Elle est née
dans une famille défavorisée,
dans une communauté rurale, d’un pays pauvre.
À l’âge de 10 ans, elle a été retirée de l’école afin de pouvoir aider aux tâches domestiques et de s’occuper de son petit frère.
Adolescente, elle a été forcée d’épouser un homme plus âgé qu’elle, à l’instar de sa mère, et de commencer à avoir des enfants.
À la maison, elle a appris à s’occuper d’un foyer et à cultiver un champ, mais elle a acquis peu d’autres connaissances susceptibles de l’aider à entrer sur le marché du travail.
Emprisonnée dans un monde où il lui est difficile de prendre des décisions concernant sa propre vie, il est possible qu’elle parvienne, un jour, à entrevoir un autre monde, plus riche mais hors d’atteinte.
Les écarts de richesse se sont creusés de façon disproportionnée. Des milliards de personnes restent bloquées en bas de l’échelle, privées de leurs droits fondamentaux et sans espoir d’une vie meilleure, tandis qu’en haut, les ressources et les privilèges croissent à un rythme effréné. Le monde s’éloigne ainsi un peu plus chaque jour de la vision d’égalité exprimée dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.
On réduit souvent les inégalités aux différences de revenus ou de richesses — à la ligne séparant les riches des pauvres. Pourtant, dans les faits, les inégalités forment un tout, dont les disparités économiques ne sont qu’une facette. Beaucoup d’autres facteurs sociaux, ethniques, politiques et institutionnels entrent en ligne de compte et se renforcent mutuellement, annihilant ensemble tout espoir d’amélioration pour les personnes laissées en marge.
Les inégalités entre les sexes ainsi que celles liées à la santé et aux droits sexuels et reproductifs sont deux facteurs majeurs ; le deuxième, en particulier, est encore trop négligé. Ni l’un ni l’autre n’expliquent l’ensemble des inégalités observées à l’échelle mondiale aujourd’hui, mais tous deux sont des aspects essentiels qui doivent faire l’objet d’une attention beaucoup plus soutenue. Dans le cas contraire, de nombreuses femmes et filles resteront enfermées dans un cercle vicieux, condamnées à la pauvreté, privées de leurs droits fondamentaux, et incapables de développer leurs capacités et de s’épanouir, en particulier dans les pays en développement où les écarts sont les plus importants.
Le coefficient de Gini est un nombre unique permettant de mesurer l’inégalité. Une valeur égale à 0 reflète une situation idéale dans laquelle tous les individus ou tous les ménages au sein d’un groupe disposent exactement de la même richesse ou du même revenu. Sur ce graphique, une valeur égale à 100 reflète une situation d’inégalité totale dans laquelle un seul individu ou ménage détiendrait 100 % du pouvoir économique.
À l’heure actuelle, aucun pays ne peut se prévaloir d’être entièrement inclusif et de garantir à chacun une protection et des perspectives égales, ainsi que le plein exercice de ses droits fondamentaux — pas même les pays considérés comme les plus riches et les plus développés.
Sexual and reproductive health is a universal right
Disposer des connaissances, de la capacité et des moyens nécessaires pour décider librement de tomber enceinte, et quand et à quelle fréquence, est un droit fondamental universel. Ce droit a été établi par 179 pays lors de la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994.
Un droit universel est un droit qui s’applique à chaque individu, partout dans le monde, indépendamment du revenu, de l’origine ethnique, du lieu de résidence ou de toute autre caractéristique. Pourtant, aujourd’hui, dans les pays en développement, l’exercice de ce droit est loin d’être universel, et des centaines de millions de femmes peinent encore à accéder aux informations, aux services et aux produits permettant d’éviter une grossesse ou d’accoucher en toute sécurité.
La capacité d’une femme à exercer ses droits reproductifs dépend en partie de l’endroit où elle vit (milieu rural ou urbain) et de son niveau d’éducation et de richesse.
Economic inequality correlates with inequalities in sexual and reproductive health
Dans la plupart des pays en développement, par exemple, les femmes faisant partie des 20 % les plus pauvres de la population ont le moins accès aux services de santé sexuelle et reproductive, y compris à la contraception, alors que les femmes des classes les plus riches ont généralement accès à une gamme plus complète de services de qualité.
Dans ces pays, les femmes les plus pauvres sont généralement celles dont les besoins en matière de planification familiale sont les moins satisfaits. Sans accès à la contraception, les femmes démunies, surtout celles qui sont les moins instruites et qui vivent en milieu rural, sont plus vulnérables aux grossesses non planifiées, ce qui présente des risques plus élevés pour leur santé et celle de leurs enfants et a des répercussions économiques tout au long de leur vie.
Dans les pays en développement, les femmes vivant dans les 20 % des ménages les plus pauvres
Sur ces trois graphiques, chaque point représente un pays. Les pays situés dans le quadrant supérieur gauche sont ceux qui ont fait plus de progrès en matière d’accès global aux services et de réduction des inégalités parmi les ménages les plus pauvres sur une période de dix ans.
Average annual change in proportion of women receiving four or more antenatal visits
Variation annuelle moyenne de la différence absolue entre le quintile le plus riche et le quintile le plus pauvre
La capacité d’une femme à exercer ses droits reproductifs peut avoir une influence sur son épanouissement et sur ses possibilités de suivre des études ou de trouver un emploi. Si ses perspectives en matière de santé sexuelle et reproductive sont restreintes, ses choix de vie pourront aussi être limités.
An unequal labour force
À mesure que les taux de fécondité ont diminué partout dans le monde, la part des femmes dans la population active a augmenté dans la plupart des régions. Lorsque le taux d’activité des femmes est élevé, la fécondité a tendance à être plus faible, en partie parce qu’il est difficile pour les femmes de concilier leurs ambitions éducatives et professionnelles avec une grossesse et la garde des enfants. Dans les pays où la fécondité est élevée, en particulier dans les pays les moins avancés, la participation des femmes au monde du travail en tant que salariées reste faible.
Partout dans le monde, la grossesse et l’éducation des enfants peuvent entraîner l’exclusion des femmes de la population active ou la diminution de leurs revenus. Les difficultés sont encore plus grandes pour les femmes qui n’ont pas les moyens de décider librement de tomber enceintes ou non, ni quand et à quelle fréquence.
Les inégalités entre les sexes sont omniprésentes dans tous les pays, et des attitudes, normes, politiques et lois néfastes ou discriminatoires empêchent les femmes et les filles de développer leurs capacités, de saisir les opportunités qui s’offrent à elles, d’entrer dans la vie active, de s’épanouir pleinement et d’exercer leurs droits fondamentaux.
Les normes qui favorisent les inégalités entre les sexes non seulement influencent la capacité d’une femme à entrer dans la vie active, mais peuvent également déterminer le type d’emploi qu’elle peut occuper et son niveau de rémunération, et entraver la progression de sa carrière. Les pays dont les normes privilégient l’emploi des hommes au détriment de celui des femmes affichent de plus fortes disparités entre les sexes dans la population active.
La majorité des personnes s’accordent à dire que les hommes et les femmes devraient bénéficier du même accès aux études supérieures, mais émettent davantage de réserves quant à l’égalité d’accès à l’emploi quand le travail se fait rare.
Le graphique sur la droite indique la proportion de personnes interrogées qui NE SONT PAS D’ACCORD avec les affirmations suivantes :
« l’enseignement supérieur est plus important pour les garçons que pour les filles » et
«lorsqu’il y a pénurie d’emplois, les hommes devraient avoir un droit prioritaire à l’emploi par rapport aux femmes».
La ligne grise entre les points supérieurs et inférieurs représente l’écart, pour chaque pays, entre le soutien du public en faveur de l’égalité d’accès à l’éducation et le soutien du public en faveur de l’égalité d’accès à l’emploi lorsque le travail se fait rare.
Les institutions sociales qui défavorisent les femmes et les filles dans les principaux domaines de leur vie entravent également leur entrée dans la vie active.
Laws can exclude women
Les lois peuvent refléter ou renforcer les normes et attitudes discriminatoires qui empêchent les femmes d’entrer dans la vie active ou maintiennent leurs revenus à un niveau inférieur à celui des hommes. Dans 18 pays, les hommes peuvent légalement interdire à leur femme de travailler à l’extérieur du foyer, selon la Banque mondiale. Il existe dans certains pays des lois qui restreignent l’accès des femmes aux services bancaires et aux crédits, ce qui peut diminuer leurs perspectives de revenu.
Les lois — ou leur absence ou leur mauvaise application — peuvent avoir un impact sur la santé et le bien-être des femmes, et donc influencer leur participation au monde du travail et leur capacité à gagner leur vie. Selon un rapport de la Banque mondiale, 46 des 173 pays examinés ne possédaient pas de loi relative aux violences domestiques, et 41 d’entre eux ne disposaient d’aucune loi concernant le harcèlement sexuel. La Banque mondiale a également constaté que les lois protégeant contre la « violence économique » sont rares. La violence économique se manifeste quand une femme n’a pas les moyens économiques de mettre fin à une relation abusive, soit parce que son partenaire contrôle les ressources économiques, soit parce qu’il l’empêche de trouver ou de conserver un emploi.
Pervasive gender inequality in categories of work
Les statistiques relatives aux taux d’activité globaux dissimulent des inégalités considérables concernant les types d’emploi occupés par les hommes et les femmes et les risques économiques auxquels font face certaines catégories de travailleurs.
Lorsque les femmes participent à la population active, elles travaillent davantage dans des entreprises familiales que les hommes, et moins comme salariées.
Dans 18 pays, los hombres pueden impedir legalmente a sus mujeres que trabajen fuera del hogar
Lorsqu’elles font partie de la population active rémunérée, les femmes gagnent moins que les hommes à travail égal, et ce, partout dans le monde. En outre, elles occupent plus fréquemment des emplois peu qualifiés et peu rémunérés, et elles passent moins de temps à exercer une activité génératrice de revenus et plus de temps à s’occuper gratuitement de leur foyer.
Inequality in reproductive rights, gender and earnings
Dans tous les pays, le niveau de revenu des femmes par rapport à celui des hommes dépend d’une multitude de facteurs, notamment du niveau d’études, de l’étendue des normes et pratiques sexistes dans la sphère privée et dans le monde du travail, des opportunités professionnelles existantes et du degré d’influence des femmes sur les décisions liées à la grossesse (le fait de tomber enceinte ou non, et quand et à quelle fréquence).
L’écart de rémunération entre les sexes correspond à la différence, en pourcentage, entre la rémunération moyenne des femmes et celle des hommes. L’écart mondial de rémunération entre les sexes est d’environ 23 %. Autrement dit, les femmes gagnent 77 % du salaire des hommes, selon l’OIT. À l’échelle mondiale, l’écart entre les sexes s’est quelque peu résorbé ces dernières années, mais les progrès sont lents. Au rythme actuel, il faudra plus de 70 ans pour parvenir à un niveau de rémunération égal entre hommes et femmes.
Gender inequality in education leads to lower earnings
L’entrée dans la vie active et le niveau de revenu dépendent en partie du niveau d’études, de la qualité de l’enseignement reçu et de la pertinence des études par rapport au marché du travail. Les inégalités entre les sexes peuvent compromettre la réussite scolaire et réduire les perspectives de revenu des femmes.
Bien que la parité des sexes soit pratiquement atteinte dans l’enseignement primaire à l’échelle mondiale, on observe d’importants écarts entre les sexes dans les effectifs de certains pays, ce qui signifie que des millions de filles en âge de suivre un enseignement primaire ne vont pas à l’école. Or, un niveau d’études élevé est en corrélation avec un niveau élevé de revenus par la suite.
Il a été démontré que l’éducation réduisait l’incidence des grossesses précoces. Plus la scolarité d’une fille est longue, moins elle a de risques de se marier ou de tomber enceinte prématurément, ce qui entraîne des conséquences à long terme sur la participation au monde du travail et les revenus perçus tout au long de la vie.
L’égalité d’accès à un enseignement de qualité permet non seulement de lutter contre le dénuement absolu en donnant aux individus les moyens de sortir de la pauvreté, mais augmente aussi globalement la productivité et l’innovation à l’échelle nationale en élargissant considérablement les possibilités de chacun d’acquérir des compétences, de trouver sa voie et de déterminer ses futurs domaines de travail. Le renforcement des capacités collectives de la population contribue à la croissance des économies nationales.
L’écart mondial de rémunération entre les sexes est d’environ 23 %. Autrement dit, les femmes gagnent 77 % du salaire des hommes.
Lorsque les femmes sont employées, leurs journées de travail sont plus longues que celles des hommes en raison des responsabilités supplémentaires qu’elles assument dans leur foyer. Dans les pays en développement, les femmes passent en moyenne 9 heures et 20 minutes par jour à exercer une activité rémunérée et à accomplir des tâches non rémunérées, contre 8 heures et 7 minutes par jour pour les hommes.
Motherhood penalty
Partout dans le monde, les mères présentes dans la population active gagnent moins que les femmes qui n’ont pas d’enfant. Cette pénalisation de la maternité peut perdurer même une fois que les enfants sont grands, car les congés pris lors de la grossesse et après la naissance des enfants sont susceptibles de diminuer le niveau de rémunération des mères.
Les attentes des employeurs concernant la grossesse peuvent contribuer à l’écart de rémunération entre les sexes. Selon le Dr Hilary Lips de l’université de Radford, ils peuvent justifier une rémunération inférieure des femmes par l’idée selon laquelle ces dernières ne s’impliquent pas autant dans leur travail quand elles doivent en plus s’occuper de leur famille. L’OIT indique que certains employeurs considèrent toutes les femmes comme des mères potentielles et refusent de leur confier des tâches plus difficiles, voire de leur offrir une promotion, parce qu’elles risqueraient de prendre un congé de maternité imprévu.
En l’absence de congé de maternité ou quand elles n’ont pas la garantie de conserver leur emploi, de nombreuses femmes doivent choisir entre travailler ou devenir mère, ou entre leur rôle productif et leur rôle reproductif.
Vicious cycle of lower earnings and diminished capacities
L’inégalité, quelle qu’en soit la forme, résulte de plusieurs forces présentes dans la société, qui interagissent et créent un ensemble de contraintes ou de limites comportementales imposées aux individus. Ces contraintes et limites restreignent les possibilités, les choix et l’accès aux ressources.
Les inégalités entre les sexes sont l’une de ces forces ; elles imposent des limites et des contraintes à la moitié de la population du monde. Nombre des inégalités concernant la santé et les droits sexuels et reproductifs sont étroitement liées aux inégalités entre les sexes, voire en découlent.
Partout dans le monde, les revenus des femmes sont inférieurs à ceux des hommes. Ces plus faibles revenus résultent des inégalités entre les sexes dans l’éducation et la santé, ainsi que d’une protection inégale des droits. Ces inégalités diminuent les capacités des femmes, de même que les possibilités et opportunités qui s’offrent à elles de trouver un emploi et de gagner leur vie.Or, du fait de ces revenus limités, les femmes manquent de ressources leur permettant d’accéder à des services fondamentaux, tels que la planification familiale, qui pourraient les aider à entrer dans la vie active et à augmenter leurs revenus lorsqu’elles ont trouvé un emploi. Cette situation crée un cercle vicieux qui empêche les femmes, leurs enfants et leurs petits-enfants de sortir de la pauvreté.
Les inégalités nous empêchent de construire le monde auquel nous aspirons. Elles laissent certaines personnes à l’écart du développement, marginalisent certains groupes et individus, et déforment les relations politiques, sociales et économiques. Les inégalités entraînent un regroupement social et géographique des privilèges et du dénuement, qui se traduit par une diminution des interactions sociales entre ces groupes à l’école, au travail ou dans la vie privée, et par une mauvaise compréhension mutuelle, ce qui contribue à la montée des extrêmes dans le discours politique.
Dans toutes les régions en développement, il est plus difficile pour les femmes et les adolescentes les plus pauvres d’exercer leurs droits reproductifs et de protéger leur santé que pour celles qui sont plus aisées. Les inégalités en matière de santé sexuelle et reproductive sont parfois encore plus marquées en fonction du lieu de résidence (milieu urbain ou rural) et du niveau d’études. Généralement, les femmes peu instruites vivant en milieu rural disposent d’un accès plus limité aux services que les citadines plus éduquées, et présentent davantage de problèmes de santé reproductive.
Quand une large partie de la population ne peut protéger sa santé et exercer ses droits, chacun en subit les conséquences d’une matière ou d’une autre. Ainsi, une femme démunie qui n’a pas accès à la planification familiale, par exemple, aura peut-être plus d’enfants qu’elle ne le souhaite. Par conséquent, elle sera peut-être incapable d’entrer dans la vie active et de contribuer à la croissance économique et au développement de son pays.
Les inégalités concernant la santé et les droits sexuels et reproductifs se répercutent sur les individus, les communautés, les pays et la communauté internationale tout entière.
L’inégalité des risques liés à la reproductionAccording to the Guttmacher Institute, each year in developing countries, there are 89 million unintended pregnancies, 48 million abortions, 10 million miscarriages and 1 million stillbirths. An estimated 214 million women in developing countries have an unmet demand for family planning.
Les données recueillies dans 98 pays en développement montrent que la demande non satisfaite de planification familiale est plus importante chez les femmes pauvres, peu instruites et vivant en milieu rural que chez les citadines riches et plus éduquées. Quand les femmes pauvres des pays en développement tombent enceintes, leur accès restreint et inégal aux soins de santé reproductive et leurs besoins nutritionnels non satisfaits peuvent entraîner de graves complications chez la mère et le fœtus.
Sur les 7,3 millions de naissances dénombrées chez les adolescentes de moins de 18 ans chaque année dans les pays en développement, 1,1 million concerne des jeunes filles de moins de 15 ans. La majorité des accouchements d’adolescentes dans le monde (95 %) se produisent dans des pays en développement ; neuf fois sur dix, ces naissances ont lieu dans le cadre d’un mariage ou d’un concubinage. Le mariage d’enfants est généralement plus fréquent dans les pays en proie à une extrême pauvreté, et parmi les groupes les plus pauvres de ces pays.
Dans les pays en développement, le nombre de naissances est près de trois fois plus élevé chez les adolescentes de 15 à 19 ans vivant dans les 20 % de ménages les plus pauvres que chez celles des 20 % de ménages les plus riches. Le nombre de naissances est en moyenne deux fois plus élevé chez les adolescentes vivant en milieu rural que chez celles vivant en ville (selon un taux pour 1 000 jeunes filles).
Les variations des taux de natalité chez les adolescentes au sein d’un pays découlent en partie des inégalités d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive. Généralement, les adolescentes ont un accès plus limité à la contraception que les adolescents en raison de politiques discriminatoires, de prestataires de services moralisateurs ou d’attitudes déterminant ce qui est acceptable pour une fille.
Une grossesse peut avoir des conséquences immédiates et durables sur la santé, l’éducation et les perspectives de revenus d’une fille, et modifie souvent sa vie tout entière.
95 % des accouchements d’adolescentes dans le monde se produisent dans des pays en développement.
Liens entre les inégalités dans la santé, l’éducation et entre les sexes
Malgré les progrès accomplis en faveur de l’égalité des sexes dans l’éducation ces 30 dernières années, les filles restent plus susceptibles que les garçons de ne pas aller à l’école primaire, et encore plus de ne pas être scolarisées dans le secondaire, selon l’UNICEF et l’UNESCO. Les faibles taux de scolarisation, de fréquentation et d’achèvement résultent de nombreux facteurs sociaux, géographiques et économiques qui défavorisent les filles dans l’éducation, en particulier quand elles entrent dans l’adolescence.
Lorsqu’une fille ne va pas à l’école, elle passe à côté de connaissances et de compétences susceptibles de l’aider à pleinement s’épanouir plus tard. En outre, les filles non scolarisées peuvent se voir privées d’une éducation complète à la sexualité et des connaissances pratiques qui leur permettraient de mieux connaître leur corps et d’appréhender les rapports entre les sexes et les relations de pouvoir. À l’école, elles peuvent également acquérir des compétences en matière de communication et de négociation, sans lesquelles elles seraient encore plus défavorisées durant leur passage de l’adolescence à l’âge adulte. L’éducation complète à la sexualité est définie comme une approche basée sur les droits et axée sur l’égalité des genres, en milieu scolaire ou extrascolaire. Elle est dispensée sur plusieurs années et fournit aux jeunes des informations adaptées à leur âge et correspondant au développement de leurs capacités.
Inégalités en matière de santé sexuelle et reproductive et inégalités économiques
Les inégalités en matière de santé sexuelle et reproductive sont en corrélation avec les inégalités économiques : les femmes du quintile le plus pauvre des pays en développement sont généralement celles qui ont le moins accès aux services essentiels leur permettant d’exercer leurs droits de prévenir leur grossesse, de rester en bonne santé pendant la grossesse et d’accoucher dans de bonnes conditions.
La pauvreté prive des millions de femmes de services vitaux facilement accessibles à celles qui appartiennent aux couches économiques supérieures. Cette exclusion peut entraîner des problèmes de santé reproductive se répercutant non seulement sur la santé de la femme, mais également sur le bien-être de son foyer, sur sa communauté ainsi que sur le développement économique et social de son pays.
Les inégalités en matière de santé reproductive et les inégalités économiques peuvent donc se renforcer mutuellement et sont susceptibles d’enfermer les femmes dans un cercle vicieux de pauvreté, de capacités réduites et de potentiel inexploité. Bien que les rapports entre ces différents aspects de l’inégalité ne soient pas linéaires, la corrélation est évidente.
Ces formes croisées de l’inégalité peuvent avoir de lourdes conséquences sur les sociétés tout entières, en raison du grand nombre de femmes souffrant de problèmes de santé ou incapables de décider librement de tomber enceintes, et quand et à quelle fréquence, qui n’ont par conséquent pas la faculté d’entrer dans la vie active et de s’épanouir pleinement. Les préjudices subis peuvent s’étendre sur toute une vie et se transmettre à la génération suivante.
Rank | Country | % |
---|---|---|
1 | Somalie | 95 |
2 | Niger | 78 |
3 | Libéria | 77 |
4 | Mali | 75 |
5 | Burkina Faso | 71 |
6 | Guinée | 68 |
7 | Pakistan | 62 |
8 | Yémen | 58 |
9 | Bénin | 55 |
10 | Côte d’Ivoire | 52 |
Rank | Country | Années |
---|---|---|
1 | Somalie | 0.3 |
2 | Niger | 0.4 |
3 | Mali | 0.5 |
4 | Guinée | 0.5 |
5 | Guinée-Bissau | 0.8 |
6 | Yémen | 0.8 |
7 | République Centrafricaine | 0.8 |
8 | Burkina Faso | 0.9 |
9 | Pakistan | 1.0 |
10 | Bénin | 1.1 |
Lorsque l’on observe les caractéristiques des personnes pauvres, il est manifeste que les individus en proie à la pauvreté sont aussi ceux qui ont le plus de risques de subir d’autres formes d’inégalités.
La multiplication des inégalités
Du fait de la nature interdépendante et multidimensionnelle des inégalités — de revenus, entre les sexes, en matière de santé reproductive et dans l’éducation —, il est souvent difficile de déterminer quelles forces entrent en jeu et de quelle manière. Néanmoins, toutes ces inégalités interagissent les unes avec les autres et ont de graves répercussions à long terme sur les populations du monde entier.
Les inégalités économiques sont souvent flagrantes dans les écarts importants ou croissants en ce qui concerne l’état de santé, qui reflètent une inégalité des chances ainsi que d’accès à l’information, à des soins de qualité ou à d’autres biens publics. Ces inégalités des chances et d’accès sous-tendent les inégalités en matière de santé dans le monde entier par un accès variable aux technologies de l’information, à l’éducation sanitaire, à des soins de santé modernes et aux bénéfices du progrès de la science.
Les tentatives visant à remédier aux inégalités des chances et de résultats échoueront si elles ne s’attaquent pas aux inégalités structurelles entre les sexes que subissent depuis longtemps les femmes et les filles, qui existent dans toutes les sociétés et qui renforcent à la fois le dénuement absolu et relatif.
Les effets des inégalités de revenus s’amplifient et se reproduisent à cause des disparités entre les sexes, faisant de l’écart de pauvreté entre les sexes l’une des inégalités les plus tenaces du monde.
Les inégalités structurelles entre les sexes privent les femmes du droit de choisir de se marier ou non, et avec qui et quand, et de décider librement d’avoir des enfants, et quand et à quelle fréquence. Ce manque de choix limite les perspectives des femmes très tôt dans leur vie. Les inégalités structurelles auxquelles se heurtent les femmes et les filles engendrent des inégalités associées et aggravées qui compromettent les contributions de la moitié de la population mondiale.
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ses 17 objectifs de développement durable reposent sur les principes des droits, d’équité, d’inclusion et d’égalité. La vision globale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 met l’accent sur la notion de « prospérité partagée » et tend vers « un monde où soient universellement respectés les droits de l’homme et la dignité humaine, l’état de droit, la justice, l’égalité et la non-discrimination. [...] Un monde où règne l’égalité des chances, pour que le potentiel humain soit pleinement réalisé [...] ».
La prospérité pour tous
Les stratégies les plus prometteuses sont possiblement celles qui s’attaquent aux recoupements entre les inégalités, sur le plan individuel et au sein des sociétés et des économies – et notamment les mesures visant à assurer l’exercice des droits reproductifs et l’égalité des sexes, qui cherchent en particulier et d’urgence à atteindre les personnes appartenant aux 40 % de la population les plus pauvres, qui sont les plus exclues.
Généraliser l’accès aux soins de santé reproductive, par exemple, permet à une femme démunie non seulement d’exercer ses droits reproductifs, mais également de surmonter les inégalités en matière d’éducation et de revenus, ce qui aura des retombées à la fois sur sa vie personnelle, sur sa famille et sur l’ensemble de son pays.
Quel que soit le chemin emprunté, il est temps d’intensifier nos efforts : plus les inégalités s’enracineront, et plus il sera difficile d’y remédier. Les progrès doivent être rapides, équitables et durables. Un monde plus juste en dépend.
L’accès universel aux soins de santé reproductive peut aider les femmes à surmonter les inégalités d’éducation et de revenus.
Rapprocher des mondes à part
Rapprocher ces mondes éloignés ne sera pas facile, mais cela reste possible. Des progrès vers l’inclusion peuvent être accomplis dans les communautés les plus pauvres comme dans les pays les plus puissants. Rien ne justifie que 800 femmes meurent chaque jour en donnant la vie ; que des grossesses non désirées épuisent les ressources des familles les plus pauvres ; ou que des jeunes voient leur avenir leur échapper, car un mariage précoce les empêche de poursuivre leurs études.
La réduction de toutes les inégalités doit être l’objectif. Les points de départ peuvent différer, mais doivent reposer sur l’idée que des progrès notables accomplis dans une dimension peuvent générer de nombreux bénéfices. Ainsi, certaines des contributions les plus efficaces peuvent naître de la concrétisation de l’égalité des sexes et des droits reproductifs des femmes.
Le Programme 2030 aspire à un avenir meilleur. Un avenir dans lequel, ensemble, nous abolissons les obstacles et corrigeons les disparités, en accordant la priorité aux plus défavorisés.