Une tâche Inachevée
la poursuite de l’acquisition des droits et des choix POUR TOUS
Il y a cinquante ans, il était difficile pour les femmes de se procurer un moyen de contraception, et le risque de mourir en couches était relativement élevé. De nombreuses femmes se trouvaient dans l’impossibilité de choisir leur conjoint, le moment de leur mariage, si elles voulaient des enfants, et à quel moment.
Le point d’orgue du mouvement mondial visant à permettre aux femmes de faire de vrais choix de vie a été la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), en 1994, au cours de laquelle les liens entre l’autonomisation des femmes, la santé et les droits en matière de sexualité et de procréation et le développement durable ont été unanimement reconnus.
Depuis, les femmes sont de mieux en mieux en mesure d’exercer leurs droits en matière de reproduction. Les activistes, les militants, les spécialistes de la santé publique et bon nombre d’autres acteurs ont plaidé sans relâche en faveur des mutations que nous constatons aujourd’hui autour de nous.
De nombreux progrès ont été accomplis depuis 1969, année de la création de l’UNFPA, mais il reste encore beaucoup à faire avant que toutes les femmes et les filles soient en mesure d’exercer leurs droits.
Un mouvement mondial La poursuite de l’acquisition des droits et des choix pour tous
Pouvons-nous mieux faire pour les femmes et les filles aujourd’hui ?Le passé nous dit que oui.
Quels sont les obstacles qui empêchent encore les femmes de réaliser pleinement leur potentiel ?
Un seul obstacle à l’origine de tous les autres
Aujourd’hui encore, les normes de genre inéquitables freinent considérablement la capacité des femmes et des filles à faire librement des choix fondamentaux concernant leur santé et leurs droits en matière de sexualité et de procréation.
Ces choix sont essentiellement relationnels, au sens où ils impliquent des interactions avec d’autres personnes – les partenaires sexuels ou amoureux, mais aussi les membres d'une famille élargie, les membres de la communauté ou les institutions (cliniques, hôpitaux, etc.). Le pouvoir d’agir d’une personne se manifeste et se détermine à différents niveaux au sein d’une relation.
Ensemble, le pouvoir, l’expression et le choix déterminent la capacité d'une personne à agir au sein d'une relation.
Trois aspects relationnels liés au genre entrent en jeu dans la prise de décisions en matière de sexualité et de procréation :
- le pouvoir de la personne
- son expression, c’est-à-dire sa capacité à exprimer et défendre ses besoins et ses désirs
- la latitude dont elle dispose pour faire des choix.
Au niveau individuel:
Les connaissances de la personne sur sa santé et sur ses droits en matière de sexualité et de procréation lui permettent de mieux faire valoir ses points de vue et de faire des choix éclairés.
Au niveau immédiat:
Le pouvoir d’agir d’une personne dépend de facteurs tels que le respect physique que lui témoigne son ou sa partenaire et la liberté d’expression au sujet de la contraception.
Au niveau éloigné :
Dans les relations avec des institutions telles que le système de santé, voire l’économie, le pouvoir d’agir dépend de la satisfaction des besoins individuels.
Qui sont les personnes les plus vulnérables?
Les normes de genre peuvent contribuer à des attentes sociales, qui entraînent à leur tour un contrôle des comportements sexuels et reproductifs de certains groupes.
Les normes et attitudes inéquitables entre les sexes sont souvent utilisées pour justifier le contrôle exercé sur la vie sexuelle et reproductive des femmes au moyen de pratiques néfastes.
La violence basée sur le genre
La violence à l’égard des femmes et des filles constitue une grave atteinte aux droits fondamentaux et un problème de santé publique dans tous les pays. L’existence, voire la seule menace, de la violence fait que la santé sexuelle et reproductive des femmes est laissée à l’arbitrage des hommes, exposant davantage les femmes au risque d’infection sexuellement transmissible et de grossesse non désirée.
Une femme sur trois
dans le monde subira des violences physiques ou sexuelles au moins une fois dans sa vie
Mariage d’enfants
De nombreuses épouses enfants n’ont pas assez d’autonomie pour prendre des décisions au sujet de leur santé reproductive, ni assez de liberté de mouvement pour agir de leur propre chef et consulter des prestataires de santé. Elles sont moins susceptibles de recevoir des soins obstétricaux adaptés et beaucoup d’entre elles ne sont physiquement pas prêtes à avoir un enfant, ce qui met en danger leur santé et celle de leur bébé.
Huit cents millions de femmes en vie aujourd’hui auraient été mariées durant l’enfance
Le diktat de la fécondité et la préférence pour les garçons
Leur vie conjugale à peine entamée, les hommes et les femmes sont sommés de prouver leur fertilité et subissent une pression sociale considérable. Dans de nombreuses sociétés, les femmes subissent une énorme pression quant au sexe de l’enfant à naître. Elles peuvent faire l’objet de violences, être stigmatisées, voire répudiées si elles accouchent d’une fille.
Ces pratiques affaiblissent la mesure dans laquelle les hommes comme les femmes exercent leur pouvoir, leur liberté d’expression ou leur libre arbitre
Une tâche Inachevée
Ces pratiques doivent être éliminées, en commençant par adopter des dispositions juridiques claires et en veillant à les appliquer. Certaines communautés ont compris les ravages de ces pratiques et ont décidé de les abandonner.
Les hommes et les garçons doivent impérativement être associés au processus de changement des attitudes vis-à-vis des normes sexistes.
Éduquer les filles et leur donner les moyens de poursuivre leur scolarité est la meilleure façon de faire évoluer ces normes. L’éducation permet aux femmes de prendre conscience de leur place au sein de la société, d’acquérir des compétences et des connaissances leur permettant d’exprimer leur point de vue, et de défendre leurs intérêts au sein de leurs relations.
Quand la disponibilité ne suffit pas
En 1969, la population du globe augmentait d’environ 2 % par an. À ce rythme, elle allait presque doubler au cours des 25 années suivantes. Un tel essor démographique était inédit.
Fear of overpopulation drove many countries to adopt family planning programmes that focused more on reducing population numbers rather than on what women, depending on their specific situation, may need or want.
Le fait que les femmes, et plus particulièrement les femmes mariées, étaient les premières cibles de la planification familiale a conforté la norme de genre voulant que la femme soit avant tout une épouse et une mère. Les programmes ciblant les hommes étaient très peu nombreux et cherchaient uniquement à promouvoir l’usage du préservatif.
L’accès à la planification familiale ne se limite pas à l’offre de contraceptifs.
Les soins de santé sexuelle et reproductive comprennent :
- Le traitement des infections sexuellement transmissibles
- Le traitement de l'infertilité
- L'avortement médicalisé (lorsqu'il est légal) et les soins post-avortement
- Les soins obstétricaux et postnatals
- Les soins prénatals
- L’éducation à la santé reproductive et à la parentalité responsable
Des obstacles persistants
Le Programme d’action de la CIPD reconnaît que la communauté internationale doit permettre aux femmes, aux couples et aux familles d’accéder à un éventail d’interventions liées à la santé sexuelle et reproductive, et doit opérer des changements sociaux et économiques autonomisant les femmes, respectant leurs droits et contribuant à sensibiliser le monde entier à l’égalité des sexes.
Certains services de planification familiale restent inaccessibles à beaucoup de femmes et de filles dans le monde, malgré les progrès accomplis.
Le rapport entre pauvreté et manque d’accès est complexe. Si les coûts financiers des services et produits de santé peuvent, dans certains cas, constituer un obstacle à l’accessibilité, le revenu dépend de multiples facteurs sociaux, institutionnels, politiques, géographiques et économiques, qui peuvent également avoir une incidence sur la capacité d’une personne à accéder aux services.
Parfois, une femme qui souhaite accéder à des informations et à des services de santé sexuelle et reproductive ne trouve pas de prestataire dans sa communauté. Si elle a les moyens de payer les frais de transport jusqu’à la clinique d’une communauté voisine, elle peut découvrir en arrivant que l’établissement ne dispose pas des équipements ou des produits nécessaires aux services dont elle a besoin.
Les prestataires de santé peuvent être absents ou en nombre insuffisant ce jour-là. Les prestataires ne sont peut-être pas convenablement formés pour fournir les informations ou les services demandés, ou capables de garantir l’intimité nécessaire ou de prendre toute autre disposition qui permettrait à la patiente de se sentir en sécurité et respectée.
Dans certains pays, la loi exige que les femmes ou les adolescents disposent de l’autorisation d’un tiers pour accéder aux services de santé. Certaines lois interdisent les relations homosexuelles, la prostitution et la consommation de drogues, forçant les personnes à se cacher et, par conséquent, les empêchant de chercher ou d’obtenir les informations et les services dont elles ont besoin. Les lois sur l’accès à l’avortement forment un continuum allant de l’interdiction totale à l’absence de restriction. Plus l’environnement juridique est prohibitif, plus la proportion d’avortements non médicalisés augmente.
La marginalisation et la crainte d’être stigmatisé par les autres membres de la communauté peuvent empêcher les personnes de solliciter la prise en charge dont elles ont besoin et à laquelle elles ont droit, les exposant davantage au risque de violence sexuelle, de grossesse non prévue et d’infection sexuellement transmissible.
À cause des perceptions erronées ou de la méconnaissance de la sexualité, du corps et du développement humains, des droits et du genre, il est parfois difficile pour les jeunes de prendre des décisions concernant leur santé reproductive.
Les programmes scolaires d’éducation à la sexualité contribuent au recul de l’âge du premier rapport sexuel, à une moindre fréquence des rapports sexuels, à une diminution du nombre de partenaires sexuels, à une réduction des comportements à risque et à une utilisation accrue du préservatif et d’autres formes de contraception.
Une tâche Inachevée
Chacun, partout, devrait avoir accès à des informations et à des services de qualité pour répondre à l’ensemble de ses besoins en matière de santé sexuelle et reproductive, tout au long de sa vie. S’il est indéniable que des progrès remarquables ont été accomplis en vue d’atteindre cet objectif, sa réalisation complète reste inaccessible pour de nombreuses personnes en raison d’un manque de connaissances, de ressources ou de volonté politique, ou d’inégalités profondes entre les sexes.
Les services doivent être accessibles sur tous les plans, c’est-à-dire qu’ils doivent non seulement prendre en charge les personnes, mais également être adaptés à leurs besoins, confidentiels et prodigués sans aucun jugement ou aucune coercition.
De nombreux pays peuvent faire encore bien davantage pour défendre les droits et les choix de tous et éliminer les obstacles qui entravent l’accès aux services et aux informations des personnes ayant une orientation et une identité sexuelles différentes.
Quand les services s’effondrent
Les besoins humanitaires ont atteint un niveau historique. 0 millions À l’échelle mondiale, 136 millions de personnes ont eu besoin d’une aide humanitaire en 2018.
Les crises humanitaires – qu’elles résultent d’un conflit ou d’une catastrophe naturelle – provoquent toujours l’effondrement des systèmes et, par conséquent, l’accroissement des multiples besoins en matière de protection et de services.
Effondrement des systèmes
Les crises peuvent accroître la vulnérabilité des femmes et des filles et menacer leur vie.Dans leur hâte de nourrir et de mettre à l’abri au plus vite les populations sinistrées, les secours ne prennent pas toujours en compte les besoins accrus en matière de protection et de disponibilité des services.
En raison du manque de services ou de restrictions juridiques :
- l’accès aux contraceptifs est extrêmement limité
- les risques de grossesse non voulue et d’infection sexuellement
- les services d’avortement médicalisé sont souvent absents ou réduits au minimum en situation de crise
Dans les pays en situation d’urgence, plus de 500 femmes et filles meurent chaque jour durant la grossesse et l’accouchement, en raison de la pénurie d’accoucheurs qualifiés, de l’absence de procédures obstétricales d’urgence, et de la pratique d’avortements non médicalisés.
Les femmes enceintes et les mères d’enfants en bas âge sont particulièrement exposées aux risques.
Les traumatismes et la malnutrition peuvent mettre en péril la grossesse, et de nombreuses femmes connaissent une fausse couche ou un accouchement prématuré en situation d’urgence. L’absence des conditions d’hygiène les plus élémentaires durant l’accouchement augmente le risque d’infection mortelle chez la mère et le bébé.
Au moins une femme réfugiée ou déplacée sur cinq subit des violences sexuelles dans les situations de crise humanitaire complexes, bien que celles-ci soient rarement signalées.
La peur des agressions sexuelles, de l’exploitation ou de la maltraitance entrave la mobilité de nombreuses femmes réfugiées et déplacées. Certaines familles en grande détresse espèrent protéger leurs filles contre la violence en les mariant.
Une tâche Inachevée
Les États, les organisations d’aide et les institutions internationales interviennent davantage auprès des femmes et des adolescentes dont les choix sont restreints à cause des conflits et des catastrophes naturelles.
La préparation consiste à prépositionner des stocks de fournitures en prévision des catastrophes. Ces fournitures doivent inclure des contraceptifs, des kits d’accouchement et d’autres produits de santé reproductive de première nécessité. Il est primordial de stimuler l’investissement en faveur des services de soutien psychosocial et de santé mentale.
La généralisation des programmes permettant aux participants de s’informer sur la santé sexuelle et reproductive, de remettre en cause les normes de genre ou de se mettre à l’abri de la violence sexiste est indispensable. Même dans les situations mouvementées, les femmes et les filles doivent pouvoir investir de nouveaux rôles, par exemple en suivant une formation professionnelle.
Quatre femmes, Quatre Parcours
Une femme qui avait 10 ans en 1969, année de la création de l’UNFPA, est devenue adulte à une époque où les droits des femmes en matière de sexualité et de procréation étaient beaucoup plus restreints que ceux d’une femme qui avait 10 ans en 1994, année de la CIPD.
Les parcours différents de ces quatre femmes reflètent les évolutions intervenues au cours des cinq dernières décennies. Cependant, même aujourd’hui, l’exercice des droits en matière de reproduction attend encore de devenir une réalité universelle.
« J’ai été mariée à l’âge de 13 ans. »
« Le travail est ma liberté. »
« Je ne savais pas que la planification familiale existait. »
« L’accès à l’information est ce qu’il y a de plus important. »
Des droits et des choix pour tous
Au cours du demi-siècle précédent, la mobilisation active des gouvernements, de la société civile et des organisations internationales a fait remarquablement progresser les droits et les choix en matière de sexualité et de procréation. Dans un élan visionnaire, la communauté internationale s’est engagée en faveur de ces droits et de ces choix lors de la CIPD, et a reconnu collectivement pour la première fois les liens essentiels entre autonomisation des femmes et développement. Vingt-cinq ans plus tard, la vision et les aspirations humaines de la CIPD n’ont rien perdu de leur importance et sont désormais incarnées dans les 17 ODD du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Toutefois, certains problèmes anciens persistent et de nouveaux obstacles se profilent.
L’UNFPA et ses nombreux partenaires ont pris la mesure de la tâche qui nous attend et ont lancé un appel pour atteindre « trois zéros » d’ici à 2030 : zéro besoin non satisfait en matière de contraception, zéro décès maternel évitable, et zéro violence ou pratique néfaste à l’égard des femmes et des filles.
Nous méritons tous de vivre dans un monde où chaque personne peut jouir de tous ses droits et mener la vie qu’elle souhaite.
Si ce n’est pas maintenant, alors quand ?