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Les vénézuéliennes abandonnées en plein exode économique commencent à se sentir en sécurité
- 26 Août 2019
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CARACAS, Venezuela – La crise économique et politique au Venezuela a entraîné le départ d'environ 4,2 millions de personnes, au cours des trois dernières années. Les laissés pour compte - en particulier les femmes vivant à l'intérieur du pays - ont assisté à la quasi-fermeture de nombreux services publics, notamment ceux de soins de santé en matière de sexualité et reproduction, et de lutte contre la violence basée sur le genre.
Le besoin en contraceptifs est estimé à 80%, en dépit des efforts déployés par l’UNFPA, le gouvernement et les organisations locales pour stocker du matériel de soins primaires dans tout le Venezuela. Il est fréquent que les femmes enceintes ne puissent pas recevoir les soins dont elles ont besoin, en raison de la faible quantité de médicaments, des admissions surchargées et des pannes de courant.
Cette situation est aggravée par une importante pénurie d’agents de santé, en particulier ceux formés à la santé sexuelle et reproductive.
Pour aider à combler ces lacunes, l’UNFPA soutient les ateliers de formation du personnel de santé sur les questions de santé sexuelle et reproductive et sur les moyens de lutter contre la violence basée sur le genre. Ces compétences sont déterminantes pour les patients, a déclaré José Gregorio Puenza, responsable de la santé à Paez, une municipalité de l'État d'Apure au Venezuela.
"Lorsque les agents de santé renforcent et actualisent leurs capacités, ceux qui en bénéficient le plus sont les habitants des communautés voisines", a déclaré M. Puenza à l'UNFPA. "Désormais, ils bénéficient non seulement de services de première nécessité, mais également de conseils sur la manière de gérer les problèmes tabous tels que la santé sexuelle et reproductive, les abus sexuels et la violence basée sur le genre."
Ces compétences, a-t-il expliqué, permettent aux agents de santé de mieux identifier les cas de violence et fournir des conseils pour que les victimes puissent obtenir le soutien dont elles ont besoin.
"J'aimerais qu’il y ait plus d’ateliers. Chaque jour, nous examinons de nombreuses femmes maltraitées, la plupart sont jeunes. Il est crucial de renforcer les capacités des agents de santé dans les cliniques pour pouvoir répondre aux besoins des victimes", a déclaré Luis Marina Alejo, médecin légiste à Apure.
Pour l’instant, 135 agents de santé ont reçu une formation spécifique sur la violence basée sur le genre et le traitement des maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH. 144 autres membres du personnel du secteur public et d'ONG locales ont participé aux ateliers sur la violence basée sur le genre, réunissant 3 500 habitants de petites communautés situées le long des frontières du Brésil et de la Colombie.
L’UNFPA soutient également les efforts déployés par le gouvernement et les groupes locaux pour sensibiliser le public à la violence basée sur le genre. De nombreuses migrantes craignent la violence basée sur le genre et l'exploitation, car elles parcourent de longues distances, souvent seules, du Venezuela vers les pays voisins comme la Colombie.
Des informations sur les endroits où trouver de l'aide sont diffusées dans les centres communautaires, les marchés locaux et les centres de transport en commun au Venezuela, où les migrantes sont particulièrement vulnérables. La campagne, coordonnée par le Fonds central d’intervention d’urgence, vise à prévenir et à combattre la violence basée sur le genre dans les régions frontalières d’Apure, de Bolivar, de Tachira et de Zulia.
La campagne distribue également 10 000 kits de dignité contenant des produits d'hygiène essentiels tels que du savon et des protections féminines, dans des régions telles que Guanamo, une petite ville minière du sud-est de Bolivar, où les femmes ont du mal à trouver des produits d'hygiène féminine depuis la crise du Venezuela qui a éclaté en 2015.
Martha, 35 ans, a déclaré que les kits avaient changé sa vie.
"Vous ne savez pas à quel point il est difficile pour les femmes de travailler dans la mine", a-t-elle déclaré. "Il est très compliqué d'avoir accès à des produits sanitaires dans un endroit comme celui-ci, où vous travaillez souvent dans des eaux à la hauteur de la taille".
L’UNFPA, avec des partenaires tels que l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés et l'UNICEF, travaille en outre avec le gouvernement pour renforcer la mise en œuvre d'une loi défendant le droit des femmes à une vie paisible. Ces agences des Nations Unies aident également à créer un réseau d'espaces permettant aux victimes d'accéder à un traitement psychosocial et à une assistance juridique.
Pour le Dr Leonardo de Abreu, obstétricien et gynécologue coordonnant un programme de renforcement des capacités en matière de santé dans l'État de Miranda, la prochaine étape devrait être d'élargir la portée de ces efforts, en particulier pour lutter contre la propagation des maladies sexuellement transmissibles.
"La crise humanitaire nous a fortement frappés. En parler, ce n'est pas la même chose que la vivre", a-t-il déclaré.
"Mais," a ajouté le Dr Abreu, "cela nous a rendu plus flexibles et plus ingénieux." Finalement, a-t-il expliqué, "nous nous sommes adaptés aux habitants de nos communautés et sommes restés pour travailler au Venezuela, car nous avons besoin de donner plus que de l’espoir - et d’agir."
– Liliana Arias