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Libérée de la violence après un mariage forcé
- 25 Avril 2018
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ANKARA, Türkiye - A la mort de son père, Rima a été également privée de son bonheur et de son indépendance.
Elle n'avait que 13 ans et vivait en Syrie à l'époque. Ses oncles l’ont prise en charge, imposant des règles strictes. Ils l'ont forcée à abandonner l'école à 14 ans, et lui ont interdit de quitter la maison.
« C'était comme une assignation à résidence », a-t-elle dit.
À 16 ans, elle a été forcée d'épouser un homme qui la brutalisait physiquement et verbalement. Quand elle a demandé le divorce, il a refusé et est devenu encore plus violent.
La guerre en Syrie a contraint sa famille à fuir vers la Türkiye, et le stress du déplacement a aggravé sa situation.
Enceinte de son deuxième enfant, Rima a essayé de se suicider en prenant une trop grande quantité de pilules, mais elle a été découverte et emmenée à l'hôpital.
Mais un jour, Rima a réussi à s'échapper.
La mère de deux enfants âgée de 22 ans avait appris le turc alors qu'elle était encore en Syrie et ses compétences se sont améliorées avec le temps. Ainsi, elle a pu demander l'aide des autorités turques.
Elle a dénoncé les abus de son mari, a emménagé dans un refuge pour femmes et a demandé le divorce - elle a tout de même perdu la garde de ses enfants.
Elle a également visité un espace sécurisé pour femmes et filles soutenu par l'UNFPA, qui offre aux réfugiés une variété de services, y compris un soutien psychosocial, des cours, des informations sur la pratique de soins de santé, ainsi que sur la santé sexuelle et reproductive.
L'UNFPA a mis en place trente-neuf de ces espaces sécurisés dans toute la Türkiye depuis 2017, avec le soutien des opérations de protection civile, d'aide humanitaire de l'Union européenne (ECHO) et des gouvernements du Japon et de la Suède.
Les compétences bilingues de Rima se sont avérées être un grand atout. Elle a été embauchée pour travailler comme médiatrice dans le domaine de la santé, devenant l'une des 166 femmes syriennes formées pour aider d'autres femmes et filles réfugiées à recevoir des soins.
À mesure que la confiance de Rima augmentait, ses ambitions croissaient. « J'étudie pour travailler en tant que traductrice », a-t-elle dit.
Grâce à ses revenus et au soutien juridique qu'elle reçoit au centre, elle est prête à reprendre la bataille judiciaire pour récupérer la garde de ses enfants.
« Maintenant, je cherche une nouvelle maison où je peux vivre heureuse avec mes enfants », a déclaré Rima.
Je vais enfin avoir ma propre vie dont j'ai rêvé pendant tant d'années.
Amira travaille comme médiatrice de la santé dans un espace sécurisé pour les femmes et les filles en Türkiye, aidant d'autres femmes réfugiées. © UNFPA Türkiye
Amira a enduré une histoire douloureusement similaire.
Tout comme Rima, elle avait été soumise à un mariage d'enfants en Syrie. À seulement 14 ans, elle a accepté de se marier pour que sa mère, mourante, puisse assister à son mariage.
Son mari l'a isolée de sa famille et l'a agressée physiquement. Amira elle aussi était enceinte de son deuxième enfant quand elle a essayé de se suicider. Elle s'est poignardée avec un couteau, mais, comme Rima, elle a survécu.
La famille d'Amira a également fui en Türkiye pour échapper au conflit syrien.
Mais pour Amira, le stress du déplacement était écrasant. « Je n'avais rien à espérer. Je n'avais personne sur qui compter et j'avais peur de tout », se souvient-elle.
« Je ne pouvais pas parler la langue, alors chaque fois qu'on me posait une question, je hochai simplement la tête en silence. Je me sentais comme s'il y avait un milliard de choses qui se passaient autour de moi dont je ne faisais pas partie, ou dont je n'en avais pas conscience - comme si le monde existait sans moi. »
Un jour, elle a visité un endroit sûr, cherchant des informations sur les vaccinations pour ses enfants. Durant sa visite suivante, elle a parlé à un travailleur social. Ensuite, elle a assisté à une séance de formation et a finalement rencontré un psychologue.
« Plus je parlais au personnel de l'espace sécurisé des femmes et des filles, plus je me sentais libéré", a déclaré Amira. "Grâce à leurs conseils, mes craintes ont disparues une à une. »
Aujourd'hui, Amira a appris le turc. Son mari a cessé de la maltraiter. Selon elle, son changement est dû à la sécurité qu'ils ont trouvé en Türkiye.
Elle est également devenue un médiateur de la santé dans l'espace sécuritaire et affirme que cette l'expérience a changé sa vie.
« J'avais l'impression de renaître, parce que je pouvais enfin m’affirmer et prendre mes propres décisions sur la façon dont je devrais gérer ma vie », a-t-elle dit. « Je fais partie de la communauté dans laquelle je vis, et mes enfants sont fiers de moi. »
* Les noms ont été changés pour le respect de la vie privée