Actualités
Aider les jeunes de Tanzanie à être autonomes et à choisir leur propre voie
- 08 Octobre 2024
Actualités
RÉGION DE KIGOMA, République unie de Tanzanie – Melania Zambiliti voulait quelque chose d’autre pour elle et sa famille – cette jeune mère de deux enfants, qui travaillait à temps partiel comme femme de ménage dans un restaurant de son village du district de Kakonko, vivait avec sa belle-famille et avait du mal à joindre les deux bouts.
Lorsqu’elle a eu l’occasion de rejoindre une organisation locale visant à améliorer les conditions de vie des jeunes de sa région, elle n’a pas hésité.
Le groupe Upendo a été lancé par Stephen Bikoko, pair-éducateur tanzanien de 30 ans, qui se consacre à rendre autonomes les jeunes de sa communauté en leur transmettant des connaissances et des compétences qui leur permettent de choisir leur voie, leur métier et leur famille.
Des études montrent qu’en République unie de Tanzanie, 29 % des femmes de 20 à 24 ans étaient déjà mariées à 18 ans, et 22 % des filles de 15 à 19 ans avaient déjà eu au moins un enfant. Le mariage et la maternité précoces signifient que l’éducation des filles est souvent interrompue, ce qui limite leurs perspectives économiques et perpétue le cycle de la pauvreté.
Les jeunes filles ne sont pas les seules à avoir besoin d’aide. Si des efforts se poursuivent depuis plusieurs décennies pour mettre en place dans les écoles une éducation complète à la sexualité, c’est-à-dire des informations en matière de droits et de santé sexuelle et reproductive qui soient adaptées aux différents âges et à la culture, des manques se font encore sentir. Ainsi, moins de la moitié des jeunes de 15 à 24 ans disposent des informations nécessaires pour se prémunir du VIH.
C’est là que le programme de M. Bikoko fait toute la différence.
Protéger les jeunes
M. Bikoko a lancé le groupe Upendo lorsqu’il n’avait que 20 ans, après avoir assisté à une formation « Protéger les jeunes », au cours de laquelle il a appris beaucoup de choses sur la santé sexuelle et reproductive, la violence basée sur le genre et l’entrepreneuriat. Ce programme est géré par l’organisation Kiota Women’s Health and Development, et soutenu par la Suisse et l’UNFPA, l’agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproductive.
« Mon engagement va au-delà du groupe Upendo », déclare-t-il à l’UNFPA. « Je me suis impliqué dans des activités communautaires et j’ai pris position sur des questions importantes. Ma voix a trouvé un écho auprès des leaders de la communauté et cela les a poussé·e·s à agir et à investir des ressources là où il y en avait le plus besoin. »
Armé de ses nouvelles compétences, M. Bikoko a créé son groupe pour encourager les jeunes à poursuivre leurs études et à envisager des projets d’entreprise.
Mme Zambiliti faisait partie de ces jeunes et était déterminée à absorber tous les savoir-faire économiques et financiers pour subvenir elle-même à ses besoins et à ceux de sa famille. Aujourd’hui, elle a 22 ans et son entreprise est florissante.
« Après avoir rejoint le groupe, j’ai commencé à cultiver du tournesol, et l’argent généré m’a aidé à construire cette maison », déclare-t-elle.
Permettre aux jeunes de vivre en autosuffisance
La famille et les ami·e·s de Mme Zambiliti ont été très inspiré·e·s par le changement positif dans sa vie ; mais elle ne s’est pas arrêtée là. « Le groupe Upendo m’a aussi appris à comprendre la santé reproductive. Je peux désormais décider combien d’enfants je veux avoir et quand. »
Elle a décidé de commencer à utiliser des contraceptifs modernes et tient à pouvoir subvenir aux besoins de la famille qu’elle choisira d’avoir.
Les jeunes membres du groupes gagnent leur vie, mais ont aussi développé un sentiment très fort d’appartenance et un but, explique M. Bikoko. « Voir ces jeunes se rassembler pour apprendre et travailler, c’était formidable. Nous avons par exemple élevé des poulets et des chèvres et cultivé la terre. Cela nous a fourni des revenus et a démontré toute la force qu’on peut avoir lorsqu’on travaille ensemble. »
Le groupe milite également contre la violence basée sur le genre et les pratiques néfastes, et défend l’importance de la sensibilisation au VIH. « Depuis que je me suis informé sur la violence basée sur le genre, j’ai proposé plusieurs sessions de formation de groupe dans la communauté », précise M. Bikoko.
L’un de ces groupes est composé de conducteurs de boda bodas, des motos. Les boda bodas sont typiquement conduites par des jeunes défavorisés, qui se font un peu d’argent en transportant des gens sur leur moto, mais le caractère informel de leur travail et le fait de conduire de nuit peut les exposer à l’exploitation et aux abus sexuels.
Grâce au mentorat de M. Bikoko, ils ont appris comment demander un prêt que le conseil local accorde aux jeunes, aux femmes et aux personnes en situation de handicap qui veulent lancer leur propre entreprise.
« C’est arrivé exactement quand j’en avais besoin », affirme Joto Buberwa, originaire du district de Kakonko. Il explique avoir vécu des situations très inconfortables : des passager·e·s refusaient de payer pour les trajets et proposaient plutôt des relations sexuelles en échange.
« En tant que conducteur de boda boda, je rencontre des femmes qui parfois [m’en demandent trop]. C’est très important d’avoir le courage de dire non. Grâce à la formation de M. Bikoko, j’ai ce courage désormais. »
Défendre les droits sexuels et reproductifs
Le programme « Protéger les jeunes » est mis en œuvre dans tout le territoire continental de Tanzanie et à Zanzibar, en se concentrant sur les régions présentant de forts taux de grossesses adolescentes, d’infections VIH chez les adolescent·e·s et de mariage d’enfants.
L’initiative de M. Bikoko a déjà aidé des centaines de jeunes dans son district en leur donnant des connaissances approfondies en matière de santé sexuelle et reproductive, en leur apprenant à reconnaître, prévenir et prendre en charge la violence basée sur le genre et les pratiques néfastes et en les sensibilisant au VIH.
« Je suis fier d’avoir eu un impact durable dans la vie des jeunes ici », ajoute M. Bikoko. « Disposer de ces connaissances nous permet de faire des choix qui nous aideront à réaliser nos rêves. »