’avait plus de médicaments contre la fièvre à lui donner », a témoigné Duaa Adwa, 31 ans, auprès de l’UNFPA, l’agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive.

Désormais, pour accéder à l’autre établissement de santé, « nous devons prendre deux taxis, puis marcher le reste du trajet, ou bien marcher tout du long », a-t-elle expliqué. « Avant, ça ne prenait que 10 minutes en voiture. »

La santé en crise

Une femme habillée de rose tient le brassard du tensiomètre placé sur le bras d’une femme portant un voile marron et une robe noire.
Duaa Al Shweiki, bénévole auprès de la Société médicale palestinienne (PMRS), prend la tension de Khawla Shaheen. « J’ai toujours l’impression que l’équipe est heureuse d’être là », a déclaré Mme Shaheen, 50 ans, à l’UNFPA. © UNFPA/Lisa Sabella

Les équipes de santé mobiles, gérées par le Secours médical palestinien (PMRS) avec le soutien de l’UNFPA, assurent des services auprès des communautés vulnérables et isolées dans toute la zone C de Cisjordanie. L’accès aux soins de santé de base pour les villages alentour est entravé par les contrôles militaires israéliens ainsi que par la violence des colons.

Malgré les difficultés, les équipes mobiles sont capables d’assurer une large variété de soins de santé de base et de services de santé reproductive et sexuelle, des suivis pré et postnataux à la planification familiale, comprenant un accompagnement pour choisir sa contraception ainsi qu’une aide psychosociale.

Les équipes jouent également un rôle essentiel dans la détection de la violence basée sur le genre et dans l’intervention pour lutter contre celle-ci, tout en encourageant la résilience communautaire grâce à des sessions de sensibilisation sanitaire et de formation aux premiers secours.

Elles ne peuvent cependant pas venir en aide à tout le monde. Sur les 189 communautés dans le besoin de la zone C, six sont dans l’incapacité de bénéficier des tournées des équipes de santé de la clinique mobile, et ce en raison de problèmes de financement : on estime qu’il manque environ 18 000 à 24 000 $ chaque mois pour servir les six communautés restantes.

Mais même les besoins de celles qui bénéficient régulièrement des tournées restent insatisfaits, la capacité des équipes et des cliniques ne suffisant tout simplement pas.

Nombreuses sont les personnes à craindre le pire en l’absence des équipes mobiles.

Duaa Al Shweiki, une jeune bénévole, a fait part de la dure réalité : « La triste vérité, c’est que si quelqu’un a besoin d’aide de toute urgence, il mourra probablement avant de pouvoir se rendre à l’hôpital. »

Un appel au changement

Un monospace orange, dont la vitre arrière est recouverte d’une bannière aux logos de l’UNFPA et du Secours médical Palestinien (PMRS), est stationné devant un bâtiment blanc dans une zone rurale.
La clinique d’Al Uqban n’est desservie par l’équipe mobile que quelques heures par semaine. La deuxième clinique la plus proche est à une heure trente voire deux heures de marche. © UNFPA/Lisa Sabella

Tandis que la clinique mobile se préparait à quitter Al Uqban, Dalal Farhan, 38 ans et ancienne bénévole au sein de l’équipe, a expliqué être désormais bénéficiaire de ses services.

« Après la naissance de mon fils, j’ai dû arrêter le bénévolat pour m’occuper de lui. Mon fils est diabétique de naissance », a-t-elle expliqué. « Ici, je peux avoir des médicaments pour lui gratuitement. Sans cette aide, on n’y arriverait pas. Nous n’avons nulle part d’autre où aller. »

L’UNFPA et ses partenaires de mise en œuvre soutiennent quatre cliniques mobiles déployées dans la zone C dans les gouvernorats de Hébron, Bethléem, Qalqilya et Tulkarem, afin de venir en aide à près de 30 000 personnes.

Le futur est toutefois incertain. Le niveau de financement actuel a permis de couvrir les services des équipes mobiles pendant un an environ, mais l’obtention de fonds supplémentaires est contrariée par des difficultés majeures. Si la situation actuelle persiste, le nombre de communautés dépourvues de services de clinique mobile pourrait atteindre 96 d’ici 2025.

« La clinique est un réconfort », a affirmé Naheel Zeer, 56 ans. « Mais il nous en faut plus. Nous sommes tellement loin de tout médecin ou hôpital. »

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