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Un an après la fin d'Ebola, les sages-femmes contribuent à la réparation du système de santé en Sierra Leone
- 19 Juin 2017
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FREETOWN, Sierra Leone – La terrible épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest a pris fin il y a un an. Cette crise a coûté la vie à plus de 3 900 Sierra-Léonais, et les systèmes de santé en ont énormément souffert. Pourtant, le véritable coût de l’épidémie est autrement plus élevé.
Avec les bouleversements de la santé sexuelle et reproductive et la crainte répandue d’une infection par les personnels de santé, des milliers de femmes et de jeunes filles se sont retrouvées sans aucun service de santé maternelle ni de planification familiale.
Le taux de mortalité maternel du pays, déjà le plus élevé du monde selon les chiffres des Nations Unies de 2015, a sans doute augmenté pendant l’épidémie. Ainsi, des milliers d’adolescentes n’ayant pas accès à une santé reproductive adaptée aux jeunes sont tombées enceintes et ont dû quitter les bancs de l’école.
Aujourd’hui, l’UNFPA, en partenariat notamment avec le gouvernement de la Sierra Leone, s’est donné pour mission de rendre aux jeunes filles un accès à la santé reproductive et à l’école.
L’UNFPA soutient deux écoles de sages-femmes, pour former une nouvelle génération d’accoucheurs qualifiés. © Olivia Acland, Nations Unies
Le virus Ebola a tué plus de 200 personnels de santé en Sierra Leone, dont 56 sages-femmes.
« Avant Ebola, nous avions déjà un nombre limité de sages-femmes », explique Margaret Mannah-Macarthy, une experte de l’UNFPA, « et nous en avons encore moins aujourd’hui ».
L’UNFPA soutient désormais des écoles de sages-femmes à Freetown et à Makeni. 80 à 90 élèves devraient en sortir diplômés chaque année.
Les sages-femmes de ces écoles pourront apporter de nombreux services aux femmes enceintes, depuis les soins prénatals jusqu’à l’accouchement et aux soins postnatals.
Les élèves seront également formés pour fournir des services de santé reproductive à toute la communauté – soins néonatals, conseils en matière de planification familiale et diagnostic des infections sexuellement transmissibles.
Certains élèves sages-femmes veulent aussi faire de la sensibilisation. « Je veux aider les communautés à avoir moins peur de venir à l’hôpital », explique Jeneba Sia Bundo, une étudiante sage-femme de 29 ans.
A l’Ecole Nationale de Sages-Femmes, l’une des institutions soutenues par l’UNFPA, le programme prévoit une formation plus rigoureuse que celle qui existait auparavant.
« Le virus Ebola a souligné les grandes lacunes du programme que nous proposions aux sages-femmes », a expliqué la directrice de l’école, le Dr. Joan Shepherd. « Avant, la prévention des infections n’était pas suffisante.
Aujourd’hui, nous envisageons les mesures de précaution comme un standard absolu », a-t-elle ajouté.
Les étudiantes sages-femmes Jeneba Sia Bundo et Ramatualai Jalloh. © Olivia Acland, Nations Unies
La crise provoquée par Ebola a aussi rendu les jeunes filles vulnérables à la grossesse, non seulement à cause de la limitation des services et de l’information en matière de santé reproductive, mais aussi parce que la protection sociale s’est effondrée. Leur vulnérabilité aux violences basées sur le genre a augmenté.
Plus de 18 000 jeunes filles sont tombées enceintes au cours de cette crise. En Sierra Leone, il leur est interdit de fréquenter l’école si leur grossesse est visible, elles sont ainsi contraintes d’abandonner leur scolarité.
Grâce à des financements de l’Irish Aid, l’UNFPA et le ministère de la santé ont pu informer les jeunes filles sur la santé sexuelle et reproductive. Celles qui étaient enceintes ont aussi reçu des soins pré et postnatals et ont pu bénéficier d’un accouchement sans risques. Elles ont également été accompagnées dans leur retour à un enseignement scolaire.
De plus, grâce au ministère de la protection sociale, de la condition de la femme et de l’enfance, les jeunes filles ayant souffert de violences basées sur le genre – quelles qu’elles soient – ont pu bénéficier d’une aide psychosociale pour leur rétablissement et leur réinsertion.
En concertation avec un programme de l’UNICEF et du ministère de l’éducation qui prolonge la scolarité des jeunes filles enceintes, ces efforts ont permis de faire en sorte que les adolescentes puissent retourner à l’école malgré leur grossesse.
Aujourd’hui, plus de 11 114 jeunes filles ont repris leur scolarité.
Traduit de l'anglais par Marie Marchandeau