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Les Besoins en Ressources Financieres de L'Afrique Pour la Mise en Oeuvre du Programme D'Actions de la Conference Internationale sur la Population et le Developpement

Resource date: Aug 1994

Estimations preliminaires

Note d'information

Preparee par

L'Organisation de l'Unite Afrique (OUA)

et

La Commission Economique pour l'Afrique (CEA)

Aout 1994

A. Introduction

1. Cette note d'information traite des besoins en ressources financieres de l'Afrique pour la mise en oeuvre du Programme d'Action qui sera adopte a la Conference internationale sur la population et le developpement (CIPD) devaient se tenir sous les auspices des Nations Unies au Caire, Egypte, du 5 au 13 Septembre 1994.

2. L'estimation des ressources financieres destinees aux activites demographiques est une tache difficile et incertaine cernee de nombreux problemes insolubles et tres complexe. En effet, il n'existe toujours pas de consensus, entre les demographes sur la methodologie a adopter dans ce domaine. Dans presque toutes les regions du monde, il reste beaucoup de lacunes dans les donnees relatives aux variables de la population et dans la determination des facteurs qui sous-tendent sa dynamique. La qualite et la quantite de donnees et de recherches demographiques different selon les diverses regions du monde. En Afrique, continent qui abrite un peu plus de 12% de l'humanite et qui se caracterise par le rythme de croissance demographique le plus eleve de l'histoire, la qualite et la quantite des statistiques et des recherches sur le rapport entre les diverses variables de la population d'une part, et entre ces variables, les indicateurs du developpement economique et social et les facteurs environnement restent regrettablement inadequats. II existe tout au plus un consensus sur l'existence de liens entre le systeme de valeurs et de principes moraux d'une societe donnee d'une part et les modeles de mariage et la taille ideale de la famille d'autre part; ou entre la taille ideale de la famille et les apprehensions des parents concernant la securite socio-economique et les chances de suivie de la mere et de l'enfant. au-dela de ces hypotheses intensives, il est presqu'impossible de preciser les liens qui existent entre ces facteurs, la dynamique du taux de fecondite et le taux de croissance demographique. En outre, il est pratiquement impossible de predire le rythme de transformation des systemes des valeurs sociales, ou la maniere dont une perception differente de ces apprehensions se traduira par des changements dans le comportement sexuel.

3. De plus, il n'existe pas de consensus sur ce qui devrait faire l'objet des politiques demographiques et ce que devrait comporter la gamme des activites demographiques. Cela s'explique par les liens inexplicables qui existent entre population et developpement socio-economique. Les activites demographiques devraient-elles couvrir la vaste gamme d'activites du secteur de la sante, y compris les soins de sante primaires (tels que les programmes intensifs d'immunisation, d'assainissement, d'orientation de la population vers un mode de vie plus sain etc), les interventions cliniques curatives de base pour contrecarrer les infections ordinaires et autres maladies faciles a traiter, les services de planification familiale, l'assistance aux meres et aux enfants, l'assistance aux personnes agees et meme, les interventions medicales couteuses a l'hopital pour le traitement du cancer, des maladies cardiaques ou affectant d'autres organes vitaux, et des victimes des accidents? Faut-il considerer toute la gamme d'activites du secteur de l'education, qu'il s'agisse des campagnes d'alphabetisation, de l'education de base des adolescents, du cycle post secondaire, de l'enseignement technique ou de la formation professionnelle comme devait faire l'objet d'activites de population, compte tenu de leur impact sur le developpement, des aptitudes humains, des facilites cognitives et des valeurs et attitudes socio-politiques qu'affectent toutes les variables critiques de la population, telles que la taille ideale de la famille et sa composition? D'une maniere generale, la question de la lutte contre la pauvrete et de l'amelioration continue du niveau de vie et de la qualite de vie en milieu rural et en milieu urbain doit-elle jouir d'une place centrale dans les activites demographiques? Ce sont la des questions difficiles sur lesquelles il n'existe pas de consensus universel.

4. La position de la CIPD est que la population et le developpement durable sont inter-dependants. La croissance demographique galopante impose des pressions excessives sur le volume des ressources environnementales renouvelables et non-renouvelables. Cela risque de compromettre le bien-etre de l'etre humain dans les annees et les decennies a venir et de mettre en danger la survie de l'humanite. Le developpement durable doit respecter la fragilite de l'ecosysteme et ses relations complexees. Il doit viser a exploiter les ressources ecologiques et autres ressources naturelles d'une maniere efficace et avec parcimonie, en evitant de depasser la capacite d'auto-regeneration de l'environnement et en veillant a minimiser les degats indirects dans l'exploitation des ressources non renouvelables. Le developpement durable exige donc une approche plus scientifique des activites de production, ainsi qu'une transformation radicale des modeles de consommation et de comportement humain et du systeme de valeurs en general. La necessite de transformer les modeles de production dans le sens d'une plus grand efficacite se fait sentir tant dans le pays industrialises riches que dans les pays moins avances quoique sous divers angles. Dans le premier cas, le souci primordial est de reduire radicalement les polluants industriels de l'atmosphere, des fleuves, des lacs et des oceans. Dans le second cas, il consiste a lutter contre les conditions de pauvrete absolue et contre l'ignorance qui minent les ressources ecologiques par l'utilisation de techniques de production destructives. L'enjeu du developpement dans le pays en developpement reside dans la garantie d'un meilleur acces a l'education, a l'information, aux services de vulgarisation rurale et a une technologie plus efficace et plus appropriee.

5. Le developpement durable est donc un processus a plusieurs facettes et a long terme qui doit etre traite sous divers angles. C'est ainsi que la conference des Nations Unies sur l'environnement et le developpement (CNUED) tenue a Rio de Janeiro, Bresil en juin 1992 a adopte Agenda 21 et des traites sur la biodiversite et les changements climatiques et s'est engagee a negocier un traite pour freiner la diversification. Ces documents definissent la strategie internationale devant guider le monde sur la voie du developpement durable. Par ailleurs, le Sommet mondial sur le Developpement social qui doit se tenir a Copenhague, Danemark en Mars 1995 se penchera sur les questions relatives au developpement social equitable et durable a l'echelle planetaire. D'autre part, le Secretaire General des Nations Unies, apres de laborieuses consultations avec diverses sources d'opinion a travers le monde, finalise actuellement un Agenda pour le developpement qui traite du rapport entre la paix et la stabilite, la croissance economique, l'environnement, la societe, la democratie et les droits de l'homme, aspects qui ont tous une influence sur le bien-etre de l'individu et sur sa securite d'une maniere generale. Concernant les questions relatives a la participation des femmes au developpement, ces dernieres seront examinees a la Conference mondiale sur les Femmes qui doit se tenir a Beijing, Chine, en Septembre 1995. La deuxieme conference internationale sur les etablissements humain (Habitat II) prevue a Istanbul, Turquie en juin 1996 se penchera, elle, sur les conditions de vie en milieu urbain et rural. Enfin, I'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a lance un appel pour convoquer un sommet mondial en 1996 sur la situation alimentaire mondiale devenue precaire compte tenu de la croissance demographique mondiale au vingt et unieme siecle et sa concentration en Afrique et dans les regions en developpement. en effet la population de l'Afrique doublera au cours des prochaines annees dans une region marquee par une insecurite alimentaire chronique.

6. Dans le contexte de tous ces efforts a l'echelle internationale, la CIPD qui doit se tenir au Caire, tout en etant pleinement consciente des vastes ramifications des questions de la population et du developpement a l'intention de se pencher plus specifiquement sur les questions de:

a) la satisfaction de la "demande non satisfaite" ou de la "preference reprimee" actuelle et future des couples maries et des femmes en age de reproduction, en matiere de services de planification familiale par la garantie de bons services et d'une plus vaste gamme d'options;

b) l'amelioration de la satne de la reproduction;

c) l'eradication des maladies sexuellement transmissibles et la lutte contre la propagation du VIH et du SIDA; et

d) l'actualisation continue des donnees des recherches relatives aux variables demographiques et la formulation et mise en oeuvre de politiques demographiques. L'estimation des besoins en ressources financieres du Programme d'Action qui sera examine par la CIPD a ete effectuee en vue de la realisation d'objectifs specifiques dans ces volets des activites demographiques.

7. II est a souhaiter qu'au cours de cette decennie, les debats qui s'engageront dans d'autres fora internationaux, sur d'autres aspects de la question du developpement durable centre sur l'etre humain et de l'eradication de la pauvrete, permettront l'evaluation et l'allocation des ressources requises pour briser les entraves du developpement non durable, surtout dans le region en developpement et en particulier en Afrique. II est cependant a craindre que certaines activites vitales relatives a la population et au developpement, mais a caractere multidisciplinaire, notamment la sante et l'education, ne soient negligees et non financees parce qu'elles n'ont pas pu etre localisees dans des programmes d'action specifiques.

8. Les priorites du financement requis dans le cadre du Programme d'Action de la CIPD sont conformes aux objectifs fixes par la Declaration de Dakar/NGOR (1) sur la population, la famille et le developpement durable dans le domaine de la fecondite et de la planification familiale [(1) Position africaine comme en preparation a la CIPD du Caire, adoptee par la Troisieme Conference Africaine sur la Population tenue a Dakar, Senegal, 7 au 12 decembre 1992]. Dans cette Declaration, les pays africains s'engageaient a creer un climat socio-economique propice et a faire preuve d'une volonte politique soutenue en faveur des politiques efficaces en matiere de fecondite en vue de:

i) fixer des objectifs a atteindre en matiere de fecondite et de planification familiale pour toutes les personnes en age de reproduction, et determiner les mesures a prendre pour reduire la fecondite si necessaire;

ii) instituer des mesures juridiques visant a ameliorer le statut des femmes et leur hygiene de reproduction;

iii) mettre en place de bons programmes de sante maternelle et infantile;

iv) assurer une bonne gestion et une etroite collaboration entre les secteurs publics et prives et les communautes pour la mise en oeuvre de programmes de sante maternelle et infantile et de planification familiale;

v) decentraliser les services de sante par le milieu urbain et rural

vi) Developper le systeme d'information, education et communication (IEC)

vii) renforcer les institutions s'occupant de la famille;

viii) repondre a la demande non satisfaite des adolescents et autres en moyens de planification familiale des adolescents; et

ix) susciter uen prise de conscience chez les femmes et les hommes concernant leurs responsabilites parantales communes.

B. Methodologie

9. Compte tenue de toutes les difficultes conceptuelles sus-mentionnees, a ce stade avance des preparatifs de la CIPD prevue au Caire, la CEA et l'OUA ont procede a l'examen des estimations relatives aux besoins en ressources financieres indiquees dans le Chapitre 13 du Programme d'Action de la CIPD. Les objectifs de cette note d'information sont:

- s'assurer que les estimations des besoins en ressources pour la region africaine sont basees sur des hypotheses et des projections realistes

- evaluer la part de l'Afrique dans le volume mondial de ressources financieres requises; et

- veuiller a l'equilibre entre ressources locales et ressources exterieures lors de la recherche des moyens de satisfaire les besoins en ressources financieres.

10. En se basant sur les lignes du Programme d'Action de la CIPD (2), les besoins financiers de l'Afrique ont ete evalues en fonction des quatre aspects suivants [(2) L'on trouvera de plus amples details sur l'evaluation des besoins en ressources financieres requises pour le Programme d'Action de la CIPD dans le document du FNUAP intitule: "Note d'information sur les besoins en ressources pour les programmes demographiques pour la periode de 200-2015";

23 juin 1994.] :

a) services de planification familiale

b) services de base en matiere de sante de reproduction

c) programme de prevention des maladies sexuellement transmissibles et du HIV/SIDA, et

d) collecte des donnees; recherche et analyse, population et mise en oeuvre de politiques demographiques et de developpement.

11. Conformement au projet de Programme d'Action de la CIPD, la composante des services de planification familiale doit couvrir les moyens de contraception et la fourniture des services; le perfectionnement des competences en matiere d'information, d'education et de communication dans le domaine de la planification familiale et de la population et developpement; la formation; le developpement de l'infrastructure et l'amelioration des facilites; la formulation de politiques et l'evaluation des programmes; la gestion des systemes d'information; les statistiques relatives aux services de base; les efforts accrus pour assurer de bons soins. Les besoins en ressources financieres sont bases sur les couts par usager de moyens de contraceptions. Ces couts varient selon le taux d'utilisation des contraceptifs lequel reflete l'etat d'avancement des services de planification familiale. Les usagers eventuels sont des femmes celibataires et mariees de l'age de reproduction se situant entre 15 et 49 ans. Grace a l'augmentation du taux d'usage des contraceptif, aux economies d'echelle, a l'infrastructure plus efficace et a la concurrence entre les divers services de planification, le cout par usager pourrait etre en baisse constante durant les deux prochaines decennies. Le taux d'usage des contraceptifs a ete evalue sur la base des efforts accrus qui seront deployes pour repondre a la "demande non satisfaite" et a l'amelioration des services qui stimule a son tour la demande. Ce processus devrait faire passer le taux d'usage des contraceptifs a 45.8% en Afrique subsaharienne et a 67.1% en Afrique du Nord d'ici l'an 2015 compare a une moyenne mondiale d'un peu plus de 69%

12. Le Tableau I reflete les estimations relatives aux couts par usager en Afrique dans le cadre du Programme d'Action de la CIPD. En se basant sur le critere de 28.33 dollars EU par usager en 1995-2000, lequel doit baisser a 19.57 dollars EU en 2015 (aux prix constant de 1989), les couts en Afrique subsaharienne seront pres d'une fois et demi a deux fois plus eleves que dans les autres sous-regions du monde en raison:

- du tres faible taux d'usage des contraceptifs (10 a 20%) au debut du programme lequel necessitera des efforts intensifs et soutenus dans chaque pays, aussi bien dans les regions rurales que dans les regions urbaines, si l'on veut atteindre le taux fixe pour 2015.

- le niveau peu eleve d'alphabetisation fonctionnelle surtout parmi la population feminine qui entrave la diffusion de nouveaux concepts et l'exercice de choix et de libertes personnelles; et

- les infrastructures sociales et physiques moins developpees en Afrique que dans d'autres regions du monde, surtout dans les regions rurales on vivent la plupart des populations africaines.

Les estimations de la CIPD concernant le cout par ugager et le taux d'usage des contraceptifs pour l'Afrique sont donc realistes.

13. Le deuxieme volet des services de base dans le domaine de la sante de reproduction comporte l'information et les services de routine pour les soins prenatals, les soins d'accouchement normal et sans risque et les soins post-natals; l'avortement sans risque la ou la loi le permet; l'information, l'education et la communication relative a la sante de reproduction, y compris les maladies sexuellement transmissibles, la sexualite humaine et la procreation responsable; la lutte contre les pratiques peu sures; le traitement des maladies sexuellement transmissibles et autres maladies des organes de la reproduction; le prevention et le traitement de l'infertilite; les consultations pour les maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH et le SIDA, et pour les complications de la grossesse et de l'accouchement. Ces services sont destines a la population adulte des deux sexes. Le cout par usager est calcule a 1.03 dollar EU per capita a l'echelle mondiale. Ces services sont fournis a titre supplementaire dans le cadre des centres de soins de sante primaire. Toutefois, ils ne couvrent pas toute la gamme des soins de la sante de reproduction tels que les programmes de survie de l'enfant, les soins obstetriques d'urgence, le traitement complet des maladies sexuellement transmissibles et les soins destines aux victimes du VIH/SIDA etc, qui requierement tous des ressources supplementaires.

14. Les estimations des besoins en ressources indiquees sous ce point ne sont pas tres realistes du point de vue de l'Afrique pour deux raisons: premierement il aurait fallu prevoir un plus haut cout per capita pour l'Afrique, en particulier pour la region subsaharienne en raison de l'infrastructure peu developpe des soins de sante et de la formation inadequate du personnel des services sanitaires, en particulier dans les regions rurales. Deuxiemement, la decision d'inclure certaines interventions de soin de sante et d'en exlure d'autre parait arbitraire, car comment pourrait-on etablir une distinction nette a cet egard? Par consequent, l'estimation des ressources requises pour les services de base en matiere de sante de reproduction en se fondant sur les projections de la CIPD tend a sous-estimer le cout global a prevoir pour realiser les objectifs fixes par la Declaration DakareNGOR et par le Programme d'Action de la CIPD. Une estimation plus realiste du cout par usager dans le domaine des services de base en matiere de sante de la reproduction devrait etre le double de la moyenne mondiale, c'est-a-dire 2.06 per capita.

15. Le volet relatif a la prevention contre les maladies sexuellement transmissibles et contre le VIH/SIDA couvre les activites d'information, d'education et de communication destinees a promouvoir un comportement sexuel responsable, y compris l'abstinence volontaire et la distribution des contraceptifs a une large echelle. Selon les estimations de la CIPD basee sur les estimations de l'Organisation Mondiale de la Sante (OMS), le cout per capita serait, 0.26 dollars EU. C'est en appliquant a la population adulte des deux sexes que les besoins financiers globaux ont ete determines. Cette estimation peut etre critiquee du point de vue de l'Afrique sur la base des deux arguments mentionnees au sujet de la sante de reproduction. En outre, l'Afrique est le theatre d'une terrible pandemie du HIV/SIDA et doit faire face au probleme des millions d'orphelins en bas age ou adolescents qui requierent des soins, des conseils, une assistance financiere et une education adequate. Des mesures doivent egalement etre prises pour proteger les banques de sang et prevoir les nouvelles infections causees par un equipement mal sterilise et par des pratiques medicales peu sures. Les campagnes visant a changer le comportement doivent etre intensifiees et renforcees pour empecher cette pandemie de faire de nouvelles victimes. Elles doivent etre accompagnees d'une distribution a une plus large echelle des contraceptifs subventionnes. Le montant de 0.26 dollars EU per capita est donc peu suffisant pour une bonne campagne de prevention contre les maladies sexuellement transmissibles et le VIH/SIDA, sans compter les soins de sante et les services sociaux destines aux victimes de ces maladies. Meme si l'on doublait le cout per capita des activites d'information, d'education et de communication pour la prevention du VIH/SIDA, le montant de 0.52 dollars EU serait toujours insuffisant pour couvrir les frais assures par les pays africains pour ce volet du Programme d'Action.

16. La collecte des donnees, la recherche et l'analyse, formulation et mise en oeuvre des politiques integrant les questions de population de developpement couteront 1.00 dollar EU per capita etales sur la periode de vingt ans, selon les estimations de la CIPD. Ce cout doit d'ailleurs augmenter au cours des annees de pointe des activites de recensement. La part de l'Afrique dans les besoins financiers sous ce point est proportionnelle a la proportion qu'elle represente dans la population mondiale. Ici encore l'Afrique requiert plus de ressources que la moyenne mondiale, si l'on tient compte du niveau du developpement statistique en Afrique et de la necessite imperieuse de creer des bases de donneees exhaustives et d'entreprendre des recherches dans le domaine de la dynamique du comportement de la population, sans lesquels il serait impossible de formuler des politiques de population et de developpement viables. Une estimation realiste du cout per capita du perfectionnement des statistiques et des connaissances en matiere de dynamique de la population pour l'amelioration des activites de recensement et de recherche et de la formulation et la mise en oeuvre de politiques de population exhaustives serait le double de la moyenne du cout mondial per capita (2.00 dollars EU)

C. Les besoins en ressources financieres de l'Afrique pour la mise en oeuvre du Programme d'Action de la CIPD

17. II existe donc deux possibilites concernant les besoins en ressources financieres de l'Afrique en vue de la mise en oeuvre du Programme d'Action de la CIPD.

18. La premiere est celle des projections basses selon laquelle le cout per capita des activites demographiques en Afrique dans le domaine des services de bases en matiere de sante de la reproduction; de prevention des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/SIDA; de la collecte des donnees et de la recherche; de l'analyse, la formulation et le suivi des politiques demographiques serait le meme que pour les autres regions du monde qui toutes disposent d'infrastructures institutionnelles, sociales et physiques plus developpees que l'Afrique. Les besoins financiers requis pour cette option sont indiques dans le tableau 2 de cette note d'information.

19. La deuxieme est celle des projections elevees proposee par l'OUA et la CEA, selon laquelle le cout per capita des activites demographiques, bein qu'etant en baisse, serait deux fois plus eleve que la moyenne mondiale en raison de la lenteur du developpement de l'infrastructure en Afrique et de la necessite d'accelerer le rythme des activites de planification familiale afin de realiser les objectifs fixes pour 2015. Les besoins financiers requis pour cette option sont indiques dans le Tableau 3.

20. Concernant le volet des services de planification familiale, les couts par usager sont les memes pour les deux cas sus-mentionnes. De 1995 a 2015, le taux d'usage des contraceptifs a l'echelle mondiale prevu par le projet de Programme d'Action semble devoir depasser 60% en se basant sur la variable intermediaire de croissance demographique mondiale. La croissance CPR de l'Afrique se situera aussi entre les projections basses et intermediaires tout en restant plus proches de la variable intermediaire.

21. Dans les deux cas, la composante de la planification familiale - les besoins annuels de l'Afrique etant calcules en dollars de 1989 (unite financiere sur laquelle sont basees les donnees mondiales de cout par usager disponible) - semble devoir passer de 1.15 billion de dollars EU pour la periode de 1995 a 2000, a 1.6 billion de dollars EU pour la periode 2000 a 2005, a 2.00 billion de dollars EU pour la periode 2005 a 2010, pour atteindre enfin 2.55 billion au-dela de 2010-2015. Ajustes en fonction des prix de 1993, les besoins annuels de l'Afrique en ressources financieres seraient donc 1.39 billion de dollars EU pour 1995-2000, 1.94 billion de dollars EU pour 2000-2005, 2.42 billion de dollars EU pour 2010-2015. Les tableaux 2 et 3 indiquent que la part de l'Afrique dans les ressources globales passera de 13.6% (comparee a sa proportion d'un peu plus de 12% de la population mondiale) a 22.3% en l'an 2015 (compare a une proportion de 15.5 de la population mondiale adulte). Vu que le taux d'usage des contraceptifs restera inferieur a celle des autres regions du monde, cette proportion plus elevee en besoins financiers est impurable aux couts plus eleves par usagers des services de planification familiale en Afrique durant la periode consideree.

22. Les besoins financiers annuels de l'Afrique en dollars de l'annee 1993 requis pour la structure de base des services de sante de la reproduction, conformement aux hypotheses de la CIPD (ctest-a-dire les projections basses) se chiffreront a 600 millions de dollars EU et meme a 1.20 milliard de dollars EU (c'est-a-dire les projections elevees) pour la periode 1995-2000. Ce montant semble devoir atteindre 700 millions de dollars EU et 1.40 milliard de dollars EU durant la periode 2000-2005; 8.9 millions de dollars EU a 164 milliards de dollars EU durant la periode 2005-2010; et 950 million d<et 1.90 milliards durant la periode 2010-2015.

23. La part de l'Afrique dans les ressources mondiales requises pour les activites de prevention des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/SIDA se situe entre 152 millions de dollars EU (projections basses) et 304 millions (projections elevees) pour la periode 1995-2000; entre 178 millions de dollars EU et 376 millions de dollars EU pour la periode 2000-2005; entre 206 millions de dollars EU et 412 millions de dollars EU pour la periode 2005-2010 et 239 millions de dollars EU a 478 millions de dollars EU pour la periode 2010-2015 par an.

24. Les tableaux 2 et 3 indiquent que la part de l'Afrique dans les besoins mondiaux en ressources pour les volets des services dans le domaine de la sante de reproduction et de la prevention des maladies sexuellement transmissibles et du HIV/SIDA se situera entre 12.1 - 24.2% pour la periode 1995-2000 et entre 15.531% de 2010 a 2015. Le chiffre bas correspond a la part de l'Afrique dans la population mondiale adulte et le chiffre eleve reflete les estimations elevees per capita des activites de population en Afrique en commencant par un niveau tres bas.

25. Les besoins financiers annuels de l'Afrique pour le volet relatif a la collecte de donnees, la recherche et l'analyse des politiques d'apres les estimations de la CIPD (c'est-a-dire les projections basses) seront en moyenne 51 millions de dollars EU pour la periode 1995-2005 et 71 millions de dollars EU pour la periode 2005-2015. Ces besoins s'eleveront et baisseront suivant les annees de pointe des activites de recensement national. En se basant sur les projections elevees per capita, ces chiffres risquent d'atteindre 102 millions de dollars EU pour la periode 1995-2005 et 142 millions de dollars EU pour la periode 2005-2015. D'ailleurs, meme ces chiffres ne couvrent pas le cout des activites de collecte des donnees, de recherche, d'analyse, et le cout de la formulation et la mise en oeuvre des politiques dans le domaine de la population et de developpement en Afrique.

26. Comme l'indiquent les tableaux 2 et 3, les besoins globaux annuels en ressources de l'Afrique dans le cadre du Programme d'Action de la CIPD se situeront entre 2.20 milliards de dollars EU et 3.00 milliards de dollars EU pour la periode 1995-2000; entre 2.87 milliards de dollars EU et 3.82 milliards pour la periode 2000-2005; entre 3.51 milliards et 4.61 milliards de dollars EU pour la periode 2005-2010 et entre 4.34 milliards et 5.60 milliards pour la periode 20102015. En tant que portion des besoins mondiaux en ressources requis par le Programme, ces chiffres correspondent a 12.9 - 17.6 pour 1995-2000; 15.5 -20.7% pour 2000-2005; a 17.1-22.5% pour 2005-2010 et a 20.0 - 25.8% opur 2010-2015.

27. Vu ce qui precede, il est probable que le cout global de la mise en oeuvre de ce programme en Afrique depasse meme les projections elevees etant donne que des aspects extrement importants indiques dans la Declaration Dakar/NGOR n'ont pas ete inclus dans les estimations financieres du Programme d'Action de la CIPD. Ainsi par exemple, les activites consacrees a la migration rurale, aux etablissements humains aux refugies et aux personnes deplacees n'ont pas ete clairement refletees dans les estimations des ressources financieres, ni dans les projections l'hypothese basse (projet de programme d'action de la CIPD) ni dans les projections elevees malgre le taux de croissance demographique alarmant et l'incapacite des municipalites africaines a faire face aux pressions imposees par les populations croissantes, au grand nombre de refugies et des personnes deplacees en Afrique du fait des conflits violents, des secheresses et de la famine (voir la note d'information de la CEA et de l'OUA intitulee: L'Afrique en Chiffres). Ces deux phenomenes illustrent le besoin urgent pour les pays africains de formuler et de mettre en oeuvre de maniere efficace des politiques exhaustives reliant la croissance demographique et la repartition geographique au developpement economique et social. Cela egalement requiert des ressources suffisantes de la part des pays africains et de leurs partenaires internationaux.

D. Financement du Programme d'Action de la CIPD en Afrique

28. Le tableau 4 reflete deux propositions concernant le financement du total des besoins financiers annuels requis pour la mise en oeuvre du Programme d'Action de la CIPD en Afrique pour chacune des deux scenarios envisages.

29. Dans la proposition A, deux tiers (soit 67%) des ressources proviendraient de sources locales, c'est-a-dire a) des familles, en percevant des frais d'usage pour couvrir une proportion des services; b) des organisations non-gouvernementales africaines (ONG) au moyen de diverses activites de mobilisation des ressources et de services volontaires; et c) des gouvernements au moyen de fonds budgetaires et ultimement du revenu des impots. Le tiers restant (soit 33%) proviendraient de sources externes, sous forme de dons ou d'assistance officielle a des conditions de faveur (APD) de la part de a) partenaires bilateraux, b) d'institutions multilaterales de financement du developpement, notamment la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Developpement (BAD), ainsi que le Fonds des Nations Unies pour les activites de population (FNUAP); et d) d'activites de mobilisation de fonds au nom de l'Afrique par les ONG externes des pays riches.

30. Dans le cadre de cette proposition, les ressources africaines se situeraient entre 1.46 milliards de dollars EU et 2.00 milliards de dollars EU et les ressources externes entre 0.73 milliards de dollars EU et 1.00 milliard pour la periode 19952000; les ressources africaines se situeraient entre 1.91 milliards de dollars EU et 2.55 milliards et les ressources externes entre 0.96 milliards de dollars EU et 1.27 milliards pour la periode 2000-2005; les ressources africaines seraient de 2.34 milliards de dollars EU a 307 milliards de dollars EU et celle des partenaires externes de 1.17 milliards a 1.54 milliards pour la periode 2005-2010; les ressources africaines seraient de 2.90 milliards a 3.74 milliards de dollars EU et les ressources externes seraient de 1.45 millions de dollars EU a 1.87 milliards pour la periode 2010-2015.

31. Les deux-tiers contre un tiers de la tranche locale et exterieur du financement du programme ont ete proposes par la CIPD sur la base de l'observation selon laquelle dans les annees 90, les pays du monde entier avaient tendance a financer environ 75% des activites en matiere de population bien que cela sous entend un large eventail de 20% a 100% en provenance de sources locales. Le CIPD a souleve la question du partage du fardeau des deux tiers contre un tiers en raison des contraintes economiques et fiscales auxquelles sont confrontes un certain nombre de pays en developpement. Ces problemes sont encore plus aigus en Afrique ou la plupart des pays ont souffert de la baise des revenus par habitant au cours des dix dernieres decennies et demi. Plusieurs pays connaissent egalement les affres de la transition des conflits vers la paix avec les problemes de secours, de rehabilitation et reconstruction avant de pouvoir emprunter definitivement la voie du developpement durable. Presque tous les pays procedent a la mise en oeuvre de programmes rigoureaux d'ajustement structurel sur la base de conseils techniques et de financement fournis par la Banque Mondiale et par le Fonds Monetaire International pour debarasser leurs economies d'une gestion excessivement centralisee et mieux liberaliser le marche et le secteur prive. Des restrictions ont ete faites sur les depenses publiques a l'endroit des services sociaux et de la sante y compris les services de planification familiale qui a connu une diminution de sa part de ressources budgetaires au fil des annees. Malgre ces difficultes, presque tous les pays africains continuent a etre decharge du lourd fardeau que represente le service de la dette exterieure qui consomme environ 26% des recettes d'exportation alors que jusqu'ici ils accumulent des arrieres sur les interets et le capital impayes.

32. Pour etre realiste donc l'Afrique n'est pas en mesure de fournir les deux-tiers du financement necessaire a la mise en oeuvre du Prograrnme d'Action de la CIPD, vital de considerer la population et le developpement de l'Afrique sur un meme pied d'egalite durable. Ce que l'on exige de l'Afrique dans ce domaine politique est considerable compte tenu des previsions selon lesquelles le taux de la croissance demographique de l'Afrique sera le plus accelere du monde au cours des deux prochaines decennies et que les "conditions non remplies" et le taux d'utilisation des services de planification familiale grimperont plus rapidement que dans n'importe quelle region. L'infrastructure des services de planification familiale et d'hygiene sexuelle et de comportement procreateur doit entierement etre particulier dans le domaine rural qui est recule et actuellement inaccessible. Par ailleurs, la fourniture de services de planification familiale et de services d'hygiene sexuelle et de comportement procreateur ne constituent pas les seules priorites qui sont a cours, de ressources locales. Les gouvernements doivent investir dans la rehabilitation d'infrastructure physique de base et d'ecoles et fournir des services exterieurs en vue d'aider les agriculteurs a introduire des techniques de production, etc; et l'observation d'une discipline fiscale est necessaire. En revanche, apres avoir ete affaibli par la crise economique, les conflits armes d'usure, il ne reste plus a la population familiale que de maigres ressources a depenser pour les services tels que la planification familiale qui n'est pas consideree comme prioritaire en matiere de bien-etre et de survie.

33. C'est compte tenu de ces facteurs que les pays africains devront lors de la CIPD du Caire, proposer l'alternative B. Aux termes de cette proposition, et au cours de la premiere decennie, les pays africains et leurs partenaires etrangers du developpement contribueraient 50 pour cent aux besoins financiers effecitfs des services de planification familiale et d'hygiene sexuelle et de comportement procreateur ainsi qu'aux elements restants du STD, et a l'analyse de la politique et de la recherche des donnees et a la prevention du VIH/SIDA. Au cours des annees 2005-2015, la part de ressources locales de l'Afrique augmenterait a 60 % par rapport aux 40% en provenance des sources etrangeres. Aux termes ce dette proposition, les sources africaines et etrangeres contribueront chacune 1,10 milliiard a 1,50 milliard par an de 1995 a 2000 et 1,43 milliard a 1,91 milliard de 2000 a 2005. De 2005 a 2010, l'Afrique contribuera 2,11 milliards a 2,77 milliards par an par rapport a la contribution de ses partenaires etrangers qui sera de 1,41 milliard a 1,84 milliard; tandis que de 2010 a 2015 les ressources locales et exterieures se chiffreront de 2,61 milliards a 3,36 milliards et de 1,74 milliard a 2,24 milliards respectivement.

E. Conclusion

34. Tel que susmentionne cependant ces estimations de ressources en particulier le scenario inferieur base sur les arguments de la CIPD y compris les contributions locales et etrangeres semblent sous-estimer considerablement les couts totaux du lancement des activites en matiere de population et de developpement en Afrique. Les parametres des couts doivent etre rigoureusement controles et le cas echeant les besoins en matiere de financement de l'Afrique en ce qui concerne le Programme d'Action du CIPD doivent etre revises a la lumiere de l'experience acquise sur les programmes de population introduits en Afrique et des donnees statistiques et de la recherche disponibles. Des modalites efficaces et effectives devront etre etudiees. Ces modalites doivent etre susceptibles de fournir les ressources requises en vue de soutenir des programmes de qualite sans supprimer l'objectif "conditions non remplies" de la population pour des raisons d'incapacite reelle a honorer ses engagements. Des campagnes efficaces de collecte de fonds devront etre organisees pour soutenir l'engagement des partenaires etrangers vis a vis des programmes de population de l'Afrique.

35. L'Organisation de l'Unite Africaine (OUA), la Commission Economique pour l'Afrique (CEA) et la Banque Africaine de Developpement (BAD) qui oeuvrent au sein d'un Secretariat Conjoint OUA/CEA/BAD ainsi qu'au sein de la Commission Africaine de la Population, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour les Activites en matiere de Population (FNUAP) auront un role important a jouer au cours des deux decennies a venir, a savoir:

- Assurer le suivi de la mise en oeuvre du Programme d'Action du CIPD en Afrique;

- Fournir aux Etats membres l'analyse et des conseils techniques en matiere de population et de developpement durable;

- Aider les pays a evaluer leurs besoins financiers et fixer les modalites optimales de mobilisation de ressources locales; et

- Sensibiliser les partenaires etrangers au besoin qu'eprouve l'Afrique d'etre continuellement soutenue.

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