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Les femmes malgaches portent les stigmates du mariage d’enfants et de ses conséquences

Alphonsine vit depuis 20 ans avec une fistule obstétricale qui l’a rendue incontinente. Elle vient de subir une chirurgie réparatrice mais devra être à nouveau opérée. Photo : UNFPA Madagascar
  • 10 Octobre 2012

TULÉAR, Madagascar – Madagascar possède l’un des taux les plus élevés de mariage d’enfants dans le monde, une pratique entraînant des effets dévastateurs sur la vie des jeunes filles concernées. C’est le cas d’Alphonsine, une femme de 35 ans mariée de force à l’âge de 16 ans lors d’une cérémonie traditionnelle et qui continue de souffrir des terribles épreuves qui lui ont été infligées.

« Je suis tombée enceinte peu de temps après mon mariage, mais j’ai eu des complications au moment de l’accouchement. Hélas, mon bébé était mort-né », explique Alphonsine.

De plus, le travail compliqué et prolongé a provoqué une fistule, c’est-à-dire une perforation de la filière pelvienne entraînant une fuite incontrôlée d’urine. La fistule obstétricale est l’une des conséquences les plus dévastatrices du mariage d’enfants car elle touche particulièrement les jeunes filles. Les femmes qui souffrent d’une fistule obstétricale font souvent l’objet de discrimination au sein de leur communauté.

« Mon mari m’a abandonnée dès l’apparition de la fistule. Pendant plusieurs années, je me suis sentie terriblement malheureuse et les gens se moquaient de moi car je sentais l’urine », se souvient Alphonsine.In 2011, Alphonsine was given a fistula surgery through UNFPA’s Campaign to End Fistula. This has alleviated some of her suffering, but she is still in need of a second surgery.

En 2011, Alphonsine a pu bénéficier d’une intervention chirurgicale pour traiter sa fistule dans le cadre de la Campagne pour éliminer les fistules, coordonnée et dirigée par l’UNFPA. Cela a allégé certaines de ses souffrances mais elle doit encore subir une nouvelle opération.

Des coutumes profondément ancrées
Madagascar a adopté une nouvelle loi en 2007, fixant l’âge légal du mariage à 18 ans pour les filles et les garçons. Auparavant, les filles pouvaient être mariées dès l’âge de 14 ans et les garçons à partir de 17 ans. Cependant, le mariage d’enfants reste monnaie courante, notamment dans les zones rurales où les cérémonies de mariage traditionnelles sont très pratiquées. D’après un récent rapport de l’UNFPA, près de la moitié des femmes malgaches (48 %) âgées de 20 à 24 ans ont été mariées ou ont vécu avec un homme avant l’âge de 18 ans.

Le mariage d’enfants a plusieurs effets néfastes sur le bien-être général des jeunes filles qui ne sont pas prêtes, psychologiquement, émotionnellement et physiquement, pour la vie conjugale. Ces dernières sont plus susceptibles d’avoir un enfant à un âge précoce, ce qui augmente le risque d’infections sexuellement transmissibles (comme le VIH), de mortalité maternelle et de fistule obstétricale, comme le montre le cas d’Alphonsine. Les complications liées à la grossesse et à l’accouchement sont la principale cause de décès chez les jeunes filles de 15 à 19 ans.

Publication de l’analyse statistique du mariage d’enfants le 11 octobre, Journée internationale de la fille.

 

Les filles ne peuvent pas dire non
Zara, 38 ans, a aussi été mariée de force à l’âge de 15 ans. « J’ai été obligée d’accepter sinon ils m’auraient jeté un sort », raconte-t-elle. « Les mariages forcés sont encore très courants dans mon village et les filles ne peuvent pas refuser. Les grossesses précoces sont aussi fréquentes, même chez les filles de 14 ans », explique Zara.

Un an après son mariage, alors qu’elle n’avait que 15 ans, Zara est tombée enceinte de son premier enfant. Comme pour Alphonsine, Zara a souffert d’un arrêt du travail prolongé et le bébé est mort-né. Peu après l’accouchement, Zara a découvert qu’elle aussi souffrait d’une fistule. Comme de nombreuses femmes dans ce cas, le mari de Zara l’a quittée. Pendant plus de 20 ans, elle a vécu dans la misère en raison de sa blessure. Comme Alphonsine, elle a pu être opérée en 2011 dans le cadre de la Campagne pour éliminer les fistules de l’UNFPA, et elle est aujourd’hui guérie.

Un programme de formation destiné aux victimes
Dans le cadre de son programme de lutte contre la violence sexiste, l’UNFPA travaille avec la police, les décideurs politiques, les associations de femmes, les communautés locales et les chefs coutumiers malgaches pour sensibiliser à la violence sexiste, et notamment au mariage d’enfants. Tous les acteurs sont encouragés à respecter l’âge légal du mariage.

Alphonsine vit toujours seule dans la pauvreté mais elle participe à un programme conjoint de l’UNFPA et de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui vise à réintégrer dans leur communauté les femmes et les filles qui ont subi une chirurgie de réparation de la fistule et/ou qui ont été victimes de violence sexiste en les formant à un métier ou en les aidant à acquérir de nouvelles compétences.

« J’aimerais vendre du poisson ou monter ma propre entreprise. J’espère que cela me permettra d’avoir un avenir meilleur. »

-- Reportage de Borghild Berge et Guifty Banka, UNFPA Madagascar

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