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« J’ai cru que j’allais mourir » : en Syrie, le conflit empêche l’accès aux soins des femmes enceintes

Ruqayya et son bébé se reposent à la clinique de l’association Pan-Armenian Charity, près du camp de réfugiés d’Al-Areesheh, dans le nord-est de la Syrie. © UNFPA Syrie
  • 26 Juillet 2017

DAMAS, Syrie – Ruqayya était enceinte lorsqu’elle a fui Deir ez-Zor (ville en proie au conflit au nord-est de la Syrie) avec son mari et ses deux jeunes enfants. La famille a trouvé refuge au camp de Al-Areesheh, dans le gouvernorat de Al-Hasakah, mais ce ne sont pas les seules épreuves que Ruqayya a dû traverser. Il y a deux semaines, lorsque le travail a commencé, elle s’est vite rendue compte que quelque chose n’allait pas. « J’ai cru que j’allais mourir avant que mon bébé ne vienne au monde », a expliqué Ruqayya à l’UNFPA. « J’ai échappé à la mort dans ma ville, mais j’ai cru qu’elle m’avait rattrapé pendant l’accouchement. »

« Elle était sur le point d’accoucher et il était urgent de pratiquer une césarienne », explique Maan Al-Hosen, coordonnateur de l’UNFPA.

Le camp d’Al-Areesheh accueille entre 3 500 et 4 000 réfugiés, mais il est récent et ne comporte pas encore d’établissements de santé.  

La fille de Ruqayya est née en urgence par césarienne dans un établissement de santé à l’extérieur du camp. © UNFPA Syrie 

« Malheureusement, il n’y a pas d’établissements sanitaires fixes dans le camp », déplore M. Al-Hosen. Les femmes enceintes ne peuvent pas compter sur un accès aux soins prénatals, les jeunes mères manquent de suivi postnatal et de soins pour les nouveau-nés.

Selon les experts, l’alimentation de nombreuses femmes enceintes et allaitantes est également insuffisante. Elles manquent aussi souvent de produits d’hygiène de base.

Le 10 juillet dernier, une étude de l’UNFPA et d’agences partenaires des Nations Unies a établi que les conditions humanitaires du camp se détérioraient, en soulignant notamment des risques environnementaux tels que la mauvaise qualité de l’eau et des infrastructures sanitaires. 

Intervenir pour apporter du secours

L’UNFPA et ses partenaires ont donc amélioré les services dans le camp.

« L’UNFPA est la seule organisation qui travaille avec l’OMS [Organisation Mondiale de la Santé] et fournit des services sanitaires », a dit M. Al-Hosen.  

L’UNFPA et l’OMS financent deux équipes mobiles, qui fournissent divers services de santé au sein du camp, notamment en termes de santé reproductive, pour éviter les accouchements à risque.

Les équipes mobiles fournissent aussi des services psychosociaux, qui sont essentiels pour répondre aux besoins émotionnels et psychologiques des réfugiés du camp, qui ont connu beaucoup d’épreuves et ont souvent perdu des proches.

« La seule façon de comprendre les traumatismes et les besoins des gens est d’en parler avec eux », explique Massimo Diana, délégué de l’UNFPA en Syrie.

Dans le gouvernorat d’Al-Hasakah, l’UNFPA soutient sept équipes mobiles, sept cliniques et trois espaces protégés pour les femmes et les jeunes filles. © UNFPA Syrie

Au 18 juin, les équipes avaient pu entrer contact avec 1 700 réfugiés. Au cours du mois dernier, l’UNFPA a pu livrer 500 trousses d’hygiène, contenant des produits essentiels (savon, sous-vêtements et serviettes hygiéniques) et fournir plus de 700 services de santé.

Ces efforts font partie d’une réponse plus globale de l’UNFPA aux besoins humanitaires de la Syrie. Dans le gouvernorat d’Al-Hasakah, l’UNFPA travaille par exemple avec neuf associations syriennes pour fournir des services de secours, avec un total de sept équipes mobiles, sept cliniques, et trois espaces protégés pour les femmes et les jeunes filles. 

Échapper à la mort une fois de plus

Quant à Ruqayya, elle a pu échapper à la mort encore une fois.

Le 12 juillet, on l’a transférée à la clinique la plus proche, un établissement géré par l’association Pan-Armenian Charity, avec l’aide de l’UNFPA.

Elle y a donné naissance à une petite fille en toute sécurité.

Par la suite, des membres de l’UNFPA lui ont rendu visite sur place, où elle et son bébé se rétablissent bien.

Comme toutes les mères, elle est partagée entre espoirs et craintes pour l’avenir de son enfant. Pour lui donner toutes ses chances, elle lui a donné un prénom chargé d’une signification particulière.

« Elle s’appelle Hala », explique Ruqayya en posant délicatement son bébé sur son bras, « comme la psychologue qui m’a aidée alors que je pensais être seule au monde. »

Traduit de l'anglais par Marie Marchandeau

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