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Mariage d’enfants et mutilations génitales féminines : deux priorités urgentes en pleine pandémie
- 01 Février 2021
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NATIONS UNIES, New York – Février est un mois chargé pour les commerces qui promettent « une fin heureuse » aux filles du monde entier. Pour des dizaines de millions d’entre elles, pourtant, ce n’est qu’un conte de fées irréel. Leur enfance prend fin non pas avec une romance digne d’une fiction, mais avec des rites de passages tels que le mariage d’enfants ou les mutilations génitales. On estime que ces pratiques se sont accrues avec la pandémie de COVID-19, qui déscolarise les filles et fait tomber leurs familles dans la pauvreté.
Il existe un consensus international très fort selon lequel le mariage d’enfants et les mutilations génitales féminines sont des violations des droits de la personne qu’il faut éliminer, mais ces pratiques persistent encore. Dans le monde entier, près de 200 millions de femmes et de filles ont déjà subi des mutilations génitales, et près de 4 millions de filles risquent de la subir chaque année. Près de 650 millions de femmes ont été mariées avant d’avoir 18 ans, et des dizaines de milliers de filles sont encore mariées chaque jour.
L’an dernier, l’UNFPA et ses partenaires ont estimé que la pandémie allait sans doute retarder les efforts visant à éliminer ces deux pratiques. Ces retards pourraient avoir pour conséquence 2 millions de cas de mutilations génitales féminines de plus en une décennie, qui auraient pourtant pu être évités. En ce qui concerne les efforts pour mettre fin au mariage d’enfants, leur retard conjugué à une pauvreté en augmentation pourrait provoquer 13 millions de mariage d’enfants supplémentaires sur cette même décennie.
Les défenseur·e·s des droits intensifient leurs efforts pour éviter que ces sinistres prédictions ne se réalisent.
Le 6 février est la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, et la Saint-Valentin, le 14, est traditionnellement un moment où les militants et militantes contre le mariage d’enfants alertent sur les mariages précoces. Cette année, les défenseur·e·s des droits appellent les leaders, membres des communautés et parents à agir avec détermination contre ces deux pratiques. Il est grand temps, déclarent-ils, de donner aux filles le pouvoir de disposer elles-mêmes de leur corps et de leur avenir.
Chinara Kojaeva, aujourd’hui âgée de 20 ans, a choisi sa voie. Elle a échappé par deux fois au mariage d’enfants dans son pays natal, la Géorgie, à l’âge de 14 puis 17 ans. « Ce n’est pas à eux de décider de ma vie », déclare-t-elle.
Ensemble, l’UNFPA et l’UNICEF cogèrent deux des plus grandes collaborations mondiales pour éliminer ces pratiques.
Le programme conjoint UNFPA-UNICEF contre les mutilations génitales féminines opère dans 16 pays où ces pratiques affichent une forte prévalence. En 2019, les efforts du programme ont permis la déclaration publique d’abandon des mutilations génitales féminines par plus de 2,8 millions de personnes issues de 3 362 communautés.
Au Kenya, l’un des pays membres du programme, les anciennes exciseuses sont mobilisées pour lutter contre une pratique dont elles ont autrefois profité. « Après une nuit de chant et de danse, les filles étaient réveillées à l’aube et se lavaient. Nous les emmenions ensuite à l’étable où je procédais à l’opération », explique Kokarupe Lorwu, qui a pratiqué des mutilations génitales féminines pendant 20 ans.
C’est sa grand-mère, elle-même exciseuse, qui lui a transmis cette tradition. Une fois qu’elle a appris quels étaient les effets de la pratique (hémorragies, infections, décès parfois), Mme Lorwu n’a plus touché ses outils.
Le Programme conjoint UNFPA-UNICEF pour mettre fin au mariage d’enfants opère quant à lui dans 12 pays réunissant 300 millions des épouses enfants passées et présentes du monde entier. Entre 2016 et 2019, le programme mondial a permis d’aider 7,9 millions de filles grâce à des programmes d’autonomisation les informant de leurs droits et notamment de celui à disposer de leur corps, ainsi que des dangers du mariage d’enfants. 240 millions de personnes ont également été sensibilisées à cette question grâce à des campagnes d’information dans les médias.
Au Népal, qui fait partie du programme, Bindu Kumari a été mariée à l’âge de 17 ans.
« Les filles étaient considérées comme un fardeau pour la famille, et tout investissement financier en faveur d’une fille était considéré inutile », a-t-elle récemment expliqué à l’UNFPA.
Elle est par la suite devenue une responsable élue au sein de sa municipalité. Aujourd’hui, elle appelle les parents à éduquer leurs filles. « Ce n’est pas à vous de leur refuser l’éducation », déclare-t-elle. « Vous n’avez pas à les forcer à se marier précocement ».
Les leaders comme Mme Kumari sont déterminées à changer les choses, mais il reste encore beaucoup à faire, car la pandémie menace ces progrès durement acquis.
Les communautés et les pays doivent s’unir contre ces pratiques.
C’est ce que tente de faire en Türkiye Nuray Ergin, médiatrice dans la santé. « Nous faisons du porte-à-porte, nous quadrillons les quartiers, nous informons les gens, et nous mettons fin au mariage précoce », raconte-t-elle. « Nous dirons non, tous ensemble ».
En Indonésie, Lisyowati est militante et aide à sensibiliser sa communauté aux droits des femmes et à la nécessité de mettre fin aux mutilations génitales féminines. « Sauvez les filles de toutes les formes de violence », déclare-t-elle. « Leurs corps sont à elles, pas à vous ».