Journée mondiale de la population

11 Juillet 2024

Monde

« L’humanité ne pourra progresser que si chaque personne est recensée, où qu’elle se trouve et quelle qu’elle soit, dans toute sa singularité », a déclaré la Dr Natalia Kanem, directrice exécutive de l’UNFPA. « Pour en finir avec les inégalités, pour instaurer et cultiver la paix et la prospérité, pour que l’espoir brille d’une lumière plus intense, il importe de redoubler d’efforts en faveur de l’inclusion. »

À l’occasion de la Journée mondiale de la population cette année, c’est donc l’importance de recueillir des données inclusives, en comptant tous les individus, partout, tels qu’ils sont, qui est au centre de nos préoccupations.

Souvent ignorées alors qu’elles sont des héroïnes de l’ombre, les données fiables ont permis de soutenir des progrès mondiaux dans l’accès des femmes à la santé reproductive, dans la réduction de la mortalité maternelle et dans l’amélioration de l’égalité des genres.

Il reste encore beaucoup à faire, cependant.

Il y a trente ans, lors de la Conférence internationale sur la population et le développement, un événement historique, les leaders du monde entier ont appelé à la collecte de données fiables, obtenues en temps opportun et reflétant les cultures, qui soient ventilées par genre, origine ethnique et bien d’autres critères. Si la collecte de données et les outils d’analyse ont beaucoup évolué depuis, ces changements ont aussi révélés d’immenses lacunes dans l’information ainsi que des risques, notamment de mauvaise représentation des personnes ou de mauvaise utilisation des données. Nous n’avons donc pas encore tenu toutes les promesses faites lors de cet appel à l’action.

Dans un monde de moins en moins prévisible, dont la population s’accroît rapidement dans certaines régions et vieillit vite dans d’autres, et qui connaît partout des changements climatiques, des conflits et des crises, des données démographiques fiables sont plus essentielles que jamais, et doivent nous servir à aider les personnes qui ont été laissées de côté et à répondre à leurs besoins.

Trop d’individus, de communautés et de besoins ne sont actuellement ni dénombrés ni pris en compte. En effet, le rapport phare de l’UNFPA sur l’état de la population mondiale montre que les communautés les plus marginalisées au monde ont été largement exclues des progrès globaux. Pourquoi ? Parce que nous n’avons pas investi de manière prioritaire dans les systèmes de données démographiques, ni rendu la collecte de données sûre pour tout le monde, ni travaillé avec les communautés marginalisées pour assurer leur représentation.

De nouveaux outils innovants d’analyse des données peuvent éclairer des problèmes encore invisibles et illustrer toute la diversité des expériences. Ces applications doivent être étroitement surveillées : les biais et les risques de violation de la confidentialité restent des inquiétudes auxquelles nous n’avons pas répondu, notamment en matière de technologies telles que l’intelligence artificielle (IA). Alors que notre monde entre dans une nouvelle ère de collecte de données, les sociétés doivent s’assurer que ces processus respectent les droits de la personne et protègent leurs informations personnelles, tout en recueillant des données qui reflètent des expériences multidimensionnelles. Les pays et les sociétés doivent défendre un collecte de données qui recense les personnes telles qu’elles sont, dans toute leur complexité.

Il est toutefois certain que les données seules ne peuvent entièrement nous informer. Trop souvent, les données réduisent les individus à de simples statistiques, renforçant ainsi les stéréotypes, les biais et la stigmatisation. Combattre les préjugés et l’inégalité suppose de réajuster nos processus de collecte de données pour les rendre inclusifs, équitables et transparents. Les individus sont les experts de leurs propres expériences. Permettre à toutes et tous, surtout aux personnes laissées de côté, de partager entièrement leurs récits et leur singularité par la collecte de données est essentiel pour construire un avenir de résilience et d’égalité.

« Pour faire valoir les droits et les choix de celles et ceux qui sont relégués en marge de nos sociétés, il importe de les recenser – chaque personne compte », a conclu la Dr Kanem. « Notre riche trame de l’humanité se mesure à l’aune de son fil le plus ténu. Lorsque les données et les autres systèmes sont adaptés aux groupes les plus marginalisés, ils sont également bénéfiques au reste de la société. Voilà comment accélérer la réalisation de progrès pour toutes et tous. »

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