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En République démocratique populaire lao, les sages-femmes prodiguent des soins essentiels adaptés aux communautés ethniques du pays

Mme Jepeu sans son bureau avec ses collègues et patientes © UNFPA RDP lao
  • 22 Septembre 2022

DISTRICT DE LONG, République démocratique populaire lao – « Par le passé, les femmes Akha accouchaient sans assistance et ne venaient pas dans les centres de santé. La plupart des grossesses étaient dangereuses », explique Vida Jepeu, une sage-femme de 28 ans.

Mme Jepeu fait partie du groupe ethnique Akha, qui constitue moins de 2 % de la population de la République démocratique populaire lao, comptant elle-même 7,4 millions d’habitant·e·s. Cette sage-femme travaille à l’hôpital du district de Long, dans la province de Luang Namtha ; elle a obtenu en 2017 son diplôme au sein d’un programme de formation en soins obstétriques de l’UNFPA.

En tant que sage-femme Akha, Mme Jepeu rejoint les rangs de plus en plus étoffés de professionnel·le·s de santé en République démocratique populaire lao qui associent formation d’excellence et connaissances culturelles pour aider les femmes issues des dizaines de communautés ethniques du pays. Nombre d’entre elles ont souvent été confrontées à de graves risques de santé maternelle à cause de la prévalence des naissances à domicile.

Selon le Lao Social Indicator Survey (une enquête statistique nationale) de 2017, plus d’un tiers des naissances en République démocratique populaire lao se produisent sans la supervision d’un·e prestataire de santé qualifié·e, ce qui reflète à la fois l’omniprésence de pratiques traditionnelles d’accouchement et les obstacles existants dans l’accès aux soins proposés par les établissements de santé. De nombreuses femmes vivent loin des centres de santé ou ne disposent pas de moyens de transport pour s’y rendre. La barrière de la langue et les difficultés financières comptent aussi parmi les facteurs dissuasifs.

« J’encourage les femmes à accoucher dans les structures de santé pour que mères et enfants soient en sécurité », déclare Mme Jepeu.

Les naissances sans l’assistance de personnel qualifié exposent les femmes à des risques de complications létales. On estime qu’en République démocratique populaire lao, 185 mères meurent pour 100 000 naissances vivantes, ce qui représente le 4e taux le plus élevé de mortalité maternelle de la région Asie-Pacifique.

Bien formées, les sages-femmes peuvent permettre d’éviter les deux tiers des décès maternels et infantiles, selon le rapport sur l’état de la pratique de sage-femme 2021. Malheureusement, en RDP lao, comme dans de nombreux autres pays du monde, le nombre de sages-femmes est insuffisant.

Le Dr Natalia Kanem, directrice exécutive de l’UNFPA, a évoqué le rôle essentiel des sages-femmes dans la société en déplorant leur pénurie le 18 septembre dernier, à l’occasion d’un événement parallèle à la 77e Assemblée générale de l’ONU, PUSH at UNGA: Rassembler les leaders féministes de toute la planète pour construire un monde avec plus de sages-femmes.

« Comblons les lacunes des soins obstétriques et construisons une main d’œuvre mondiale solide dans la santé reproductive, avec un million supplémentaire de sages-femmes », a-t-elle exhorté.

Un travailleur de la santé assiste un patient.
Mme Jepeu à son bureau en compagnie d’une jeune mère. © UNFPA RDP lao

Les sages-femmes sauvent des vies

Malgré les difficultés, la présence de femmes comme Mme Jepeu représente un progrès essentiel. En 2007, il n’y avait que 100 sages-femmes dans toute la RDP lao, selon les données du ministère de la Santé.

L’UNFPA travaille avec le gouvernement pour aider la formation et le déploiement des sages-femmes dans tout le pays, en particulier dans les zones rurales, où vivent les deux tiers de la population. Ce partenariat a permis de constituer une main d’œuvre de plus de 1 800 sages-femmes en 2020.

Ces efforts ont donné des progrès significatifs dans la santé des femmes et des mères. Le taux de mortalité maternelle de la RDP lao est ainsi passé de 357 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2012 à 185 en 2017.

Bien plus que des accouchements médicalisés

Les sages-femmes font bien plus qu’aider les femmes à accoucher.

Ainsi, Mme Jepeu s’associe aux équipes du district pour faire de la sensibilisation dans les villages des environs de l’hôpital du district de Long, pour parler de sujets tels que les contraceptifs et les soins prénatals, ainsi que pour faire reculer les normes néfastes, comme la croyance selon laquelle accoucher de jumeaux est signe de malchance. 

Aux côtés d’autres sages-femmes issues des minorités ethniques du pays, dont certaines sont retournées exercer dans leur village natal, Mme Jepeu partage son expertise tout en gardant à l’esprit les spécificités culturelles de sa communauté.

« J’encourage les femmes Akha à allaiter pendant au moins six mois », dit-elle, remarquant que beaucoup étaient réticentes à le faire car il leur était difficile d’assurer à la fois l’allaitement et leurs autres responsabilités, comme le travail agricole.

Lorsqu’un cas difficile se présente, le contact est possible par l’intermédiaire d’une ligne d’assistance, et les sages-femmes développent des stratégies pour le prendre en charge. Cette approche a permis de combler le fossé entre la communauté Akha et les services de santé, et de surmonter une barrière linguistique souvent énorme.

« Depuis qu’il y a des sages-femmes Akha, les patientes Akha sont plus à l’aise pour venir et demander de l’aide », explique Mme Jepeu. « Les moments où je suis le plus fière sont ceux où je vois des femmes accoucher dans un établissement dédié, encadrées par du personnel qualifié, ce qui prévient toute complication. »

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