Turkménistan
Au Turkménistan, les femmes en situation de handicap font valoir leurs droits
Il y a plusieurs années, lors d’une consultation dans un cabinet gynécologique d’Ashgabat, au Turkménistan, Alia (le prénom a été modifié) et son mari ont été confrontés à une réaction virulente face à l’évocation de leur désir d’enfant, le personnel jugeant qu’il n’était « pas souhaitable » pour deux personnes aveugles de devenir parents. « Comment vous occuperez‑vous de l’enfant ? Comment pourrez-vous l’élever, le surveiller ?… », autant de questions qui leur étaient adressées.
« Ils pensaient que nous ne pourrions jamais nous en sortir et nous ont conseillé de recourir à l’avortement », rapporte Alia à l’UNFPA. « Mais je n’étais pas de cet avis. Ma mère était aveugle, elle aussi, et elle a élevé sept enfants ».
L’expérience d’Alia est malheureusement monnaie courante parmi les femmes en situation de handicap, soit une femme sur cinq dans le monde. Malgré l’existence d’accords internationaux garantissant à toutes et tous le droit de faire des choix exempts de toute discrimination et coercition, la réalité est souvent bien différente pour les femmes handicapées. En raison de préjugés, leur capacité à prendre leurs propres décisions en matière de santé sexuelle et reproductive est régulièrement remise en question par les professionnels de santé, leurs partenaires intimes et même l’opinion publique.
Les études montrent en effet que les femmes et les filles en situation de handicap font face à une forte discrimination dans leurs choix reproductifs. Exclues de nombreux services de santé, peu ou non accessibles, elles sont également privées des programmes d’éducation complète à la sexualité, en particulier lorsque scolarisées dans des établissements spécialisés. Pour certaines, cette discrimination peut même prendre la forme de stérilisations forcées.
Comme Alia, de nombreuses femmes ont ainsi été jugées inaptes à porter et élever un enfant.
En effet, les recherches menées par l’UNFPA en 2021 ont révélé qu’au Turkménistan, un grand nombre de personnes en situation de handicap n’ont pas accès aux services et informations dont elles ont besoin en matière de santé sexuelle et reproductive. Pour y remédier, l’UNFPA et la Société turkmène des aveugles et des sourds ont travaillé à l’élaboration de vidéos informatives interprétées en langue des signes. Ces vidéos, mises à disposition en ligne ou distribuées sur des clés USB, couvrent des thèmes variés, tels que la puberté, la planification familiale ou encore la maternité sans risque. Un projet d’application mobile est également en cours.
Les femmes ayant visionné les vidéos ont rapporté que ces ressources leur avaient été très utiles pour apprendre comment accéder aux services de contraception et bénéficier des soins périnatals gratuits. Elles ont également apprécié d’y trouver les coordonnées de plusieurs cliniques et prestataires de services. Grâce à ce type d’initiatives, le pays devient progressivement plus inclusif et plus juste envers les femmes enceintes handicapées.
Cependant, comme le rappelle Alia, il y a encore beaucoup à faire : « Il est indispensable de former le personnel médical pour que nous soyons enfin acceptées et traitées comme les autres patientes ».
En attendant, Alia, comme sa mère avant elle, a fait le choix de la parentalité. « Je savais que j’y arriverais », se réjouit-elle.
Reportages
Le tissage et la broderie brouillent les frontières entre art et fonctionnalité, entre aspect pratique et dimension esthétique. Par le passé, les mouvements de femmes ont souvent utilisé les textiles pour sensibiliser le public aux questions qui leur tenaient à cœur, comme l’acceptation de son corps, la justice reproductive ou encore la lutte contre le racisme systémique. Les artistes contemporaines et les collectifs textiles dirigés par des femmes perpétuent cette tradition à travers des œuvres reflétant leur environnement et leurs coutumes locales. Depuis des milliers d’années, l’art textile permet ainsi aux femmes du monde entier de créer des passerelles entre les générations passées et futures, au sein des familles et des communautés.
Nous tenons à remercier les artistes dont les créations illustrent ce rapport :
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Nneka Jones
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Rosie James
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Bayombe Endani, représentée par The Advocacy Project
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Woza Moya
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Le Collectif de femmes Tally Assuit, représenté par l’International Folk Art Market
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Pankaja Sethi